Les gendarmes en "mission catamaran" aux Tuamotu


Fort du succès de cette mission expérimentale en 2015, l'opération "catamaran gendarmerie" reprend du service du 6 au 26 mars prochain.
PAPEETE, le 2 mars 2016 - Pour la deuxième année consécutive, la gendarmerie part effectuer une série de missions sur des atolls isolés à bord d'un moyen de locomotion original : un catamaran loué pour l'occasion.


Fort de son succès l'année dernière, le concept du "catamaran gendarmerie" reprend du service. Du 6 au 26 mars prochain, quatre militaires de la compagnie des Iles du Vent, de la brigade territoriale des Tuamotu-Centre (BTTC) et un gendarme de la brigade de Rangiroa mettront les voiles pour sillonner le nord et le centre des Tuamotu pendant une vingtaine de jours. Et poser le pied sur des atolls qui n'ont pas vraiment l'habitude de voir débarquer les uniformes.

La première mission du genre, en 2015, avait conduit les militaires du côté de Fakarava, Aratika, Niau, Toau, Kaukura, Apataaki et Arutua. Soixante-dix procédures et sept réunions publiques, une sur chaque atoll visité, avaient été effectuées lors de cette mission expérimentale à laquelle avait été sensibilisé l'actuel ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, en déplacement en Polynésie à l'époque.

"Cela permet de s'affranchir d'une bonne partie de la logistique et aussi de maîtriser notre temps sur place", explique le colonel Christophe Veuille, commandant en second de la gendarmerie pour la Polynésie française. L'équipage accompagnant est réduit à son strict minimum, un skipper et une hôtesse de bord. Rien à voir avec l'armada mobilisée autour de l'hélicoptère inter-armée Dauphin pour des missions équivalentes, et les dépenses que ses interventions font indirectement peser sur le budget de la gendarmerie et donc de l'Etat : "Le coût est sept fois inférieur avec le catamaran", tranche le colonel Veuille, qui précise que ce programme qui privilégie les missions "non-urgentes" n'est pas concurrentiel mais s'inscrit en complément des traditionnelles interventions par voie aérienne.

"Notre camping car des mers !"

Avec cinq gendarmes, c'est l'équivalent d'une petite brigade de gendarmerie qui va sillonner les Tuamotu à compter de dimanche prochain. Distribution de convocations en justice, notifications de jugements, auditions dans le cadre d'enquêtes en cours, la feuille de route est déjà prête. Mais des missions complémentaires de prévention et d'information auprès des populations, de collecte de renseignements et même des opérations de nomadisation à la recherche de pakalolo viendront aussi rythmer le quotidien des gendarmes sélectionnés pour cette deuxième "opération catamaran".

"C'est un peu notre camping-car des mers", sourit le colonel Veuille, qui précise toutefois que ce modèle d'intervention ne trouve sa pertinence que dans un environnement où la densité des atolls et suffisamment importante pour rendre supportables les délais de liaison inter-îles. "Si la situation l'exige, nous pouvons rester plus longtemps quelque part, ou partir plus vite". Une puissante annexe facilite par ailleurs les déplacements entre le village et les secteurs des atolls isolés visités. Les questions d'hébergement et d'intendance ne se posent plus, la dépendance aux moyens de déplacements sur place non plus, autant de temps gagné qui offre une totale liberté d'action au chef de mission. Tout en faisant faire d'utiles économies à l'Etat.

Le colonel Veuille, commandant en second de la gendarmerie pour la Polynésie française

Le colonel Veuille, commandant en second de la gendarmerie pour la Polynésie française.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mercredi 2 Mars 2016 à 18:16 | Lu 20596 fois