Les garderies se préparent aux nouveaux rythmes scolaires


Tahiti, le 13 août 2024 – Si les nouveaux rythmes scolaires sont un casse-tête pour les parents, ils le sont aussi pour les garderies. Contraintes de revoir leur capacité d'accueil et/ou de réorganiser leur mode de fonctionnement, ces dernières se disent encore dans l'inconnu à l'heure où les élèves font d'ores et déjà leur rentrée.
 
Une semaine de 24 heures et des journées ne dépassant pas 6 heures de classe afin de favoriser les apprentissages des élèves… Pourquoi pas ? L'école a toujours été en perpétuelle évolution et cette année 2024-2025 n'est qu'un nouveau chapitre d'un livre qui continue de s'écrire. Pour autant, l'annonce relativement tardive des nouveaux rythmes scolaires pour cette rentrée n'a laissé que très peu de temps aux parents pour s'organiser. Car qui dit plus de temps libre pour les enfants, dit également du temps durant lequel il faut les occuper ou les faire garder. Et à ce titre, les garderies ont également été prises de court.
 
“C'était compliqué de s'adapter”, témoigne Tunutu Liné, directrice de la garderie Kidz. “Nous avons eu les informations goutte à goutte. Concernant les rythmes scolaires, nous avons été prévenus à la fin de l'année scolaire 2023-2024, ce qui nous a laissé très peu de temps pour la réflexion. D'autant qu'au niveau des écoles privées catholiques et protestantes, ce sont encore des rythmes différents. Ce n'est pas facile de mettre de l'ordre dans tout ça. Nous sommes encore en train de voir et revoir comment est-ce que nos rotations pourront être faites. En ce qui concerne nos tarifs, on garde les mêmes que l'année dernière. Pourtant, les lundis et mardis, nous prenons les enfants plus tôt, d'une demi-heure. Les mercredis, jeudis et vendredis, nous serons sur les forfaits de 4 heures. Concernant les ramassages scolaires, rien ne change pour les écoles situées à moins d'un kilomètre de la garderie. Seules les écoles en dehors de cette zone seront facturées.”
 
Une réorganisation à venir
 
Si pour certaines garderies, ces modifications d'horaires ne changent en rien leur organisation, d'autres, en revanche, ont dû repenser leur mode de fonctionnement : “On a dû revoir nos horaires de travail”, explique Lorine Layat, responsable adjointe de la garderie Calimero. “À Papeete, certaines des grandes journées d'école sont devenues de petites journées et nous avons dû nous réadapter au niveau du personnel afin d'ouvrir la garderie sur de plus grandes plages horaires. Nous avons dû également réadapter nos tarifs en conséquence, car nous avons un personnel contraint de réaliser plus d'heures de travail. Nous avons essayé de rendre ces changements logiques et légitimes pour les familles, en restant raisonnables dans l'augmentation de ces tarifs. Mais si aujourd'hui, nous devons rester accessibles, force est de constater que nous avons été obligés de nous adapter.”
 
Une adaptation qui pourrait, dans le pire des cas, être difficile à répercuter. Pour Tunutu Liné, s'il n'est pas encore l'heure de s'inquiéter, la directrice de la garderie Kidz est consciente des enjeux à venir : “Pour le moment, nous enregistrons une baisse des inscriptions pour l'année à venir. Ce n'est pas une inquiétude qu'il y ait moins d'enfants, mais il faudra que l'on se réadapte au besoin. Notamment au niveau du personnel, est-ce qu'il faudra que je réduise mes effectifs ou les horaires de mon personnel ? Pour l'instant, je ne sais pas, j'attends de voir d'ici septembre comment les choses évoluent.”
 
Les parents encore indécis
 
Car si beaucoup voyaient déjà les garderies s'en mettre plein les poches à l'annonce de ces nouveaux rythmes scolaires, la réalité semble tout autre : “Beaucoup de personnes ont pensé que ces nouveaux rythmes scolaires allaient être bénéfiques pour les garderies mais pour l'instant, ce n'est pas le cas”, assure la directrice de la garderie Kidz. “Au niveau des inscriptions, cette année, nous en avons eu moins pour le moment. Nous pensons que beaucoup de parents sont dans l'attente de voir comment ces premières semaines d'école vont se passer concrètement : certaines écoles pourraient proposer des activités au sein de leur établissement, notamment les jeudis qui sont devenus des petites journées pour les écoles de Papeete. Les parents se laissent du temps pour décider s'ils enverront leurs enfants en garderie ou pas, et surtout ils s'organisent différemment cette année.” Une analyse partagée par la garderie Calimero : “C'est plutôt pour les parents que ces changements ont des conséquences contraignantes. Je pense notamment au fait qu’au centre-ville, désormais, l'école commence à 8 heures, donc certains parents seront obligés en quelque sorte de déposer leurs enfants à la garderie le matin alors que ce n'était pas forcément nécessaire avant. Je pense que ces nouveaux rythmes scolaires vont créer de nouveaux besoins et il faudra agir en conséquence.”
 
Du côté des parents, on grince forcément des dents. Les plannings étant difficilement ajustables pour de nombreuses professions, les garderies semblent, de fait, être tout indiquées... quand les familles en ont les moyens ! Hélas, si d'ordinaire il était déjà difficile pour certaines d'entre elles de joindre les deux bouts, ces nouveaux horaires et ces temps libres à combler représentent le coup de grâce. Selon les garderies, certaines familles ont dû revoir avec leurs supérieurs hiérarchiques la répartition de leurs heures de travail afin de limiter le temps passé par leurs enfants en garderie. Car si la revalorisation salariale semble être également une autre solution, difficile d'imaginer toutes les structures, publiques et privées, jouer le jeu.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 13 Aout 2024 à 16:36 | Lu 1148 fois