Les "fare" flottants exclus du banc de sable de Taapuna


PAPEETE, 4 juillet 2014 – C’est de la bouche du directeur de cabinet du ministre de l’Equipement, Heifara Garbet, qu’est venue la mauvaise nouvelle, vendredi matin : les "fare" flottants ne sont plus admis à exploiter leur activité commerciale sur le banc de sable de Taapuna, à Punaauia.

Coup de théâtre alors que jusqu’en milieu de semaine la réglementation en cours d’élaboration, depuis l’interdiction provisoire d’exploiter mi juin, prévoyait que leur nombre soit limité à la présence simultanée de quatre pirogues de loisir.

Le ponton de Orohiti est également interdit aux pirogues de loisir qui devront dorénavant embarquer leurs clients à Vaitupa, Faa'a.

Les propriétaires de "fare" flottants ont été reçus au ministère de l’Equipement ce vendredi après-midi pour que leur soit expliquée cette décision et proposées de nouvelles zones de mouillage dans le secteur. Plusieurs craignent cependant pour la pérennité de leur entreprise. On estime à 45 le nombre d'emplois directs créés par cette activité lagonaire.

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Tamatea Shan : "On a pris le coup de massue ce matin, c’est très dur"

Exploitant de pirogue, Tamatea Shan est interrogé à la sortie de la rencontre entre les représentants du gouvernement, du Port Autonone et des propriétaires de pirogues de loisir, vendredi vers 17 h 30 au ministère de l'Equipement.

L’accès au banc de sable vous est retiré, que vous a-t-on proposé en échange ?

Tamatea Shan : En fait on nous a proposé les zones P11, P12 et P13, déjà identifiées. On nous propose aussi de déterminer des zones que nous estimons valables.

Où souhaiteriez-vous vous installer ?

Tamatea Shan : Dans les zones P8 et P9 qui sont en face du Mc Do de Punaauia, à l’abri du vent. On demande aussi l’aménagement d’un quai à Vaitupa.
Là, on était parti sur 6 à 7 emplacements sur la zone P10 (banc de sable de Taapuna). En début de semaine cela avait été réduit à 5 voire 4. Et là on nous coupe tout : on est à zéro. On a pris le coup de massue ce matin, c’est très dur. On espère que cela pourra s’arranger ; que le gouvernement sera en mesure de nous donner quelques explications plausibles : pourquoi nous interdit-on l’accès ? Cela peut-il évoluer à terme ? Pourra-t-on y retourner ?


Vous ignorez pourquoi on vous interdit le banc de sable ?

Tamatea Shan : On nous a juste dit qu’il s’agissait de rendre cette zone au public. Mais le samedi, vous pouvez y aller pour constater, elle n’est pas fréquentée du tout. C’est un peu une fausse excuse. J’habite en face. Le dimanche il y a quelques bateaux mais avant l’ère Teiki-Pambrun-Pirogues il n’y avait pratiquement personne. Juste ceux qui habitent Punaauia.

Sur les zones que vous proposez, pensez-vous qu’il y aura de la place pour tout le monde ?

Tamatea Shan : Je ne sais pas combien de pirogues vont être autorisées sur ces zones-là. Mais ceux qui viennent de la ville préfèreront peut-être rester sur Faa’a directement. Cela dépendra de la clientèle.

Quand devez-vous revoir les représentants du ministère à nouveau ?

Tamatea Shan : En début de semaine prochaine, lundi ou mardi. (…) On est en début de saison haute, c’est sûr que pour relancer l’activité ça va être dur.

Compte tenu de l’avancement des discussions, vous a-t-on donné une date de reprise possible de l’activité ?

Tamatea Shan : Une date officielle pour les zones accessibles a été présentée pour la fin de semaine prochaine ; mais on nous dit ça depuis maintenant deux semaines. On est prudent sur ce point-là.

Vous avez demandé aux autorités de prendre attache avec les banques pour permettre un rééchelonnement de vos emprunts. Où en est ce dossier ?

Tamatea Shan : Les courriers sont apparemment prêts. Je ne sais pas s’ils ont été adressés. Mais je doute que tout cela change quoi que ce soit.

Votre manque à gagner est important ?

Tamatea Shan : Nous n’avons eu aucune activité depuis l’interdiction et aucune réservation à ce jour. Le temps de relancer la machine, on risque d’être en août voire septembre et d'avoir perdu deux à trois mois. On nous parle de pérenniser l’activité ; mais le souci c’est que cela risque de se traduire par des fermetures à court ou moyen termes. (…) Certains étaient déjà en difficultés. L’avenir nous dira.

> Voir ici le zonage du lagon évoqué dans l'interview.

Rédigé par JPV le Vendredi 4 Juillet 2014 à 17:57 | Lu 4506 fois