Les enfants du Levant : opéra historique avec les élèves du conservatoire


PAPEETE, le 7 mai 2015 - 80 artistes, enfants et adultes, se réunissent les 15 et 16 mai au Grand théâtre pour un grand opéra familial comme on en voit peu en Polynésie. Du théâtre, du chant et de la musique seront au rendez-vous. Le thème : un évènement historique, difficile mais émouvant, quand des enfants ont été internés dans des camps de travail…

L'opéra préparé par le conservatoire artistique de la Polynésie française et coproduit par la Maison de la culture est une organisation ambitieuse. 50 acteurs (dont 40 enfants), 14 musiciens, 17 choristes, une centaine de costumes d'époques, des décors pour représenter 30 univers différents… Le tout pour un spectacle familial de deux heures, qui sera joué au Grand théâtre ces vendredi 15 et samedi 16 mai à 19h30. "Cet opéra va demander des prouesses techniques à nos musiciens" nous vend Vaiana Giraud (TFTN). "Il y a des décors, mais aussi des écrans géants où seront projetées les ambiances…"

Ce spectacle alliant opéra et théâtre raconte l'histoire vraie d'enfants délinquants envoyés en "rééducation" sur une île du sud de la France sous Napoléon III. Les conditions de vie dans la colonie de Sainte-Anne du Levant étaient tellement difficiles que les enfants ont fini par se révolter, avec l'aide de certains adultes de l'île. Il a été écrit en 2003, à destination des adolescents, et a été joué de nombreuses fois en métropole. L'opéra a un message fort sur les droits des enfants.

Une belle histoire pour toute la famille

"Quand les parents viennent voir les répétitions, ils sont vraiment très émus. L'histoire a été un peu adoucie pour qu'elle puisse être tout publique, disons dès 7 ou 8 ans. C'est vrai qu'elle est triste, mais nous avons trouvé des respirations" explique Christine Bennett, qui s'occupe des cours d'art dramatique du conservatoire et a réalisé l'opéra. "Pour les enfants, le plus dur ça a été le travail émotionnel, entrer dans la peau de ces enfants qui n'avaient rien, ni parents, ni argent, la maltraitance… Mais malgré tout la camaraderie, les petites échappées, et à la fin le grand soulagement."

La musique sera jouée par un orchestre créé pour l'occasion et chanté par les choristes de l'établissement. "Elle est un peu moderne, et emprunte beaucoup aux musiques de film. Et les chants sont très faciles à comprendre" assure le chef d'orchestre Guillaume Dor.

En pratique

Où : au Grand théâtre de la Maison de la culture
Quand : les vendredi 15 et samedi 16 mai à 19h30
Combien : 1500 Fcfp tarif unique, billets à acheter à la billetterie de la Maison de la culture (800 places par soirée)

Extrait de la première scène

John Mairai joue l'aumonier de l'île, qui est aussi le narrateur
"Le narrateur :

Le cinq août 1850, une loi visant à régler les principes de détention des mineurs est votée. Désormais tous les enfants abandonnés, orphelins et petits délinquants seront envoyés dans des colonies agricoles pénitentiaires jusqu’à l’âge de seize, dix-huit ou vingt ans selon la gravité des faits qui leur sont reprochés. Considérant avec intérêt les 75 centimes alloués par l’état par jour et par enfant de nombreux prétendants aux objectifs humanitaires et philanthropiques souvent douteux vont sans attendre solliciter auprès du gouvernement la création d’une colonie sur leurs propres terres.

C’est ainsi qu’au matin du 10 février 1861, un convoi d’une soixantaine d’enfants quitte la prison de la Roquette à Paris. Les plus âgés ont quinze ans, le plus jeune, six ans et demi. Marchant de l’aube au crépuscule, ils vont durant plusieurs semaines parcourir une trentaine de kilomètres par jour en direction du sud de la France.

Le comte de Pourtalès, propriétaire de l’Ile du Levant, persuadé que la vie au grand air et l’éloignement de la ville seraient des moyens de redressement efficaces, pensait qu’il réussirait à aider et sauver ces pauvres enfants de la misère en leur offrant une solide éducation et un bon métier; malheureusement la colonie de Sainte-Anne du Levant connut un tout autre destin."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 7 Mai 2015 à 15:53 | Lu 1051 fois