Les élus marquisiens interpellent les trois sénateurs en visite au fenua


Félix Barsinas, président de la Codim.
PAPEETE, le 3 mars 2017 - La délégation des sénateurs actuellement présente en Polynésie devait se rendre dans l'archipel des Marquises le 27 février. La visite a été annulée pour des raisons budgétaires. Cette décision passe mal auprès des élus de la Communauté de communes des îles Marquises.

Déçus et quelque peu en colère. Les élus de la communauté de communes des îles Marquises (Codim) regrettent que la délégation sénatoriale de la commission des lois ne soit pas venus jusqu'à eux. En visite au fenua jusqu'au 8 mars, ils ont pour mission de faire un état des lieux du fonctionnement de la justice en Polynésie française. Au départ, leur programme prévoyait un passage sur l'île de Ua Pou, dans l'archipel des Marquises le lundi 27 février.

Dans un courrier daté du 10 février, la sénatrice Lana Tetuanui annonçait au maire, Joseph Kaiha, que cette visite était annulée "en considération des contraintes budgétaires".

Dans une lettre ouverte publiée le 2 mars et signée de la main de Felix Barsinas, président de la Codim et maire de Tahuata, les élus ont fait part de leur regret. Ils ont souhaité interpeller les parlementaires: "Derrière la carte postale se cache pourtant une réalité moins réjouissante qu'il aurait été utile pour votre délégation de constater in situ, loin des sentiers balisés par le programme qui vous a été préparé. Vous auriez pu ainsi constater que les prix sont beaucoup plus élevés aux Marquises qu'à Tahiti, alors que le revenu moyen de la population y est beaucoup plus faible."

Le maire de Tahuata dénonce un i["déficit d'égalité réelle avec Papeete [qui] résulte de l'enclavement de notre archipel, dès lors que la quasi-totalité des politiques de développement du Pays est concentrée sur l'île de Tahiti."]i Il rappelle que c'est la raison pour laquelle la Codim a été créée.

Plus loin, Félix Barsinas, après avoir fait état du plan de développement économique des Marquises établi par la Codim, attire l'attention des parlementaires sur les compétences de la communauté de communes. Ses élus souhaitent en effet redéfinir les compétences mais le Pays s'y oppose. Le président continue : "Ces relents jacobins ne sont pas acceptables et témoignent d'un paradoxe institutionnel. En effet, si la Polynésie française est la collectivité territoriale la plus décentralisée de la République (hormis le cas spécifique de la Nouvelle-Calédonie), elle est au plan interne la plus centralisée. En l'état de la législation du Pays, la Codim est une coquille vide incapable d'agir et cantonnée à des études qu'elle a déjà réalisées. "

Le président de la Codim s'appuie notamment sur le rapport de la chambre territoriale des comptes publié cette semaine. Dans son observation, la CTC invite les élus de la Codim à redéfinir leurs compétences. Pour débloquer cette situation, le président, reprenant des articles de la constitution, présente quelques modifications qui pourraient débloquer la situation.

Les élus de la Codim espèrent que les sénateurs tiendront compte de leurs revendications dans leur rapport.

Rédigé par Amelie David le Vendredi 3 Mars 2017 à 15:13 | Lu 3328 fois