Les élus de Rangiroa favorables au projet d'extraction à Makatea


Les sites miniers de Makatea ont fermé en 1966, il y a 50 ans. En 58 ans, 11,2 millions de tonnes avaient ainsi été extraits. Julien Mai prépare une exposition pour retracer l'histoire de Makatea.
MAKATEA, le 21 septembre 2016. Le conseil municipal de Rangiroa, dont dépend Makatea, a profité de la visite du président du Pays pour adopter un vœu en faveur de l'exploitation secondaire du minerai de phosphate et de la réhabilitation de l'île de Makatea.

Le conseil municipal de Rangiroa a pris une délibération lundi en faveur de l'exploitation secondaire du minerai de phosphate et de la réhabilitation de l'île de Makatea. Les élus souhaitent que le gouvernement donne son feu vert au projet.

Cette décision a été prise lundi lors de la visite du président Edouard Fritch, officiellement sur l'atoll pour l'inauguration des routes nouvellement bétonnées à Avatoru et pour ouvrir les festivités culturelles de la sixième édition du Farerei Haga. Les élus ont profité de la présence du président du Pays pour faire passer leur message. "Le président a affirmé son soutien. Il entend y apporter une attention particulière, tout en demandant au promoteur de respecter les droits des propriétaires fonciers", indiquait lundi un communiqué de la présidence.

Colin Randall, P-dg de la Société Avenir Makatea, promoteur du projet d’extraction des phosphates à Makatea, était aussi présent à Rangiroa en début de semaine. Il s'est entretenu avec Edouard Fritch et le maire délégué de Makatea, Julien Mai.

Des campagnes de prélèvements sur divers points de l'ancien site de la mine de phosphate ont été réalisés par la société SAS Avenir Makatea en août 2014, puis en avril/mai 2015 sur une partie de l'ancienne exploitation.
En mai dernier, Teva Rohfritsch précisait devant l'assemblée que 161 échantillons ont été prélevés. "L'analyse de ces échantillons a permis de révéler que du phosphate résiduel sous forme de sable et gravier, mais surtout sous forme solide reste en grande quantité sur l'île" indiquait-il. Ces prospections effectuées, la société Avenir Makatea a estimé le gisement de phosphate à plus de 3 millions de tonnes ce qui pourrait "alimenter une exploitation sur une durée de 16 ans".

"DE L'EMPLOI POUR LES JEUNES"
Le projet d’extraction actuel représente, pour le conseil de Rangiroa, "une véritable chance qui va permettre de réhabiliter cette île".
Le maire délégué de Makatea, Julien Mai, met en avant deux arguments principaux pour soutenir ce projet. Pour lui, "il faut passer par cette deuxième extraction pour obtenir la réhabilitation de Makatea" (lire les explications ci-contre).
Le tavana compte aussi sur ce projet pour "créer de l'emploi pour les jeunes de Makatea (mine, élagage…)".
Selon le maire, sur les 110 hectares qui ont été exploités, "68 seront réhabilités". "La partie sud ne sera pas touchée pour préserver l'environnement", ajoute-t-il. Mais cette disposition ne suffit pas à rassurer les protecteurs de l'environnement. Pour Sylvanna Nordmann, présidente de l'association Te Fatu fenua no Makatea, cette réhabilitation est du "pipo". "Ce projet aura nécessairement un impact sur l'environnement naturel et aussi social."
On a recensé sur l'île une faune et une flore plus riches que partout ailleurs dans l’archipel des Tuamotu. Des espèces endémiques y vivent aussi. L'île est ainsi une zone de nidification des rupe (espèce protégée).

La zone du mont Putiare sera aussi laissée telle quelle. Julien Mai aimerait pouvoir présenter cette zone au patrimoine mondial de l'Unesco.
Colin Randall a déposé auprès de la Direction des ressources marines et minières une demande de concession d’exploitation minière sur l’île de Makatea. Le comité des mines examinera et donnera un avis. Mais c'est le conseil des ministres qui donnera en dernier ressort son feu vert. Un communiqué de la présidence indiquait ce mercredi : "Pour le Pays, il est important d’obtenir préalablement une large acception du projet par la population et les propriétaires de l’île. L’étude économique du projet devra confirmer les retombées annoncées. L’étude d’impact sur l’environnement sera examinée de près et devra présenter toutes les mesures qui seront mises en œuvre pour préserver l’environnement, les espèces animales et végétales ainsi que les opérations de réhabilitation des terres".
Le Pays travaille également sur la rénovation du code minier.




Julien Mai, maire délégué de Makatea

Comment va se dérouler la réhabilitation ?
"La couche de phosphate se trouve entre cinq et six mètres de profondeur. Il y a des trous qui descendent plus bas. Ce sera d'abord remblayé dans un premier temps jusqu'à hauteur de la couche de phosphate qu'ils ont besoin de récupérer.
Tous les pics seront remblayés dans un premier temps.
La deuxième étrape c'est de déboiser tout ce qu'il y a sur la zone. Cela va probablement se faire hectare par hectare et tout ce déboisement va servir à faire du compost. Sous cette couche d'arbres, vous avez des feo calcaire dolomitisés, qui sont restés exposés au soleil depuis des milliers d'années. Cette couche en principe sera retirée pour en faire de l'agrégat pour faire des infrastructures. Ensuite il y a une couche calcaire qui sera plus ou moins broyée; tout cela sera mélangé. Une fois que la partie phosphate roc sera retirée, Il y aura un premier remblai qui sera installé. Ce sera un mélange de feo et de calcaire. La deuxième couche sera une couche de calcaire. Tout au-dessus, ils feront un nouveau sol. C'est celui-là qui sera fait en compost pour faire un nouveau sol plat."

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 21 Septembre 2016 à 15:18 | Lu 2406 fois