MAPUTO, 29 avr 2013 (AFP) - Le Mozambique abritait environ 15.000 éléphants il y a cinq ans. Mais ils pourraient disparaître dans les dix ans si aucune mesure sérieuse n'est prise pour combattre les braconniers, préviennent des défenseurs de l'environnement qui estiment que l'Afrique du Sud voisine pourrait être touchée ensuite.
Un comptage aérien effectué en 2011 a dénombré 2.667 carcasses dans la réserve de Niassa, à la frontière tanzanienne dans l'extrême nord du pays. Des animaux tués dans les deux années précédentes.
Les braconniers en tuent environ 1.000 par an, selon les estimations. "Il y a davantage d'éléphants tués que de naissances", se désole Carlos Lopes Pereira, consultant pour l'ONG Wildlife Conservation Society (WCS).
"Si on continue à ce rythme, il se pourrait que nous n'ayons plus d'éléphants dans huit ans", estime cet expert.
Le Mozambique, dévasté par une guerre civile qui a pris fin en 1992, reste l'un des pays les plus pauvres d'Afrique malgré la découverte récente d'énormes réserves de gaz et de charbon. Le budget de l'Etat ne suffit pas pour répondre aux besoins de base de la population, et la protection de la nature n'est en rien une priorité.
Les rangers dans les parcs sont peu nombreux et mal armés de fusils à réarmement manuel datant de la Seconde Guerre mondiale, face à des braconniers équipés d'armes puissantes et récentes et de véhicules qui permettent des chasses à grande échelle.
"Ils sont capables de tuer plusieurs animaux en même temps", constate M. Lopes Pereira. Les braconniers, qui connaissent les moeurs des éléphants, tuent d'abord la matriarche de la horde. Privés de leur guide, les autres animaux s'affolent et tournent sur place, permettant aux chasseurs d'en abattre jusqu'à cinq ou six au même endroit.
Et les conservateurs des parcs voient la mortalité augmenter parmi les jeunes éléphants orphelins, victimes notamment d'attaques de lions.
Les autorités mozambicaines affirment que les tueurs viennent de la corne de l'Afrique, suivant en cela une tradition très ancienne: "Historiquement, les braconniers descendent de Somalie, en passant par le Kenya", explique Francisco Pariela, directeur national de la protection de la nature. Ils recrutent et paient des Mozambicains pour les informer des mouvements des troupeaux: "Des fonctionnaires de l'Etat sont impliqués, de même que des habitants de la zone."
La Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES) a relevé dans un rapport publié au début de l'année que "le continent africain n'a jamais connu autant de braconnage d'éléphants". Elle estime que près de 25.000 pachydermes ont été tués pour leurs défenses pendant la seule année 2011.
Le trafic de l'ivoire a doublé depuis 2007 et a plus que triplé au cours des quinze dernières années. Il alimente principalement l'Asie et le Moyen-Orient, où les défenses sont sculptées ou réduites en poudre pour la médecine traditionnelle.
Et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et des groupes de défense de l'environnement constatent que les pachydermes du sud et de l'est du continent, qui était jusqu'à présent relativement épargnés, sont maintenant menacés.
Le Mozambique est particulièrement vulnérable. Le braconnage y est considéré comme un simple délit. "Nous pouvons seulement donner des amendes aux gens, et pas les mettre en prison", regrette M. Pariela.
"Nous en avons arrêté beaucoup, mais les braconniers ne craignent rien. Ils paient une amende et s'en vont libres."
"Le gouvernement ne prend pas au sérieux ce problème du braconnage. Il est incapable de prendre des mesures fermes", accuse Carlos Serra, le directeur du lobby Centro Vivo Terro.
En outre, les policiers ne sont pas tous innocents. "Certaines des armes utilisées (par les braconniers) appartiennent à la police. Tout le monde le sait", selon lui.
Le Mozambique a été montré du doigt pour son piètre bilan en matière de protection de la faune. En 2012, le Fonds mondial pour la nature (WWF) l'a placé avec le Laos et le Vietnam parmi les pays qui font le moins d'efforts pour contrôler le commerce illégal de parties animales.
Son rôle de plaque tournante du trafic a émergé récemment, les braconniers descendant vers le sud après avoir quasiment vidé de ses éléphants l'Afrique centrale et occidentale.
Lopes Pereira craint que les braconniers ne se tournent ensuite vers le célèbre parc national Kruger, en Afrique du Sud. Cette vaste réserve frontalière du Mozambique --où ce sont actuellement les rhinocéros qui sont massacrés, pour leurs cornes-- abrite quelque 12.000 éléphants.
"Le commerce de l'ivoire est complètement hors de contrôle. Le braconnage pour l'ivoire s'aggrave de jour en jour et aura une incidence sur l'Afrique du Sud, s'il n'est pas arrêté au Mozambique", avertit-il.
Un comptage aérien effectué en 2011 a dénombré 2.667 carcasses dans la réserve de Niassa, à la frontière tanzanienne dans l'extrême nord du pays. Des animaux tués dans les deux années précédentes.
Les braconniers en tuent environ 1.000 par an, selon les estimations. "Il y a davantage d'éléphants tués que de naissances", se désole Carlos Lopes Pereira, consultant pour l'ONG Wildlife Conservation Society (WCS).
"Si on continue à ce rythme, il se pourrait que nous n'ayons plus d'éléphants dans huit ans", estime cet expert.
Le Mozambique, dévasté par une guerre civile qui a pris fin en 1992, reste l'un des pays les plus pauvres d'Afrique malgré la découverte récente d'énormes réserves de gaz et de charbon. Le budget de l'Etat ne suffit pas pour répondre aux besoins de base de la population, et la protection de la nature n'est en rien une priorité.
Les rangers dans les parcs sont peu nombreux et mal armés de fusils à réarmement manuel datant de la Seconde Guerre mondiale, face à des braconniers équipés d'armes puissantes et récentes et de véhicules qui permettent des chasses à grande échelle.
"Ils sont capables de tuer plusieurs animaux en même temps", constate M. Lopes Pereira. Les braconniers, qui connaissent les moeurs des éléphants, tuent d'abord la matriarche de la horde. Privés de leur guide, les autres animaux s'affolent et tournent sur place, permettant aux chasseurs d'en abattre jusqu'à cinq ou six au même endroit.
Et les conservateurs des parcs voient la mortalité augmenter parmi les jeunes éléphants orphelins, victimes notamment d'attaques de lions.
Les autorités mozambicaines affirment que les tueurs viennent de la corne de l'Afrique, suivant en cela une tradition très ancienne: "Historiquement, les braconniers descendent de Somalie, en passant par le Kenya", explique Francisco Pariela, directeur national de la protection de la nature. Ils recrutent et paient des Mozambicains pour les informer des mouvements des troupeaux: "Des fonctionnaires de l'Etat sont impliqués, de même que des habitants de la zone."
La Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction (CITES) a relevé dans un rapport publié au début de l'année que "le continent africain n'a jamais connu autant de braconnage d'éléphants". Elle estime que près de 25.000 pachydermes ont été tués pour leurs défenses pendant la seule année 2011.
Le trafic de l'ivoire a doublé depuis 2007 et a plus que triplé au cours des quinze dernières années. Il alimente principalement l'Asie et le Moyen-Orient, où les défenses sont sculptées ou réduites en poudre pour la médecine traditionnelle.
Et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et des groupes de défense de l'environnement constatent que les pachydermes du sud et de l'est du continent, qui était jusqu'à présent relativement épargnés, sont maintenant menacés.
Le Mozambique est particulièrement vulnérable. Le braconnage y est considéré comme un simple délit. "Nous pouvons seulement donner des amendes aux gens, et pas les mettre en prison", regrette M. Pariela.
"Nous en avons arrêté beaucoup, mais les braconniers ne craignent rien. Ils paient une amende et s'en vont libres."
"Le gouvernement ne prend pas au sérieux ce problème du braconnage. Il est incapable de prendre des mesures fermes", accuse Carlos Serra, le directeur du lobby Centro Vivo Terro.
En outre, les policiers ne sont pas tous innocents. "Certaines des armes utilisées (par les braconniers) appartiennent à la police. Tout le monde le sait", selon lui.
Le Mozambique a été montré du doigt pour son piètre bilan en matière de protection de la faune. En 2012, le Fonds mondial pour la nature (WWF) l'a placé avec le Laos et le Vietnam parmi les pays qui font le moins d'efforts pour contrôler le commerce illégal de parties animales.
Son rôle de plaque tournante du trafic a émergé récemment, les braconniers descendant vers le sud après avoir quasiment vidé de ses éléphants l'Afrique centrale et occidentale.
Lopes Pereira craint que les braconniers ne se tournent ensuite vers le célèbre parc national Kruger, en Afrique du Sud. Cette vaste réserve frontalière du Mozambique --où ce sont actuellement les rhinocéros qui sont massacrés, pour leurs cornes-- abrite quelque 12.000 éléphants.
"Le commerce de l'ivoire est complètement hors de contrôle. Le braconnage pour l'ivoire s'aggrave de jour en jour et aura une incidence sur l'Afrique du Sud, s'il n'est pas arrêté au Mozambique", avertit-il.