Les électeurs de Papara devront repasser dans les isoloirs


La salle du conseil municipal de la mairie de Papara. De nouvelles élections municipales seront organisées prochainement qui pourraient bouleverser complètement le rapport des forces politiques de la commune.
PAPARA, le 28 juillet 2015. Ce lundi, la décision du Conseil d'Etat au sujet des élections municipales de mars 2014 à Papara, ne paraissait pas très claire. Finalement, les électeurs devront effectivement repasser par les bureaux de vote dans les prochains mois. Mais les principaux protagonistes de la campagne de 2014 sont hors-jeu.

L'annulation des élections municipales de mars 2014 à Papara est confirmée par la décision rendue lundi par le Conseil d'Etat. Après 24 heures d'interrogations et d'interprétations contradictoires, le Haut commissariat a indiqué que les électeurs de cette commune de la côte Ouest seront de nouveau convoqués devant les urnes. "C'était une décision attendue même si dans sa rédaction elle a prêté à confusion" commente l'ex maire Bruno Sandras. C'est lui qui, le 30 mars 2014 avait remporté, comme tête de liste, ces élections municipales au second tour, à l'issue d'une quadrangulaire serrée où il ne l'emportait que de 178 voix.

Dès juillet 2014, ces élections municipales à Papara avaient été annulées par le tribunal administratif de Papeete à l'issue d'un recours déposé par le candidat arrivé en seconde position. Le Conseil d'Etat vient de confirmer cette annulation en invoquant les mêmes motifs: "il considère que la diffusion d'un reportage sur la télévision a été de nature à vicier le comportement des électeurs. Pareil pour un article paru dans la presse écrite, mais je ne décide pas du programme de diffusion de la télévision et je n'ai pas obligé les journaux à faire paraître cet article alors que les journalistes connaissent les règles qui régissent les élections… Au final, tout ça me retombe dessus et il faut que les électeurs retournent aux urnes" explique encore Bruno Sandras qui ne pourra pas mener, en son nom cette nouvelle bataille politique en raison de l'inéligibilité qui le frappe jusqu'en juillet 2017 (voir en encadré).

Ironie du sort, la même mise à l'écart dans cette future bataille politique à Papara, frappe le principal challenger de Bruno Sandras à savoir Clément Le Gayic qui avait formulé le recours en annulation des élections ! Le leader de la liste Papara To'u Fenua a été déclaré inéligible pour un an, en octobre 2014, pour ne pas fait valider ses comptes de campagne par un expert comptable. Une décision confirmée de nouveau par le Conseil d'Etat lundi. Sans la participation directe des leaders politiques de la commune, on pourrait penser que le bras-de-fer des seconds couteaux sera moins savoureux que lors de la prochaine campagne électorale à Papara. Mais visiblement il n'en sera rien…

Bruno Sandras.
Bruno Sandras : " je serai un spectateur attentif"

Elu tavana de Papara en 2001, puis de nouveau en 2008. Réélu en mars 2014, avec à peine 180 voix d'écart sur son premier poursuivant, Bruno Sandras ne participera pas à cette prochaine campagne électorale municipale, dans la ville qu'il a dirigée durant deux mandats consécutifs. Coincé par une condamnation à trois ans d'inéligibilité en juillet 2014, dans l'affaire des emplois fictifs, Bruno Sandras ne retrouvera une véritable action politique que lors des élections municipales de 2020, à moins qu'il ne soit tenté, en 2018, par les territoriales.

Toutefois, c'est dans sa commune de Papara que Bruno Sandras se sent le plus en phase avec son action politique et c'est la première fois en 15 ans qu'il ne sera pas engagé directement et personnellement dans la campagne électorale qui s'ouvrira dans les prochains mois. Il admet néanmoins qu'il assistera à ces élections "comme un spectateur attentif. Je vais accompagner la liste de Christelle Lehartel, "ma liste", durant la campagne. Je prendrai sans doute la parole pendant les élections mais en étant attentif à ne pas fausser le jeu, je ne suis pas là pour ça. J'espère seulement que les choses se passent sereinement".

Accompagner Christelle Lehartel, qui fut sa première adjointe depuis 2001 et a repris les rênes de la mairie de Papara depuis son inéligibilité est donc naturel. "Je vais donner un coup de main" répète encore l'ex tavana, car c'est lui le véritable leader politique de la liste Papara Ai'a No Te Hau qui avait remporté les élections de mars 2014.

Clément Le Gayic.
Clément Le Gayic : "nous avons déjà fait alliance avec le Tahoera'a"

S'il a raté le fauteuil de tavana en mars 2014 de 178 voix à peine, Clément Le Gayic a bien retenu la leçon politique de cette campagne électorale infructeuse. "On a perdu la mairie car nous sommes partis divisés. La division a profité à Bruno Sandras". Car si la liste Papara Ai'a No Te Hau de l'ex tavana avait conquis 22 des 33 sièges du Conseil municipal de Papara, le rapport des forces à la sortie des urnes indiquait que l'addition des voix des listes, arrivées en seconde et en troisième position le 30 mars 2014, faisait un score quasi double de celui du maire sortant.

Aussi depuis l'élection de mars 2014 et alors que des recours en annulation étaient déposés, le travail de ces deux listes rivales a été de se rapprocher. L'alliance a été finalement conclue en février 2015. Depuis cette date, Clément Le Gayic est le président de la fédération Tahoera'a de Papara et la future liste en course pour les municipales dans la commune sera le reflet de cette alliance. La liste sera ainsi nommée Papara To'u Fenua –comme celle de Clément Le Gayic en mars 2014- mais avec le logo du parti orange.

"On s'est préparé depuis longtemps à cette éventualité de nouvelles élections, on est prêt. Même si je ne peux pas me présenter, je participerai à la campagne. Je suis inéligible mais je n'ai pas perdu mes droits civiques, je serai là en tant que citoyen et militant" précise encore Clément Le Gayic. Le nom de la tête de liste n'est pas encore connu : ce sera l'objet d'une réunion organisée jeudi soir à Papara.

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 28 Juillet 2015 à 16:19 | Lu 1051 fois