Les détails du projet Mahana Beach vu par les investisseurs du Group 70


Francis Oda, dirigeant de Group 70
PAPEETE, le 2 avril 2014 – Francis Oda a tenu ce matin une conférence de presse avec cinq des investisseurs polynésiens qui sont rentrés dans le consortium d'investisseurs mené par le Group 70, candidats à la réalisation du projet Mahana Beach.

Car la date limite pour déposer un dossier en réponse à l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) était le mardi 31 mars. Le Group 70 et ses architectes menés par Francis Oda était déjà lauréat du design du projet, et il présente maintenant au public son projet d'investissement. Les investisseurs français, mexicains, chinois et polynésiens rassemblés avec eux se seraient engagés sur 3,3 milliards de dollars, pour un projet qui devrait normalement en coûter 3 milliards (330 milliards Fcfp)… Un coût en augmentation puisqu'il ferait désormais 4246 clés, au lieu des 3127 annoncées au départ.

L'exercice de séduction du public polynésien a vanté les mérites du projet hawaiien. Selon Francis Oda, ses priorités sont l'inclusion des investisseurs locaux et des communautés, le respect de la culture polynésienne, la création d'emplois et d'entreprises locales, et d'avoir un projet exemplaire en termes d'environnement et de développement durable.

Les investisserus locaux présents autour de Francis Oda et Jean-Michel Gros
Le rôle des investisseurs locaux

Francis Oda assure donc que d'inclure des investisseurs et entreprises locaux est un des objectifs principaux de son projet : "Ce sont des leaders dans leurs domaines, et mieux encore ils vont maintenir une partie de l'argent généré par le complexe ici, à Tahiti. Nous avons également organisé le projet de façon à utiliser des entrepreneurs et des emplois locaux." À terme, une partie importante du complexe pourrait appartenir à des Polynésiens : des infrastructures, le centre commercial dans les hauteurs, le centre de "remise en forme et spa", une grande partie des "condos" à louer aux touristes… Ainsi que les nombreux magasins et restaurants de la promenade.

Plusieurs entreprises locales étaient d'ailleurs présentes à la conférence de presse pour expliquer leur vision de leur participation au projet. Par exemple Cofely Polynésie (groupe GDF-Suez) serait chargé de réaliser le SWAC (refroidissement par eau de mer profonde). L'idée est que le groupe local mette l'argent nécessaire au SWAC, le construise puis fournisse un service de refroidissement à tous les bâtiments du complexe (qui auront chacun un propriétaire différent). François Pierson, un cadre du groupe, explique que "l'intérêt pour un complexe de ce type est de mettre en place des infrastructures de développement durable, et l'échelle est très importante donc on peut en faire profiter la communauté alentour." Pressé de préciser les bâtiments qui pourraient en profiter, l'Université et le Carrefour Punaauia ont été cités.

Le même raisonnement s'applique pour la fourniture d'eau douce, le traitement des eaux usées et la collecte des eaux de pluie, dont la Polynésienne des Eaux (filiale de la Lyonnaise des Eaux) se chargerait dans le schéma de Group 70 : une infrastructure efficace profiterait à une grande partie de la commune pour un coût en baisse.


Le projet Tahiti Mahana Beach vu par le Group 70 international
3 phases de construction pour 10 000 emplois

Jean-Michel Gros, du cabinet d'études Vaihupe (partenaire local de Group 70), détaille les trois phases de construction qui permettraient de réaliser le chantier en 6 ans tout en faisant au maximum appel aux entreprises et emplois locaux.

Phase 1 :
- Le parc aquatique (construit par les mexicains de Aquakita, avec des investisseurs partenaires locaux. Le groupe pourrait investir de 3 à 7 milliards Fcfp dans ce projet de parc avec l'hôtel à thème attenant)
- Le "surf parc"
- Le "village tahitien"
- Le "shopping mall" sur les hauteurs : destiné aux clients locaux, avec des marques grand public et des loisirs. Le projet original contenait un cinéma et un bowling, mais selon Francis Oda "les investisseurs qui s'occuperont de cette partie décideront eux-mêmes ce qui sera le plus adapté au marché local selon leurs études"
- La partie haute des condominiums
- Le SWAC
- Les terrassements et remblais : le groupement d'entreprises polynésiennes MT2, représenté par Johann Roopinia, estime qu'il faudra 2 millions de mètres cube de matériaux, et que ses entreprises ont "déjà les terrains et les matériaux nécessaires," même si Francis Oda a mis un bémol en assurant qu'il faudra réaliser des études d'impact pour chaque site d'extraction, car le projet se veut durable et écologique "à T0, soit dès le premier jour des travaux". Aucune rivière ne serait exploitée pour le projet.

Phase 2 :
- La marina, son hôtel et son casino
- Le parc public
- Le condominium "Moana"
- Le centre de remise en forme et spa
- La promenade avec boutiques de luxe et restaurants

Phase 3 :
- Les hôtels 4, 5 et 6 étoiles (dont la fameuse "voile") sur le front de mer
- La salle de spectacle et le centre de convention
- Le condominium de luxe
- Le parking public (même si chaque bâtiment aura son propre parking souterrain puisqu'il n'y aura aucune place de parking au bord des routes)
- Les bungalows sur l'eau

À terme, ce serait de 10 à 11 000 emplois qui seraient créés selon Francis Oda et Jean-Michel Gros. La construction par phase permettrait "d'imbriquer le travail et les métiers pour utiliser à fond le travail local." L'architecte assure également que le projet permettra de développer les talents locaux, de la formation à la création d'entreprises aux compétences de management, afin que les Polynésiens puissent assurer au final la gestion du complexe.


"Nous croyons au projet"

Nous avons demandé à Francis Oda pourquoi les investisseurs qui se joignent à son projet y croient tellement, alors même que les Polynésiens restent dubitatifs. Il a répondu : "nous investissons de l'argent et du temps dans ce projet, en collaboration avec des entreprises de premier plan au niveau mondial, parce que nous y croyons. C'est notre business de voir les opportunités et de déterminer à quel point elles sont intéressantes. Les personnes "normales" n'ont peut-être pas assez d'expérience pour voir si c'est faisable ou pas. Mais au fur et à mesure que le projet progressera, nous espérons que la façon dont nous comptons y parvenir deviendra de plus en plus claire."

Car pour l'instant rien n'est encore définitif. Les cinq manifestations d'intérêt déposées seront étudiées, et le gagnant sera connu "d'ici fin 2015" selon Jean-Christophe Bouissou, ministre du Tourisme. Pendant ce temps, trois cabinets internationaux, Ernst & Young, Egis et Horwarth, ont été engagés pour réaliser "une analyse économique du Tahiti Mahana Beach" qui débouchera dans un mois sur un cahier des charges précis, en particulier concernant le casino, encore très flou. Quand il sera connu, les investisseurs qui ont manifesté leur intérêt pourront procéder à une analyse plus fine du coût du projet, et à préparer véritablement les détails des constructions.

Une chose est sure, un des atouts maître du projet est la zone franche, sans impôts, "très attractive pour les investisseurs, en particulier pour les entreprises françaises" explique l'architecte. Par contre, ils n'auraient aucune envie particulière d'une baisse du SMIG, assure M. Oda.


L'organisation du Mahana Beach

Le Group 70 a prévu que chaque investisseur gérera sa partie du Mahana Beach, avec une structure ombrelle, de droit polynésien, qui chapoterait le tout. Cette structure sera gérée principalement par les américains de CBRE, le plus gros investisseur et gestionnaire immobilier au monde.

Pour Francis Oda, le projet est d'une telle ampleur, avec son SWAC qui serait un des plus gros au monde, un investissement massif dans l'énergie solaire, les conséquences en termes d'emplois, de formation, de création d'entreprises, culturelle, d'aménagement touristiques et de divertissements, qu'il aura des conséquences sur la société polynésienne dans son ensemble. Des conséquences qu'il veut positives : "Nous voulons donner un espoir, un futur aux jeunes et à toute la population de Tahiti".

Avec ses partenaires internationaux – sud-américains, asiatiques et européens – il assure enfin pouvoir compter sur un réseau qui s'occupe de centaines de millions de touristes chaque année, dont une partie pourra être envoyée à Tahiti. Il veut enfin que le projet serve d'exemple à travers le monde en termes de développement durable et d'inclusion des communautés locales.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 2 Avril 2015 à 15:17 | Lu 4783 fois