Les derniers drames de la route provoqueront-ils un sursaut de conscience ?


PAPEETE, jeudi 10 octobre 2013 - Une Marche Blanche est organisée samedi à Taravao pour dire "Stop au massacre sur les routes !". Les pouvoir publics annoncent diverses actions pour combattre et diminuer l’insécurité routière à la suite d'une série d'accident qui aura coûté cette semaine la vie à deux enfants de 11 ans.

Comité de pilotage sur la question de l’infrastructure routière, annonce d’une modification du code de la route polynésien, comité interministériel sur la question de la prévention routière, réunion d’urgence du comité de la sécurité routière, annonce d’une Marche Blanche ce samedi à Taravao pour dire « Plus jamais ça ! » : les pouvoir publics annoncent des réformes d’ordre réglementaire, une réflexion pour l’amélioration du réseau routier et de l’action de prévention ; la société civile manifeste son émotion et réclame un changement de comportement des usagers de la route. Le choc émotionnel causé par le décès de deux fillettes de 11 ans en l’espace de 48 heures, cette semaine, a engendré une forte impression sur l’opinion publique.

Lundi après-midi, en rentrant du collège la jeune Keala, 11 ans, a été mortellement percutée par un véhicule à Papara en descendant de son bus scolaire. Pour l’opinion publique et les autorités ce drame est apparu comme l’accident de trop. La goutte d’eau qui fait déborder le vase. Cet événement pose d’emblée la question des conditions de sécurité dans le processus des transports scolaires. Mais au-delà sont soulevées celles de l’inadaptation du réseau routier, sur certaines zones, à l’activité piétonne. Le tout décliné sur fond d’incivilité de certains usagers de la route.

Michel Leboucher, le ministre de l’Education déclare son intention de "cibler les causes effectives de cet accident afin que chaque autorité concernée puisse mettre en place les moyens humains et matériels nécessaires pour qu’un tel drame ne se reproduise plus". Mais il appelle aussi les parents à plus de vigilance, en précisant le partage des responsabilités : "la responsabilité des instances du Pays en charge de l’éducation (s’opèrent) dès la sortie de l’école pour rejoindre le bus et jusqu’au moment où l’élève descend du transport".

"La sécurité routière est un problème de société"

Bruno Marty, au ministère de l’Equipement, annonce quant à lui une réflexion urgente au sujet de la distribution des arrêts de bus et de la signalétique routière à leurs abords. Et pour l’horizon 2014 une adaptation du Code de la route applicable en Polynésie.

Du côté de l’Etat, le haut commissariat explique sa volonté de renforcement de la répression et des contrôles routiers. Cette intention sera mise en harmonie avec l’action du Pays lors du Comité de la sécurité routière, programmé la semaine prochaine.

En 2012, en dépit d’une politique de prévention et de répression active qui s’est traduite par 60 000 dépistages d’alcoolémie, le nombre d’accidents, de blessés et de décès routiers a connu une hausse significative sur les routes polynésiennes. Les statistiques de 2013 sont en légère amélioration mais on dénombre toujours 22 morts sur les routes du fenua depuis le début de l’année.

En Polynésie, un accident mortel sur deux est dû à l’alcool, souvent à des taux très élevés bien au-delà du seuil autorisé des 0,5 g/litre de sang. Et les moins 25 ans, représentent près de la moitié des morts sur les routes. La gendarmerie organise une demi-douzaine de stages d’information "Halte à la prise de risques sur les routes" chaque année pour sensibiliser 1 200 jeunes.

Mais les choses évoluent peu : "Nous sommes de tout cœur avec les organisateurs de la Marche Blanche organisée samedi par l’association des parents d’élèves du collège du Sacré-Cœur samedi", annonce Stéphane Jarlégand, le directeur de cabinet du haut commissariat. "Nous sommes tous responsables de ce qui se passe sur les routes. La sécurité routière est un problème de société, c’est le problème de tout un chacun. Il est important de dire «Stop au massacre» parce que mourir sur les routes n’est pas une fatalité".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 10 Octobre 2013 à 14:24 | Lu 977 fois