Les dérèglements climatiques, enjeu majeur de sécurité et de défense


PARIS, 1 mars 2012 (AFP) - Tsunamis, inondations, épidémies et risques de conflits : les dérèglements climatiques constituent un enjeu majeur en matière de sécurité et de défense, dont les pouvoirs publics doivent se saisir d'urgence.

Un enjeu dont certains pays, comme les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, ont clairement conscience, mais qui suscite encore "un scepticisme très fort" en France dans les milieux de la Défense, "très peu sensibilisés à cette question", soulignent les députés André Schneider (UMP) et Philippe Tourtelier (PS), auteurs d'un rapport parlementaire sur le sujet.

Si le rythme d'accélération du phénomène reste difficile à évaluer, une augmentation de la température terrestre moyenne de 0,7 degrés a été constatée au XXe siècle, soulignent-ils.

Et les incertitudes ne doivent pas, selon eux, freiner la prise en compte du phénomène et de ses conséquences dans le domaine de la défense.

"Si le réchauffement climatique ne fait pas spécifiquement apparaître de nouveaux risques environnementaux ou sociaux, il les exacerbe", écrivent les deux élus, membres de la Commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale, qui ont auditionné des dizaines de spécialistes pendant un an.

Les catastrophes naturelles - ouragans, cyclones, inondations... - "seront vraisemblablement non seulement plus nombreuses mais également plus dévastatrices", notent-ils.

Or, les forces armées sont régulièrement déployées pour faire face aux situations d'urgence et se voient ainsi "détournées de leurs missions principales".

Les bouleversements climatiques et leurs effets pourraient surtout engendrer une multiplication des conflits liés à la possession de la terre, à l'accès à l'eau, aux sources d'énergie, et provoquer crises alimentaires et migrations massives.

Région par région, les auteurs notent que "les effets du réchauffement sont susceptibles de générer des tentions entre les pays du sud et les pays du nord de l'Europe", et peser sur les finances des Etats.

L'Afrique sera, selon eux, le continent le plus affecté, en raison de la poussée démographique.

Les difficultés des Etats africains "à répondre aux attentes de la population peuvent conduire au développement de guerres civiles, de systèmes de types mafieux (par exemple, seigneurs de la guerre en Somalie) et à la montée de l'intégrisme islamique (Al-Qaida au Maghreb islamique)", écrivent-ils.

L'Afrique étant le continent le plus proche de l'Europe, le réchauffement climatique pourrait, selon eux, impacter plus ou moins directement les intérêts de l'Europe "et plus particulièrement les intérêts français".

Aucun continent n'est à l'abri. En Asie, le Pakistan devrait figurer "parmi les nations les plus durement touchées". Le problème hydrique risque de s'aggraver au Proche-Orient et des sécheresses plus longues en Amérique du sud devraient renforcer la pression migratoire, notamment vers les Etats-Unis.

Les Américains ont d'ailleurs réagi à la multiplication des facteurs de tension. "La volonté d'adapter les forces américaines aux défis de l'environnement international dans lequel elles doivent opérer inclut désormais cette problématique au plus haut niveau de l'Etat", écrivent les rapporteurs.

Au plan international, l'Onu est selon eux l'"instrument clef de la recherche d'une solution aux changements climatiques".

Et les deux élus plaident pour "une mutualisation des renseignements et des actions" au sein de l'Union européenne, pour anticiper et "planifier le monde de demain".

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Rédigé par Par Dominique CHABROL le Jeudi 1 Mars 2012 à 06:16 | Lu 492 fois