Les défenseurs des rivières reçus par Édouard Fritch


Albert Solia et Denis Helme, les deux adversaires sur le terrain des rivières.
PAPEETE, le 1er septembre 2015 - Les associations dénonçaient le manque d'écoute de la part du gouvernement. Dès le lendemain de leur installation au rond-point de Tahiti Nui, elles étaient reçues par Édouard Fritch, Albert Solia et Heremoana Maamaatuaiahutapu. Une rencontre de plus d'une heure et demie, qui fut constructive selon ses protagonistes.

Les associations de protection des rivières, dont le syndicat No Te Aru Tai Mareva présidé par Denis Helme (qui menaçait de bloquer les routes de Papeete s'il n'était pas entendu), étaient reçues mardi après-midi à la Présidence. Une réunion qui a duré 90 minutes, en présence du Président Édouard Fritch et de ses ministres Albert Solia (Équipement) et Heremoana Maamaatuaiahutapu (Environnement).

Denis Helme s'est dit satisfait mais prudent à la sortie de la rencontre : "aujourd'hui nous sommes restés sur une position toute simple, un comité de suivi par commune présidé par le maire, et ils ont accepté le principe. Maintenant la difficulté va se retrouver sur Papara, puisque le conseil municipal n'existe plus et le maire n'est plus là. Donc on leur a donné deux possibilités. Ou ils suspendent les travaux jusqu'aux élections, ou on créé le comité de suivi et on prend une personnalité de Papara comme un pasteur ou un prêtre pour le diriger. Ça c'est leur problème. Sinon les travaux sont suspendus à Taharu'u. C'est notre position."

Pour les autres rivières de l'île, les associations sont plus rassurées, mais restent prudentes : "on attend" assure Denis Helme. Du coup le sit-in sur le rond-point de Tahiti Nui est prolongé jusqu'à samedi, et les associations assurent que si samedi il ne s'est rien passé, "on avisera." Pressé de préciser, le militant explique "on peut encore rester, s'il faut rester là pendant un mois ça ne nous embête pas du tout."

QUI VA PROTÉGER LES RIVERAINS ?

L'écologiste a apprécié l'attitude attentive du président Fritch (qui n'a pas fait de déclaration à la presse à la fin de la rencontre) et celle du ministre de l'Environnement Heremoana Maamaatuaiahutapu, qui s'est d'ailleurs avoué proche de ce combat : "c'est aussi pour ça que j'ai accepté d'être membre de ce gouvernement, ça fait 20 ans que suis un défenseur de la culture et de l'environnement, ce n'est pas nouveau. Donc on est sensibles à la problématique des rivières, et pour la première fois à la Taharu'u il y a eu une vraie concertation entre l'Environnement et l'Équipement, même si ce n'est peut-être pas parfait. Nous lançons aussi parallèlement deux études, l'une de l'Équipement sur les rivières à sécuriser pour les personnes, et nous nous avons lancé en mars une étude qualitative des rivières, parce qu'on parle de la pollution des rivières mais on ne sait pas de quoi on parle !"

À ce jeu du "bon flic mauvais flic", Albert Solia défendait plutôt le statu quo, donc dans l'esprit des protestataires, les entreprises d'extraction, ce dont il se défend : "Du côté du gouvernement, le Président a mis en avant le fait que si on doit arrêter des travaux par exemple dans la Taharu'u comme demandé par les associations, qui prendra la responsabilité de la protection des riverains ? C'est la grande question. Comme disait le Président on voudrait bien nous aussi ne pas dépenser ces 800 millions et les mettre dans du logement social, c'est encore plus attendu. Mais qui va assurer la protection des riverains ? Donc c'est tout le débat."

CURAGES OU EXTRACTIONS ?

Le ministre de l'Équipement s'est aussi attardé à différencier les multiples sources d'agrégats pour les travaux : "Quand on parle des curages et qu'on dit extraction, on a tort. Aujourd'hui quand on parle d'un curage c'est enlever les matériaux dans une rivière qui sont apportés par les différentes crues, et à un certain moment quand le niveau est trop haut, ça déborde. C'est ça le curage. On le cite comme une extraction parce que les matériaux qui sont extraits du curage servent justement pour les travaux, en général la construction."

"Par contre une extraction c'est fait pour être en terrain privé, avec une autorisation particulière pour prendre des matériaux dans la zone qui est privée, en dehors du lit de la rivière. Et enfin les carrières, ce sont des zones d'abattage de matériaux. On essaie d'avoir de la roche massive, mais ce n'est pas facile à Tahiti, ce sont des couches, donc on est en recherche et j'espère pouvoir donner très rapidement, dans le mot qui vient, des réponses sur les gisements que nous sommes en train d'analyser" conclut Albert Solia.

Mais pour Denis Helme, "les entreprises font en sorte de se servir, elles ont une technique pour rassembler les agrégats à un certain moment, elles font un petit motu et justifient le curage…"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 1 Septembre 2015 à 16:50 | Lu 1251 fois