Les communes pourraient investir encore plus


Les communes ont dépensé en moyenne 119 239 Fcfp en moyenne par habitant en 2017.
PAPEETE, le 19 juin 2019. Le recours à l’emprunt des communes a doublé en 2017. L'Agence française de développement constate que les communes investissent plus mais qu’elles pourraient le faire encore davantage. Elles disposent en effet d’une large marge de manœuvre.

Après avoir épluché les budgets 2017 des communes du fenua, l'Agence française de développement (AFD) a publié la sixième édition de l'observatoire des communes de Polynésie française. L'AFD indique que les communes ont dégagé « une épargne en forte hausse mais encore faible », relève Sévane Marchand, co-rédactrice du rapport. Les communes ont ainsi produit 2.8 milliards de Fcfp d’épargne brute. A moins d’un an des municipales, ce rapport apparaît comme un premier bilan de leur mandat des tavana sur la période de 2014 à 2017.

Comme l’avait déjà relevé l’an dernier l’AFD, les communes pourraient investir encore plus en mobilisant leur épargne nette et en faisant davantage appel à l'emprunt. Les maires commencent à changer leurs méthodes de travail et le recours à l’emprunt a augmenté. « Le recours à l’emprunt a plus que doublé en 2017. Si cette variation est à relativiser au vu du creux de 2016, le volume de 2017 demeure un record sur la décennie, dépassant 1,2 milliard de Fcfp. L’emprunt finance 15 % des dépenses d’investissement de l’exercice, devenant une variable d’ajustement plus consistante pour les plans de financement des communes », souligne l’AFD. « Cette ressource pourrait encore davantage les compléter et lisser la charge des investissements dans le temps, d’autant plus que les communes polynésiennes disposent, pour une bonne partie d’entre elles, de capacités d’emprunt conséquentes »

Un taux d’endettement faible

Pour la première fois depuis 2012, certaines communes de l’archipel des îles Australes se sont tournées en 2016 et en 2017 vers l’emprunt pour financer leurs investissements. Le taux d’endettement de l’archipel demeure toutefois contenu à 24 %. Concernant les communes de l’archipel des Tuamotu-Gambier, leur taux d’endettement moyen demeure le plus faible malgré le doublement de son encours de dette entre 2016 et 2017. Globalement, toutes les communes demeurent éloignées du seuil d’alerte. A titre de comparaison, le taux d’endettement des communes de Nouvelle-Calédonie, qui ont davantage intégré l’emprunt dans le mode de financement de leurs investissements – moins subventionnés –, s’élève à 55 % (contre 14.8% pour les communes polynésiennes). La dette communale par habitant y est ainsi cinq fois plus élevée.

Schématiquement, sur 10 000 F CFP de recettes réelles de fonctionnement, les communes polynésiennes ont épargné 768 F CFP, soit près de 200 F CFP de plus qu’en 2015.
« L’urgence d’une intensification des opérations »
« Pour que le total des investissements de la présente mandature dépasse celui de la précédente, l’ensemble des communes doit continuer à investir au minimum 8,4 milliards de Fcfp par an en 2018 et en 2019 », relève l’AFD. Si les communes veulent offrir prochainement des services publics environnementaux de qualité, notamment dans les domaines d'adduction en eau potable, d'assainissement des eaux usées et de gestion des déchets, elles vont devoir investir. L’AFD relève « L’urgence d’une intensification des opérations ».


Investir pour faire des économies

Pour l’AFD, la transition énergétique figure parmi les priorités stratégiques des communes. « Les exemples de Fatu Hiva, Manihi, Punaauia ou encore Moorea démontrent que les économies d’énergie participent à l’amélioration des équilibres financiers – permettant de relever davantage de défis de la transition écologique », relève l’AFD.
Ainsi, à Fatu Hiva, depuis 2016, ce sont les deux villages de l’île qui sont alimentés par des petites centrales hydroélectriques au fil de l’eau. « Dès 2016, les charges totales de carburant de Fatu Hiva ont été réduites de 55 % par rapport au pic atteint en 2015, soit une économie de 10 millions de Fcfp conséquente pour une commune de cette taille », explique l’AFD. « Aujourd’hui, des économies supplémentaires pourraient être obtenues grâce à la rénovation de la centrale la plus ancienne ainsi que la réhabilitation de la conduite forcée et du réseau électrique afin de minimiser le risque de panne (et le recours ponctuel à un groupe électrogène) et réduire la consommation de l’éclairage public. »
A Manihi, la centrale hybride a permis de faire passer la consommation du groupe électrogène (qui prend désormais la suite de l’énergie solaire la nuit) en gasoil d’environ 3500 litres par semaine à 3500 litres par mois.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 19 Juin 2019 à 12:38 | Lu 941 fois