Les coccinelles pourraient revenir en zone urbaine, ProScience s’y emploie


PAPEETE, le 1er avril 2016 - Régis Plichart, président de l’association Proscience, avance sur un projet de réimplantation de coccinelles dans les jardins de la zone urbaine de Tahiti. Avec son équipe, il encourage pour l’heure au recensement grossier des insectes. Suivront une étape de recensement plus précis, une étape d’élevage puis, à terme, le lâcher des coccinelles dans des jardins sélectionnés. Ce projet est un nouveau prétexte à la sensibilisation des plus jeunes au respect de l’environnement et des écosystèmes.

"Le projet est parti d’un double constat" explique Régis Plichart, président de l’association Proscience et initiateur du projet de réimplantation des coccinelles dans les jardins de la zone urbaine. "Première chose, il y a encore quelques années, on trouvait énormément de taina et de tiare à Tahiti. Pour preuve, on avait le bal du tiare, les établissement privés et publics du territoire se paraient de fleurs. Ce qu’on ne trouve plus aujourd’hui parce que les arbres ne donnent plus comme avant. Ils sont atteints de fumagine. Deuxième chose, il y a 40 ans, on voyait beaucoup de coccinelles dans les jardins. Il suffisait de tourner la tête pour en voir voler. Aujourd’hui, en zone urbaine, c’est terminé." Or, les coccinelles mangent les pucerons responsables de la prolifération de fumagine (voir encadré). D’où l’idée de faire revenir les coccinelles. Pour (re)voir fleurir les arbres et rétablir l’équilibre.

Concrètement, la réimplantation de coccinelles ne va pas se faire du jour au lendemain. D’autant que le projet est un prétexte. Pour ProScience l’objectif n’est pas d’œuvrer vite fait bien fait, dans l’ombre. "L’idée est de faire participer les classes, sur toute une année scolaire, d’expliquer aux élèves des notions tel que les services écosystémiques, de leur faire prendre conscience des équilibres, des liens qui existent au sein des écosystèmes, de les responsabiliser aussi si les enseignants jouent le jeu et installent des vivariums dans les classes. Ils auraient alors à s’occuper d’êtres vivants."

Et ce n’est pas tout, le projet pourrait aussi déborder jusque dans les familles, les amis, les voisins car, au moment de la réimplantation "nous irons sensibiliser les propriétaires des jardins sélectionnés et leurs voisins. À quoi bon relâcher cinq insectes dans un espace si à deux mètres de là on vaporise des insecticides ? "

Pour l’heure, et depuis fin février, un groupe est né sur Facebook. Les membres de ce groupe sont invités à faire part de leurs découvertes pour enrichir une carte interactive. "Nous renseignons la carte assez grossièrement en plaçant des pastilles vertes quand il y a beaucoup de coccinelles, oranges quand elles sont rares et rouges quand il n’y en n’a pas du tout." ProScience travaille en parallèle à la réalisation de support pédagogiques pour les classes, teste des techniques d’élevage en vivarium, cherche des financements.

L’heure est au traitement des sympômes


"Nous frappons à toutes les portes. Nous avons eu déjà plusieurs refus", se désole Régis Plichart. Il ajoute : "Nous constatons que pour de nombreux organismes, associations, décideurs l’heure est au traitement des symptômes plutôt qu’à l’éducation et la prévention. Nous, sans porter de jugement sur les opérations du genre, nous n’allons pas nettoyer des plages, le lagon, un jardin, nous avons choisi d’apprendre aux enfants à ne plus salir ces espaces tout en essayant de rétablir, à notre échelle, quelques équilibres. C’est de l’investissement sur le long terme. Mais ça ne séduit pas, en tous les cas pas ceux qui pourraient participer aux financements. "

Quelques classes vont passer d’ici quelques jours, ou semaines, à la phase de recensement systématique des coccinelles. "Elles sont 4 ou 5 aujourd’hui, elles préparent des déplacements par classe au jardin botanique par exemple ou au SDR de Papara. Nous espérons qu’à la rentrée prochaine d’autres nous rejoindrons et mettront en place des projets pédagogiques à l’année avec l’installation de vivariums dans les classes."

À terme, si le succès est au rendez-vous, les coccinelles élevées seront relâchées dans des jardins en ville. "Ce seront des réimplantations ponctuelles et limitées", assure Régis Plichart, conscient de l’impact sur l’environnement de la main de l’homme, quel qu’il soit. "Il n’est pas question de perturber les écosystèmes mais de permettre aux coccinelles qui ont toujours vécu ici de retrouver leur territoire." Plusieurs facteurs sont responsables de leur disparition comme les épidémies de zika, dengue et chikungunya qui ont déclenché des épandages massifs d’insecticides.


Fumagine, pucerons et coccinelles

La fumagine est une maladie provoquée par des moisissures noires dues à diverses espèces de champignons. En fait, cela désigne une maladie qui touche les plantes. Petit à petit les végétaux malades sont recouverts d’une couche noire qui ressemble un peu de la suie. La couche empêche le fonctionnement "normal" de la plante et en particulier sa photosynthèse.
La photosynthèse est un processus qui consiste à transformer de l’eau et du dioxyde de carbone en sucre. Cette transformation est rendue possible grâce à l’énergie du soleil. La fumagine, responsable de la formation de couche noire, empêche les rayons du soleil de passer, empêche la photosynthèse et donc le bon développement de la plante.
Les champignons se développent grâce au miellat, ce sont des excréments sucrés, de certains insectes comme les pucerons ou les cochenilles.

Contact

Facebook : La coccinelle Proscience
Facebook : As ProScience
Tél. 47 72 02 60
www.proscience.pf


Rédigé par Delphine Barrais le Vendredi 1 Avril 2016 à 15:44 | Lu 1490 fois