Les chutes d’arbres font réagir le Pays


Matthieu Gauthier, entrain d'expliquer comment diagnostiquer l'état de santé d'un arbre. Crédit : TL
Tahiti, le 31 juillet 2024 - Un premier accident mortel à Paofai le 29 juillet ; un couple miraculé à la suite d’une chute d’arbre sur son véhicule à Prince Hinoi le lendemain. Tant d’événements qui ont poussé le ministre des Grands travaux à communiquer les premiers résultats d’une étude sur la santé de 480 arbres de la commune de Papeete, initiée en novembre 2023. Sur ces 480 arbres ornementaux, 20 sont condamnés à l’abattage sous trois mois, tandis que trois du centre-ville seront coupés avant le début du Hiva Vaevae ‘Ārearea ce dimanche.
 
Deux chutes d’arbres en deux jours, c’est assez pour que le ministre des Grands travaux, Jordy Chan, organise une conférence de presse pour répondre aux sollicitations des journalistes. Ce mercredi 31 juillet, il présente les résultats d’un vaste diagnostic de 480 arbres sur la commune de Papeete. “Uniquement sur la commune de Papeete pour l’instant, car ça prend du temps”, explique-t-il. “Pour un diagnostic complet, il faut 36 données par arbre, ce qui fait près de 17 000 données au total”, ajoute Matthieu Gauthier, consultant en arboriculture ornementale. Dirigée par Fenua Woods, l’étude a été initiée en novembre dernier, à la suite de la chute d’un marumaru sur l’avenue Pouvana’a a Oopa, le 30 octobre 2023.
 
Résultat : sur 480 arbres auscultés par Matthieu Gauthier, 450 sont en bonne santé et 20 doivent être abattus dans les prochains mois, à cause de dégâts importants et du risque qu’ils occasionnent. Ces dégâts, parfois invisibles à l’œil nu, ont pu être révélés grâce aux analyses poussées du consultant. Ils seraient dus pour la plupart à des dégâts anthropiques, souvent liés à des travaux vieux de plusieurs dizaines d’années, “qui ont fragilisé les racines charpentières des arbres”. Parmi cette vingtaine d’arbres, trois sont des marumaru. Pour le reste, ce sont des Belle étoile, des cocotiers, des ‘uru et des Cassia Javanica.
 
Les trois marumaru concernés (deux devant la gare maritime et un au début de l’avenue Pouvana’a a Oopa) seront quant à eux abattus dans les trois prochains jours, avant le début du Hiva Vaevae ‘Ārearea qui va réunir la foule ce dimanche. Ces abattages se feront de nuit, “entre 22 heures et 3 heures”, témoigne un membre chargé de cette opération. Chaque arbre nécessitera quatre bûcherons, deux tractopelles et trois camions.
 
Retenir les leçons
 
Ce diagnostic a permis d’identifier les arbres à abattre, source de danger. “Mais la décision d’abattre un arbre n’est pas à prendre à la légère”, rappelle le ministre. Cette étude a surtout permis de dresser des cartes d’identité pour chaque arbre, au cas par cas. Repérer ceux qui peuvent représenter un danger, ceux qui nécessitent une observation… Et surtout, de ne pas réitérer les erreurs du passé, en protégeant les arbres en bonne santé. Pour ça, Jordy Chan présente deux mesures : “Donner des prescriptions aux travailleurs pour préserver les racines charpentières, et mettre en place des barrières pour protéger les arbres et éviter les chocs.”
Bref, trouver des compromis intéressants entre l’arbre et la ville. Ensuite, “sensibiliser”, insiste le jeune ministre, révolté à l’idée que certains chantiers ne font pas dans la dentelle quand ils rencontrent des racines, et se contentent de les enlever puis de reboucher. Ni vu ni connu. Des mesures qui pourraient éviter de futurs drames, dans une ou deux décennies.
 
Un arbre coupé, un arbre replanté
 
Abattre un arbre, un sujet toujours aussi brûlant. Surtout quand on parle d’arbres aussi emblématiques que le marumaru. Ils sont nombreux, les habitants de Papeete, à les avoir toujours connus. Matthieu Gauthier, l’expert en la matière, se veut rassurant. “On pourra continuer à planter des marumaru à Papeete, à condition de bien prendre en compte la nature de l’arbre (le marumaru a un gros potentiel de développement, NDLR) ainsi que son environnement.”
 
Jordy Chan promet donc, “un arbre coupé, un arbre planté”. À condition de ne pas le planter n’importe comment, rebondit Matthieu Gauthier. “Les mauvaises plantations, c’est déjà la première connerie.” Il faut être minutieux quant à l’emplacement, l’essence choisie, son potentiel d’évolution, d’adaptabilité à son environnement… et tout un tas d’autres facteurs, qui feront que l’arbre pourra s’épanouir dans un contexte urbain, et ne nécessitera pas d’abattage plus tard.
 

Rédigé par Tom Larcher le Mercredi 31 Juillet 2024 à 19:39 | Lu 1967 fois