Les cabines de bronzage mises à l'index


Paris, France | AFP | mercredi 09/10/2018 - Les jours des cabines de bronzage sont-ils comptés? Dans un avis rendu mercredi, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a demandé "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels" devant le risque de cancer "avéré".

"On recommande l'arrêt de l'activité liée au bronzage artificiel, et aussi l'arrêt de la vente d'appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers", a expliqué à l'AFP Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques aux agents physiques à l'Anses, qui a suivi l'expertise.
Dans un précédent avis en 2014, l'Anses recommandait "la cessation à terme de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels" et jugeait que la dernière réglementation en date (2013) "constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour les utilisateurs".
"On ne peut plus attendre", a souligné Olivier Merckel. "Les données scientifiques s'accumulent, il n'y a plus de doute, on a des preuves solides, le risque de cancer est avéré, on a des données chiffrées sur les risques pour les jeunes, pour toute la population, maintenant on recommande une action des pouvoirs publics".
L'interdiction des cabines de bronzage est demandée depuis 2015 par les dermatologues, l'Académie de médecine et même les sénateurs, mais sans être suivie à ce jour par le gouvernement, qui s'est contenté de durcir leur réglementation. 
Le Centre international de recherche sur le cancer a déclaré "cancérogènes certains" les rayonnements artificiels depuis 2009.
L'Anses relève "qu'aucune valeur limite d'irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs".
"Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l'âge de 35 ans augmentent de 59% le risque de développer un mélanome cutané. En France, il a été estimé que 43% des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attibués à une utilisation de ces cabines avant l'âge de 30 ans", a souligné l'agence.
  - aucun bénéfice, risque de cancer avéré -  
Olivier Merckel a rappelé que la réglementation interdisait la pratique du bronzage en cabines aux mineurs, "or les contrôles montrent qu'il y a encore une fraction non négligeables des moins de 18 ans qui le pratiquent".
Selon un calcul récent publié par l'Agence, en France en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10.340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l'exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l'exposition aux appareils de bronzage (1,5% des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6% chez les femmes).
Outre le risque de cancer, les rayonnements artificiels non seulement "ne préparent pas la peau" au bronzage, "ne protègent pas des coups de soleil", "ne permettent pas un apport significatif de vitamine D" mais provoquent un vieillissement de la peau "quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu'avec le soleil".
"Les UV à fin esthétique ne présentent aucun bénéfice", martèle Olivier Merckel.
Le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine maintient pour sa part dans un communiqué mercredi que "le bonzage raisonné n'est pas dangereux et participe au bien-être des Français".
Le syndicat estime que "sur le territoire national existent 350 centres spécialisés du type Point Soleil disposant en moyenne de 6 appareils et 4.500 instituts de beauté qui mettent à disposition de leur clientèle un ou deux appareils" soit "10.500 emplois et indirects" qui seraient "détruits si le gouvernement devait suivre les recommandations ineptes de l'Anses".
La DGCCRF, qui contrôle les cabines évoque un "taux très élevé d'entreprises présentant une non conformité": 63% des 982 cabines contrôlées en 2016 se sont révélées non conformes.
Certains appareils n'avaient fait l'objet d'aucun contrôle technique depuis 7 ans, ou étaient opérés par des personnels sans aucune formation ni aucun diplôme d'esthétique.
Le Brésil et l'Australie ont interdit les cabines de bronzage. "Faut-il les supprimer? Les reconvertir? Ce n'est pas à nous de décider mais aux pouvoirs publics", selon le chef de l'unité d'évaluation des risques.
Le ministère de la Santé, contacté par l'AFP, n'a pas encore défini sa décision après l'avis transmis il y a "quelques jours".

le Mercredi 10 Octobre 2018 à 04:14 | Lu 268 fois