Les autonomistes s'unissent pour le maintien du calendrier électoral


Gaston Flosse, Jean-Christophe Bouissou et Emma Algan
C’est par une conférence de presse, ce mardi 4 septembre, plaçant côte à côte, le sénateur Gaston Flosse et les représentants de l’assemblée de Polynésie française Jean-Christophe Bouissou et Emma Algan, que ce courrier signé par 44 élus a été rendu public. Mais, la lettre circule entre les différents archipels polynésiens depuis le 16 juillet dernier, pour recueillir les signatures des élus et, a déjà été adressée à Victorin Lurel, le ministre des Outre-mer il y a une dizaine de jours. Le courrier a été signé par 4 parlementaires, 13 représentants de l'assemblée de Polynésie et 27 maires.

Que demande ce courrier ? Tout simplement l’application de la dernière loi électorale, promulguée le 1er août 2011 . «Nous demandons, sans tergiverser, que cette loi soit conservée et que le calendrier électoral soit maintenu, à savoir avec un rendez-vous aux urnes pour janvier/février 2013. A cette date, cela fera exactement cinq ans que l’assemblée de Polynésie française actuelle a été constituée. Il n’y a aucune raison de reporter cette date» explique en préambule Jean-Christophe Bouissou, président du Rautahi, qui s’est présenté comme le porte-parole de cette démarche. Il justifie ce choix et celui des 43 autres signataires -dont 27 maires sur les 48 de la Polynésie française- par le fait que : «la Polynésie est dans une situation difficile, avec un gouvernement incapable de mettre en place un plan de redressement et de relance. La population est dans l’attente de pouvoir reformuler ses choix par rapport à l’avenir. Que le gouvernement respecte ce calendrier électoral et la nouvelle loi qui doit donner une vraie majorité». Jean-Christophe Bouissou s’appuie aussi sur les déclarations du ministre Victorin Lurel aux parlementaires polynésiens, en juillet dernier, indiquant qu’un report des élections territoriales ne pouvait pas être décidé dans l’année qui les précède.

A son tour, le sénateur Gaston Flosse, leader du Tahoeraa Huiraatira martèle : «Je suis opposé au report des élections et à quelque modification que ce soit de la dernière loi électorale (…) La loi de février 2004, fondamentale pour notre statut, stipule que l’assemblée est élue pour cinq ans et c’est par une petite entourloupette d’Estrosi qu’une nouvelle disposition, introduite en 2007» indiquait que le renouvellement de l’assemblée pouvait être reporté pour coïncider avec la fin de la session administrative, soit au plus tard le 15 juin. Gaston Flosse qui n’a pas perdu de temps, a déjà abordé le sujet lors de la rencontre des parlementaires polynésiens le 3 juillet dernier avec Victorin Lurel, mais aussi avec le nouveau haut-commissaire, Jean-Pierre Laflaquière hier soir. Quant à la proposition de loi déposée par le sénateur Richard Tuheiava le 20 avril dernier, sur la question de la parité des listes électorales pour les élections territoriales, et qui n’a pas encore été examinée par les parlementaires, Gaston Flosse répond : «Richard Tuheiava, pour permettre de voter ces modifications, voudrait reculer la date des élections. C’est un faux prétexte ! Cette loi pourrait être votée rapidement. Mais ils veulent profiter des subventions de l’Etat pour arroser un peu plus et avoir plus de chances de gagner les prochaines élections». Pour Gaston Flosse, une demande de report des prochaines élections territoriales ne serait qu’une manœuvre politique. Pour la contrer, il y a ce courrier, dont les signatures ne sont pas closes. On remarque en effet, une absence notable, celle de Gaston Tong Sang (leader de O Porinetia To Tatou Ai’a). "Je ne l'ai pas encore croisé. Mais avec la prochaine session budgétaire à l'assemblée, nous allons nous rencontrer bientôt" poursuit Jean-Christophe Bouissou.

Cette lettre aurait déjà reçu un écho de la part du ministère des Outre-mer. Un rendez-vous à ce sujet pourrait avoir lieu à Paris, en novembre prochain, d'après un mail reçu ce mardi matin par Jean-Christophe Bouissou. Par ailleurs les parlementaires polynésiens sont attendus à Paris, une première fois le 18 septembre prochain, pour un exposé des projets de loi, puis pendant la session parlementaire extraordinaire, et enfin, fin octobre, pour les discussions de la loi de finances 2013. Autant d’occasions qui permettront de rappeler au gouvernement central qu’un arbitrage est fortement attendu sur cette question cruciale du calendrier électoral polynésien.

Courrier au ministre.pdf  (267.87 Ko)


Stratégie commune entre Rautahi et Tahoeraa

Ce n’est pas la première fois que l’on voit ensemble Gaston Flosse et Jean-Christophe Bouissou, mais à l’approche des échéances électorales à venir, certaines positions prennent un autre sens. A la question de Tahiti Infos de savoir si ce tandem, pour les besoins médiatiques du jour, pouvait être l’esquisse d’un ticket commun, Jean-Christophe Bouissou a répondu sans difficulté : «il est de notoriété publique que nous nous sommes rapprochés et que nous travaillons ensemble sur une stratégie commune. Si nous souhaitons faire gagner l’autonomie nous devons nous mettre tous ensemble et sans exclusive. Nous n’avons pas le droit, si nous pensons à l’avenir de la Polynésie, d’écarter quiconque. Nous notre regard sur l’avenir a toujours été constant : faire gagner le camp autonomiste. Nous travaillons en étroite collaboration avec le parti Tahoeraa et avec le sénateur (..) Nous n’avons pas encore de partage précis des rôles de chacun, ce sont des questions de stratégie de terrains et de personnes qui viendront en leur temps». Un peu plus tard, devant les micros tendus des radios et des télévisions, il allait même un peu plus loin : «Pourquoi Gaston Flosse ne pourrait-il pas prétendre à être à la présidence du Pays» ?

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 4 Septembre 2012 à 13:23 | Lu 1912 fois