Les apiculteurs peu nombreux mais mobilisés pour informer


Sur la place Tarahoi ce samedi matin à l'occasion du rassemblement des apiculteurs de Polynésie française.
PAPEETE, le 8 août 2015. En jaune et noir, des apiculteurs de Polynésie française principalement -entre 40 et 50 personnes- se sont rassemblés ce samedi matin sur la place Tarahoi pour dire leur mécontentement aux mesures annoncées par le ministre de l'agriculture Frédéric Riveta, la semaine dernière, quant à l'ouverture des importations de miel.

Le rassemblement, festif, avec la participation de la chanteuse de jazz Chris Bennett pour l'ambiance musicale, n'a pas mobilisé fortement ni en dehors des apiculteurs (le mouvement était ouvert à tous les producteurs du secteur primaire) ni véritablement auprès de la population. Mais pour son organisateur Raiarii Crawford, le président du Syndicat des apiculteurs, le principal n'était pas là. "Aujourd'hui nous ne sommes pas nombreux mais c'est parce que nous sommes précurseurs (...) Le sens de cette action est de montrer la voie aux plus jeunes, leur dire qu'on a le droit d'exister et de se faire entendre".

Les apiculteurs présents sur place dénoncent le manque de concertation dans les décisions prises par le ministre Frédéric Riveta. Beaucoup d'entre eux ont démarré cette activité d'apiculture récemment, avec les aides et les formations déployées par les ministères précédents, et ne sont pas encore capables de fournir pleinement le marché local. Mais selon eux, il ne s'agit que de patienter encore six mois ou un an avant que les ruches donnent leur maximum. "Dès l'an prochain, je serai capable de produire près de 300 kg de miel par an", témoigne Claude Tinorua, venu de Raiatea pour cette manifestation. "C'est une activité qui prend du temps pour arriver à un bon rendement tout en préservant la qualité" ajoute-t-il. D'autant que cette période d'hiver austral n'est pas la plus propice, loin de là, pour la production de miel. "De juillet à fin septembre il fait trop frais pour les abeilles et tout le pollen qu'elles transportent elles l'utilisent pour elles-mêmes" explique une apicultrice.

La défense de la qualité avant tout et la protection des abeilles de Polynésie française des maladies qui touchent le reste du monde, c'est le credo d'Agnès Chevet dont les ruchers de Tahiti sont répartis sur trois sites de l'île. Elle s'est lancée dans l'apiculture depuis deux ans et craint les importations de miel spécialement sur ce point-là. "C'est pas une question de sous, ni de crainte de la concurrence du miel d'ailleurs, mais j'ai vraiment peur des maladies. Je le dis toujours, mais il suffit d'un pot de miel importé pour transporter les maladies. Quand le pot est fini, on le jette dehors et les abeilles se jettent sur le miel dans lequel il peut y avoir une maladie et la ramener comme ça à toutes les ruches voisines.

A défaut de convaincre le ministre Frédéric Riveta de ne pas ouvrir les importations de miel dans l'immédiat, les apiculteurs de Polynésie française auront pu apporter des explications, des précisions aux personnes venues les rencontrer sur la place Tarahoi ce samedi matin. Mais aussi entre eux. "Nous échangeons beaucoup entre nous, on partage beaucoup les informations, les méthodes de travail, c'est un métier de passion pour lequel il y a beaucoup à apprendre" poursuit Agnès Chevet.

Rédigé par Mireille Loubet le Samedi 8 Aout 2015 à 11:38 | Lu 2012 fois