Les "anti-ours", en colère, menacent les plantigrades d'un sort funeste


TOULOUSE, 31 août 2011 (AFP) - Le gouvernement a beau avoir renoncé à introduire une ourse de plus dans les Pyrénées, la colère gronde chez les opposants au plantigrade qui n'excluent pas de réserver un sort funeste à l'animal emblématique du massif.

Cette exaspération n'est pas le seul fait d'éleveurs de brebis pyrénéens, mais de ceux qui, plus généralement, sont confrontés, là ou ailleurs en France, aux attaques de grands prédateurs protégés comme l'ours et le loup.

Les pouvoirs publics leur avaient pourtant donné satisfaction en juin en décidant de ne pas lâcher comme prévu une ourse dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques). Mais, depuis, "la colère monte crescendo", accuse Philippe Lacube, président de l'Addip, un regroupement d'élus et d'associations opposés à la réintroduction de l'ours.

D'après eux, la grande majorité de la vingtaine de plantigrades qui habitent le massif, et donc la grande majorité des attaques se concentrent dans "une poche à ours" située dans le Couserans, dans l'ouest de l'Ariège, à la limite de l'Espagne.

Le secteur a connu depuis la fin de l'hibernation "plus d'une centaine d'attaques, avec près de 150 bêtes tuées, sans compter celles qui ont disparu", affirme Bruno Besche-Commenge, vice-président de l'Addip. La météo, mauvaise cet été, a aggravé le problème, brume et brouillard rendant plus difficile le suivi des troupeaux.

L'ours s'en prendrait même au Mérens désormais, petit cheval rustique, emblématique des Pyrénées lui aussi, dénoncent les anti-ours.

"Les gens en ont marre, ils sont sur le pied de guerre car la cocotte-minute explose", avertit M. Lacube. "Ca va se passer comme en haute Ariège. C'était le lieu le plus prédaté des Pyrénées, ça ne l'est plus depuis trois ans. Pas par l'opération du Saint-Esprit mais parce que des ours ont été tués".

Un spécialiste de l'ours dit que les chiffres de l'Addip sont exagérés. Il concède qu'il y a beaucoup d'attaques dans le Couserans parce que les ours "sont quasiment tous là, il y a beaucoup de femelles, d'oursons".

Il souligne cependant que les troupeaux échappent aux prédations quand ils sont protégés.

Pour François Arcangeli, président de Pays de l'ours-Adet, les opposants feraient mieux de "consacrer l'énergie qu'ils déploient à râler" à améliorer la protection des cheptels.

"On peut faire le tour du monde de l'élevage et des prédateurs. Partout les solutions sont les mêmes et elles fonctionnent relativement bien: présence humaine, un ou plusieurs bergers, chiens de protection et clôtures électriques quand c'est possible", dit-il.

Les associations pro-ours font valoir que la mortalité imputable à l'ours est très faible par rapport aux autres causes (maladies, chutes, chiens errants). Selon Pays de l'ours-Adet, quelque 50.000 brebis meurent chaque année dans les Pyrénées; or 167 décès ont été officiellement imputés à l'ours en 2010.

Les anti-ours ont manifesté leur ire en refusant de participer à une table ronde le 25 août à la sous-préfecture de Saint-Girons (Ariège) avec des équipes de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Celles-ci sont chargées des expertises sur les dégâts causés aux troupeaux en vue d'indemnisations éventuelles et du suivi de la population d'ours.

Ils reprochent à l'ONCFS d'être à la fois "juge et partie".

"L'ours est un excellent bouc émissaire", dit Sabine Matraire, pour l'association Ferus. Celle-ci a lancé un appel à témoins pour recueillir des données sur les prédations qui sont l'oeuvre de chiens errants, pour disculper l'ours mais surtout le loup dont les traces sont difficiles à distinguer de celles des chiens.

Car, venu du Sud-Est de la France, le loup étend son territoire et commence à pousser jusqu'aux Pyrénées. Avec son arrivée, les éleveurs seraient d'autant mieux avisés de protéger leurs troupeaux, disent les pro-ours.

ev/lal/jmg

Rédigé par Par Emmy VARLEY le Mercredi 31 Aout 2011 à 05:45 | Lu 438 fois