Les aides-soignants face au ministre


Tahiti le 04 août 2022 – La dizaine de diplômés aides-soignants à la recherche d'un poste depuis la fin de leur formation à l'Institut Mathilde Frébault ont été reçus jeudi matin par le ministre de la Santé et les directions du Centre hospitalier et de la Santé publique. Le ministre a rappelé aux nouveaux soignants qu'ils avaient accepté, dès le début de leur formation, qu'aucun poste public ne puisse leur être promis une fois diplômés, tout en s'engageant sous quinzaine à leur proposer des pistes de recrutement notamment dans le privé.
 
Comme convenu, près d'une dizaine d'aides-soignants sortis diplômés le 20 juillet dernier de l'Institut Mathilde Frébault ont été reçus jeudi matin par le ministre de la Santé, Jacques Raynal, et les directions du Centre hospitalier et de la Santé publique. Ces ex-étudiants, aujourd'hui jeunes diplômés, sont sortis de la dernière promotion un peu particulière de l'école d'infirmière de Mamao. En effet, à la différence des promotions précédentes, celle-ci n'incluait pas d'étudiants boursiers auxquels est promis un poste dans le secteur public dès la sortie de l'école. "Ce système boursier a été interrompu à la fois par la crise et par les difficultés inhérentes aux dépenses budgétaires", a d'ailleurs rappelé le ministre, Jacques Raynal, en introduction jeudi matin. Il a rappellé que, dès l'ouverture de cette formation d'aides-soignants, les postulants avaient été mis au courant qu'ils ne bénéficieraient ni de bourses, ni d'ouverture de postes dans l'administration.

"On a besoin de travailler"

Problème, les nouveaux diplômés ont tout de même cru jusqu'au bout de leur formation qu'ils pourraient finalement trouver un emploi. Le mois dernier, ils ont donc postulé dans les différents centres hospitaliers du fenua. Malheureusement, il n'y a eu aucune réponse favorable d'embauche sur le long terme. Heitiare explique qu'elle travaillait dans une maison de retraite et qu'elle a démissionné en août 2021 pour suivre cette formation d'aide-soignant. "Cette année cela a vraiment été dure financièrement, mais on a tenu le coup. Et on est là aujourd'hui car on a besoin de travailler." Elle ne regrette pas pour autant son choix : "c'est un diplôme que je voulais absolument avoir, car à la base je suis assistante de vie. Donc, non je ne regrette pas. Cela a été dix mois intenses et aujourd'hui je suis fière de dire que je suis aide-soignante, malgré la difficulté à avoir du travail".
 
Jean estime lui que la rencontre avec l'administration s'est bien passée. "On ne va pas dire qu'on a gagné, mais ils ont écouté nos doléances et interrogations". La priorité pour lui, comme tous les autres, est d'avoir un poste dans les plus brefs délais. "On ne veut pas attendre, car on est plusieurs à avoir une famille". Océane est toute aussi satisfaite : "Un début de solution a été apporté (…). Celui qu'un accompagnement soit fait dans la démarche de recherche d'emploi dans ce secteur qui est assez difficile au niveau administratif pour nous". Une autre rencontre est prévue le 19 août prochain avec les deux directions. Auprès des jeunes diplômés, Rauana Lemaire, aide-soignante depuis quinze ans au Centre hospitalier, était venue soutenir ses jeunes confrères et consoeurs. "On a vraiment besoin d'aides-soignants (…), cela va nous soulager", affirme-t-elle. Elle soutient qu'à l'hôpital, il y a un réel besoin de grossir le rang des aides-soignants. "Dans notre service on en a besoin, et je suis sûre que c'est pareil pour les autres services."

"D'ici 15 jours"

Le ministre Jacques Raynal dit de son côté comprendre l'anxiété de ces jeunes diplômés qui, selon lui, "se sont heurtés à des réponses un peu évasives de la part de différents acteurs de santé". "Ils craignaient de ne pas avoir de poste (…). Là on a calmé un peu l'inquiétude, on ne règle pas la question de façon complète. On va la régler très prochainement d'ici quinze jours de façon plus complète". Des pistes sont notamment recherchées du côté des structures privées. Et le ministre a également précisé, pour rassurer les jeunes diplômés, que dans le domaine de la santé : "la priorité est toujours donnée à compétence égale à des Polynésiens". "Et nous indiquons à ceux qui postulent, car ils arrivent comme voyageurs, qu'ils n'auront pas de contrat à durée indéterminée".

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 4 Aout 2022 à 18:35 | Lu 1761 fois