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Les Wwoofeurs débarquent à Ua Pou


Ua Pou, le 14 octobre 2020 – La Polynésie française est désormais répertoriée sur le site officiel de WWOOF, grâce à l'agrément obtenu par une ferme à Ua Pou. Travailler à la ferme de manière encadrée, en échange du gîte et du couvert, peut aussi servir au développement touristique ; les métropolitains en sont friands.

 

Audrey, 25 ans, végétarienne engagée originaire de Grenoble, voulait découvrir les Marquises après avoir passé un mois et demi chez de la famille à Moorea. C’est à Ua Pou que la première wwoofeuse de Polynésie française a posé le pied fin septembre, pour un séjour de trois semaines, accueillie par Jean-Louis Kohumoetini, alias Rasta, agriculteur par tradition familiale dans la vallée de Hakamou’i où il travaille aujourd’hui avec sa compagne. Ils cultivent surtout des légumes (tomates, choux, salades, potas, betteraves, navets) sur une surface de 3000m², mais également des bananes et des avocats sur une autre exploitation dans les hauteurs de l’île.

 

La jeune femme s’est trouvée ravie d’arriver à bon port, après un baptême de l'air en Twin Otter, au Ranch Niu Niu où elle est entourée de 15 chèvres (qui font office de tondeuse naturelle), 15 poules, 3 chiens, 5 chats, 2 canards et beaucoup de fruits et légumes !

 

Pour devenir hôte, Jean-Louis Kohumoetini a dû s'investir. il faut participer à une certaine forme d’agriculture biologique, soit pour assurer sa propre consommation ou celle de sa famille, soit pour assurer son revenu ; soutenir des pratiques de vie durables (utilisation d’énergies renouvelables, techniques d’éco-construction …), être désireux de transmettre ses connaissances à des personnes motivées qui parfois seront originaires d’un autre pays ou d’une autre culture ; être en capacité de garantir aux wwoofeurs trois repas par jour en quantité suffisante, et ce même les jours de repos, ainsi qu’un logement chaud, sec, propre et sûr.

 

L’association insiste sur le fait de s’engager à maintenir une relation sans aucun lien de subordination. Un wwoofeur n’est pas un employé. En contrepartie, à quoi s’attendre en devenant hôte ? Le ranch Niu Niu reçoit des bénévoles qui sont véritablement motivés pour apprendre l’agriculture biologique et les pratiques de vie durables, il bénéficie d’une aide aux activités agricoles et d’une participation aux tâches quotidiennes (comme la cuisine et la vaisselle).


​Des précautions à prendre


Il faut être majeur pour faire du wwoofing, souscrire à une assurance comprenant entre autres la responsabilité civile si on vient à blesser un tiers - et cela s’adresse autant aux hôtes qu’aux wwoofeurs. L’association recommande de s’organiser à l’avance ; un voire trois mois en amont, si vous comptez wwoofer auprès de vos hôtes de prédilection. Enfin, crise sanitaire et éloignement obligent, les hôtes de Ua Pou requièrent quelques précautions supplémentaires, essentiellement pour les wwoofeurs venant de métropole : un test Covid, bien évidemment, puis ils demandent aux candidats de respecter les gestes barrières mais aussi de restreindre - autant que faire se peut - les sorties pendant les deux semaines avant leur arrivée sur le sol polynésien. Une fois sur place, ils leur suggèrent fortement d’attendre le résultat du test, en restreignant les contacts, avant de venir sur l’île.

Audrey

citadine confirmée et écrivaine jeunesse

"J’en garderai un souvenir profondément ancré dans ma mémoire"

 

Tu es la première wwoofeuse de Polynésie française. Qu’est-ce qui t’a donné envie de tenter cette expérience ?

"C’est une expérience qui s’inscrit dans ma démarche de changement pour un mode de vie plus sain et responsable. Je suis devenue végétarienne il y a quatre ans et tends vers un mode de consommation plus respectueux de notre environnement et de la cause animale en me rapprochant au possible du minimalisme ou encore d’une alimentation en accord avec mes principes. Le wwoofing se situe à la croisée des valeurs qui comptent pour moi : le "slow travel" (voyager à un rythme plus lent donc plus éco-responsable) et vivre en harmonie avec la nature."

 

Les Marquises, c’est le bout du monde. Cela ne t’a pas fait peur ?

"Non, car j’étais déjà en Polynésie depuis plusieurs semaines où j’ai été bien accueillie. Les Tahitiens m’ont poussée à découvrir les Marquises pour la beauté des paysages et leur richesse culturelle. De plus, j’ai eu un très bon premier contact avec les hôtes via le site de WWOOF France, ce qui m’a rassurée quant à mon séjour."

 

Est-ce que tu te sens dépaysée ?

"TOTALEMENT. Je découvre le mode de vie insulaire avec ses particularités qui sont si étrangères à mes habitudes métropolitaines. Même en ayant passé plusieurs semaines entre Tahiti et Moorea, j’ai ressenti un véritable choc en arrivant à Ua Pou. Même faisant partie de la Polynésie "française", la culture marquisienne m’a donné le sentiment d’être une culture unique et encore particulièrement ancrée dans la vie quotidienne. Aussi, les paysages magiques de Ua Pou qui ne manqueront pas de m’inspirer pour mes prochains romans, m’ont fait me sentir comme transportée dans un univers fantastique."

 

Qu’as-tu appris de ton séjour ? Quels en sont les faits marquants ?

"C’est un défi pour moi car c’est mon premier voyage seule et je me suis rendu compte que j’étais capable de beaucoup plus que ce que j’imaginais.

Ensuite, j’ignorais tout du travail de la terre et j’ai commencé par apprendre les bases : l’arrosage, le désherbage, le semis, l’entretien et le fonctionnement d’une plantation. Et tout ça, à la marquisienne : tout est naturel, fait à la main et à dos d’homme.

J’ai même eu l’opportunité de planter mon propre bananier sur un faa’apu perché à flanc de montagne dans la jungle de Ua Pou, même si y accéder a été une réelle épreuve physique !

J’ai aussi assisté à quelques naissances. Des chatons, des chevreaux et le processus de ponte des canards de Barbarie (qui, je l’ai aussi découvert à ma grande surprise peuvent se révéler particulièrement agressifs !).

J’ai aussi découvert la richesse de la culture marquisienne à travers les livres, l’artisanat, la tradition du tatouage ou encore en côtoyant la population. Car avant d’arriver aux Iles Marquises, j’en ignorais quasi tout, jusqu’à leur localisation, et aujourd’hui je sais que j’en garderai un souvenir profondément ancré dans ma mémoire."

 

Retenterais-tu l’expérience ?

"Oui mille fois ! J’ai envie de continuer à apprendre sur le travail de la terre, l’éco-construction est un mode de vie qui me correspond bien plus que le modèle citadin. Ça m’a donné envie de faire pousser mes propres légumes et peut-être même un jour, si j’ai mon propre faa’apu, de passer de wwoofeuse à hôte afin de transmettre mon savoir."


Rédigé par Eve Delahaut le Mercredi 14 Octobre 2020 à 08:07 | Lu 3403 fois