PAPEETE, 21 juin 2013 (AFP) - "Allez les Tahitiens, allez les Tahitiens", s'égosille l'une des serveuses des 3 Brasseurs, au centre-ville de Papeete, qui assure l'ambiance parmi la petite vingtaine de supporters venue assister au choc le plus déséquilibré de la Coupe des Confédérations, entre les Toa Aito (guerriers de fer) tahitiens et l'Espagne.
Si le match a lieu jeudi après-midi au Brésil, nous sommes jeudi matin dans la capitale de la Polynésie française. Et le petit déjeûner des quelques fans de foot rassemblés est vite troublé: 5 minutes à peine après le coup d'envoi, les champions du monde espagnols ont déjà marqué.
"Je crois pas qu'ils vont arriver à mettre un but s'ils jouent comme ça, c'est pas bon" s'inquiète Sam, un jeune supporter, sans détourner les yeux de la télévision et de ses joueurs.
"Avec à peine dix mille licenciés, se retrouver dans une compétition professionnelle, c'est le top, bravo à ces jeunes", tempère Jean, un sexagénaire, tandis que la défense tahitienne craque. Les Espagnols marquent encore trois fois à la fin de la première mi-temps.
Vahirua veut le maillot d'Iniesta
Dans la famille de Marama Vahirua, seul joueur professionnel des Toa Aito, on oscille entre frustration et fierté. Son fils, Mihirau, espère encore que la star tahitienne va marquer. Et plus encore, qu'il ramènera le maillot de son idole, "le maillot d'Iniesta": "Il a toujours voulu l'avoir, il va dire aux autres: +laissez-moi Iniesta, il est à moi, vous pouvez prendre Torres, Puyol, n'importe lequel, mais Iniesta, il est à moi!+"
L'épouse de l'attaquant, Mitiana Vahirua, revient au match : "Il manque les réflexes d'une grande équipe, la précision des passes" ; et de glisser que son mari cherche un club pour terminer sa carrière: "S'il arrive à trouver un dernier contrat, un dernier challenge, peut-être qu'on refera nos valises pour une petite année encore, on verra".
Sur l'île de Raiatea, à une demi-heure d'avion, la famille Chong Hue a aussi les yeux rivés sur son écran. Steevy Chong Hue est l'attaquant qui avait qualifié Tahiti pour la Coupe des Confédérations, en marquant l'unique but de la finale, en Coupe des Nations d'Océanie, contre... la Nouvelle-Calédonie, d'autres compatriotes français.
"Aujourd'hui, ils ont joué contre une équipe qui est championne du Monde et double championne d'Europe, donc il faut être réaliste, mais quand même, ils se sont bien défendus nos Toa Aito", souligne sa mère, Liline, à quelques minutes de la fin du match.
Mieux que les Bulgares
"Ce qu'ils ont dit à la télé, c'est que le record de l'Espagne, c'était 13-0 contre la Bulgarie, alors Tahiti a fait mieux ! Pour une équipe amateur, c'est pas mal" renchérit Billy Chong Hue, le frère de l'attaquant.
Au siège de la Fédération Tahitienne de Football, à Papeete, on a bondi à chaque passe réussie des Tahitiens, on a frémi devant les arrêts du gardien Mickaël Roche, auteur d'un match honorable malgré l'ampleur du score (10-0).
"Ils ont porté au plus haut les couleurs du Fenua (la Polynésie, NDLR), la première demi-heure, ils ont bien tenu, on peut quand même être fiers de notre équipe", assure Jean-Paul Tanguy, l'un des organisateurs de la Coupe du Monde de beach soccer, qui aura lieu en septembre à Tahiti.
Pedro Mota, un journaliste de la télévision brésilienne TV Globo, est venu couvrir l'événement à Tahiti. Il est charmé par l'île, ses habitants, et leur équipe. "Les Tahitiens ont beaucoup de charisme, c'est une équipe formidable. Ils sont presque tous amateurs, mais ce n'est pas grave. Ils ont joué avec l'amour, ils ont joué avec le coeur, c'est ça qui est le plus important" conclue-t-il en écho avec l'ovation des 71.000 spectateurs du Maracana, tout acquis à la cause des Tahitiens.
Si le match a lieu jeudi après-midi au Brésil, nous sommes jeudi matin dans la capitale de la Polynésie française. Et le petit déjeûner des quelques fans de foot rassemblés est vite troublé: 5 minutes à peine après le coup d'envoi, les champions du monde espagnols ont déjà marqué.
"Je crois pas qu'ils vont arriver à mettre un but s'ils jouent comme ça, c'est pas bon" s'inquiète Sam, un jeune supporter, sans détourner les yeux de la télévision et de ses joueurs.
"Avec à peine dix mille licenciés, se retrouver dans une compétition professionnelle, c'est le top, bravo à ces jeunes", tempère Jean, un sexagénaire, tandis que la défense tahitienne craque. Les Espagnols marquent encore trois fois à la fin de la première mi-temps.
Vahirua veut le maillot d'Iniesta
Dans la famille de Marama Vahirua, seul joueur professionnel des Toa Aito, on oscille entre frustration et fierté. Son fils, Mihirau, espère encore que la star tahitienne va marquer. Et plus encore, qu'il ramènera le maillot de son idole, "le maillot d'Iniesta": "Il a toujours voulu l'avoir, il va dire aux autres: +laissez-moi Iniesta, il est à moi, vous pouvez prendre Torres, Puyol, n'importe lequel, mais Iniesta, il est à moi!+"
L'épouse de l'attaquant, Mitiana Vahirua, revient au match : "Il manque les réflexes d'une grande équipe, la précision des passes" ; et de glisser que son mari cherche un club pour terminer sa carrière: "S'il arrive à trouver un dernier contrat, un dernier challenge, peut-être qu'on refera nos valises pour une petite année encore, on verra".
Sur l'île de Raiatea, à une demi-heure d'avion, la famille Chong Hue a aussi les yeux rivés sur son écran. Steevy Chong Hue est l'attaquant qui avait qualifié Tahiti pour la Coupe des Confédérations, en marquant l'unique but de la finale, en Coupe des Nations d'Océanie, contre... la Nouvelle-Calédonie, d'autres compatriotes français.
"Aujourd'hui, ils ont joué contre une équipe qui est championne du Monde et double championne d'Europe, donc il faut être réaliste, mais quand même, ils se sont bien défendus nos Toa Aito", souligne sa mère, Liline, à quelques minutes de la fin du match.
Mieux que les Bulgares
"Ce qu'ils ont dit à la télé, c'est que le record de l'Espagne, c'était 13-0 contre la Bulgarie, alors Tahiti a fait mieux ! Pour une équipe amateur, c'est pas mal" renchérit Billy Chong Hue, le frère de l'attaquant.
Au siège de la Fédération Tahitienne de Football, à Papeete, on a bondi à chaque passe réussie des Tahitiens, on a frémi devant les arrêts du gardien Mickaël Roche, auteur d'un match honorable malgré l'ampleur du score (10-0).
"Ils ont porté au plus haut les couleurs du Fenua (la Polynésie, NDLR), la première demi-heure, ils ont bien tenu, on peut quand même être fiers de notre équipe", assure Jean-Paul Tanguy, l'un des organisateurs de la Coupe du Monde de beach soccer, qui aura lieu en septembre à Tahiti.
Pedro Mota, un journaliste de la télévision brésilienne TV Globo, est venu couvrir l'événement à Tahiti. Il est charmé par l'île, ses habitants, et leur équipe. "Les Tahitiens ont beaucoup de charisme, c'est une équipe formidable. Ils sont presque tous amateurs, mais ce n'est pas grave. Ils ont joué avec l'amour, ils ont joué avec le coeur, c'est ça qui est le plus important" conclue-t-il en écho avec l'ovation des 71.000 spectateurs du Maracana, tout acquis à la cause des Tahitiens.
Déclarations
Le sélectionneur de Tahiti, Eddy Etaeta, a estimé que son équipe avait remporté jeudi "une grande victoire" malgré les 10 buts encaissés face à l'Espagne, la plus lourde défaite jamais enregistré dans un tournoi organisé par la Fifa.
"C'est une énorme surprise ce qui nous est arrivé au Brésil, parce que malgré cette déroute, nous avons reçu un soutien immense du public", a déclaré Etaeta en conférence de presse.
"Nous avons remporté une grande victoire (...) Nous avons gagné le coeur du public. Obrigado (+merci+ en portugais) à tous", a-t-il ajouté, visiblement ému.
A l'issue de la rencontre, les joueurs de Tahiti, petit Poucet de la compétition, ont été chaleureusement applaudis par les 71.000 spectateurs du mythique stade Maracana.
Selon leur sélectionneur, les joueurs de Tahiti sont désormais plus connus au Brésil que dans leur propre pays.
"Nous savions que nous allions jouer dans une compétition de niveau international, le soutien que nous recevons ici est fantastique et cela va nous permettre d'être plus connus", a estimé Etaeta.
Le gardien polynésien, Mikaël Roche, avait des sentiments mêlés. "Je déteste encaisser des buts, a-t-il dit, c'est-à-dire que dix, ça me fait très mal, c'est plus douloureux que ma main (sur laquelle avait marché Torres pendant le match, ndlr). Mais bon, c'est le jeu".
"J'aimerais remercier les gens du stade, ils ont été impressionnants, a-t-il ajouté. C'est incroyable, ça nous est allé au fond du coeur. Ils ne nous connaissent pas et nous applaudissent comme ça..."
Roche a été constamment soutenu par le public, qui l'a encouragé dans ses arrêts et ses erreurs. A la fin du match, le portier a baisé la pelouse du Maracana, pratiquement seul, et a récolté une immense ovation du public, pour ce qui pourrait bien être le souvenir le plus grandiose de sa carrière.
"C'est une énorme surprise ce qui nous est arrivé au Brésil, parce que malgré cette déroute, nous avons reçu un soutien immense du public", a déclaré Etaeta en conférence de presse.
"Nous avons remporté une grande victoire (...) Nous avons gagné le coeur du public. Obrigado (+merci+ en portugais) à tous", a-t-il ajouté, visiblement ému.
A l'issue de la rencontre, les joueurs de Tahiti, petit Poucet de la compétition, ont été chaleureusement applaudis par les 71.000 spectateurs du mythique stade Maracana.
Selon leur sélectionneur, les joueurs de Tahiti sont désormais plus connus au Brésil que dans leur propre pays.
"Nous savions que nous allions jouer dans une compétition de niveau international, le soutien que nous recevons ici est fantastique et cela va nous permettre d'être plus connus", a estimé Etaeta.
Le gardien polynésien, Mikaël Roche, avait des sentiments mêlés. "Je déteste encaisser des buts, a-t-il dit, c'est-à-dire que dix, ça me fait très mal, c'est plus douloureux que ma main (sur laquelle avait marché Torres pendant le match, ndlr). Mais bon, c'est le jeu".
"J'aimerais remercier les gens du stade, ils ont été impressionnants, a-t-il ajouté. C'est incroyable, ça nous est allé au fond du coeur. Ils ne nous connaissent pas et nous applaudissent comme ça..."
Roche a été constamment soutenu par le public, qui l'a encouragé dans ses arrêts et ses erreurs. A la fin du match, le portier a baisé la pelouse du Maracana, pratiquement seul, et a récolté une immense ovation du public, pour ce qui pourrait bien être le souvenir le plus grandiose de sa carrière.