Les Surligneurs, des universitaires qui traquent les bobards des candidats à la présidentielle


Versailles, France | AFP | vendredi 10/02/2017 - François Fillon dénonce des procureurs nommés par le pouvoir en place? "Exagéré!" Marine Le Pen veut faire payer l'école aux enfants étrangers? "Inconstitutionnel!": depuis janvier, une équipe d'universitaires, "Les Surligneurs", traque les contre-vérités juridiques des candidats à la présidentielle.

"J'étais énervé d'entendre des propos imprécis et erronés des politiques", explique à l'AFP Vincent Couronne, chercheur en droit public à l'université de Versailles Saint-Quentin. "Surligneur" en chef, il s'est entouré d'une vingtaine d'universitaires, partout en France, pour faire vivre un site internet, lessurligneurs.eu.

Petits et gros mensonges, ignorance ou démagogie, (presque) rien n'échappe à ces professeurs de fac et thésards en droit public, qui s'attachent à "débusquer les énormités".

Cible principale : les propos de comptoir contraires à la Constitution ou aux traités européens, "parce que ce sont ceux qui reviennent le plus souvent, alors qu'ils concernent par ricochet des questions de politique intérieure", note Vincent Couronne, dont l'équipe s'ouvre également aux droits du travail, pénal et de la famille.

Leur site et le compte Twitter associé ont déjà mis au jour une cinquantaine d'approximations et contre-vérités énoncées par les politiques.

Ainsi Emmanuel Macron, qui veut imposer aux députés de sa majorité un engagement à "voter les grands projets", au mépris de la Constitution - qui prohibe tout mandat impératif. Ou Benoît Hamon, qui promet de constitutionnaliser "le droit à respirer un air et à boire une eau de qualité", déjà reconnu par la Charte de l'environnement, laquelle a... valeur consitutionnelle.

"Notre démarche est scientifique, nous apportons une expertise juridique : nos opinions politiques s'effacent devant notre méthode", insiste Vincent Couronne. Celui-ci évoque un "legal checking" ou la vérification de la légalité des propositions, en prolongement de la pratique journalistique de "fact checking", la vérification des faits.

L'expertise universitaire des Surligneurs n'empêche toutefois pas la confrontation d'analyses : "on essaie de tendre vers l'objectivité, s'il y a un désaccord entre nous, si c'est contestable, on ne publie pas", assure le patron du projet, qui dit veiller à répartir équitablement les coups de griffe entre les candidats, "sans prétendre à l'exhaustivité".

Rédigé par () le Vendredi 10 Février 2017 à 06:20 | Lu 697 fois