Saint-Pétersbourg, Russie | AFP | dimanche 13/03/2022 - "Que vais-je faire ?" Les utilisateurs russes d'Instagram étaient partagés dimanche entre regret et résignation avant le blocage du très populaire réseau social, au moment où le pouvoir russe s'efforce de contrôler strictement les informations sur le conflit en Ukraine.
"Où vais-je pouvoir tuer le temps ? Que vais-je faire ? Tout le monde est sur Instagram...", s'affole Ekatérina Makarova, une employée dans la logistique de 28 ans, qui habite à Saint-Pétersbourg.
"J'irai peut-être sur VKontakte et sur Telegram, peut-être qu'ils ne seront pas bloqués", se rassure-t-elle, nommant respectivement l'équivalent russe de Facebook et une messagerie cryptée également très utilisés en Russie.
Les autorités ont annoncé vendredi qu'elles restreindraient l'accès à Instagram en Russie à partir de minuit lundi (21H00 GMT dimanche), l'accusant de propager des discours de haine contre les Russes, en pleine offensive militaire en Ukraine.
Le géant américain Meta, qui possède Instagram ainsi que Facebook et WhatsApp, avait annoncé la veille faire des exceptions à son règlement sur l'incitation à la violence en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes.
Les sites à l'accès "restreint" en Russie y deviennent quasiment inaccessibles sans l'usage d'un réseau virtuel privé (VPN). C'est déjà le cas de Facebook et de Twitter.
Au lieu d'un blocage immédiat, le régulateur des télécommunications Roskomnadzor a accordé un délai de deux jours à Instagram pour permettre aux utilisateurs de transférer leurs contenus vers d'autres plateformes.
Depuis, parmi les usagers les plus assidus, c'est la panique.
La vidéo d'une "influenceuse" russe pleurant à chaudes larmes sur le blocage à venir est devenue virale, certains internautes l'accusant d'indécence au regard de ce que vivent les civils en Ukraine.
"Tu n'as qu'à déménager à Kharkiv, Instagram fonctionne encore là-bas", ironise un internaute, citant la deuxième ville d'Ukraine encerclée par les forces russes et en proie à de furieux combats.
Karina Nigaï, une blogueuse mode suivie par près de trois millions de personnes sur Instagram, compare sa peine à un deuil : "J'en suis toujours au stade de la colère et le stade de l'acceptation est encore loin", écrit-elle, prenant toutefois soin de rediriger ses abonnés vers ses comptes VKontakte et Telegram.
"On vivra sans !"
Comme dans le reste du monde, Instagram est une plateforme extrêmement populaire en Russie auprès de la jeunesse, qui y diffuse compulsivement photos et vidéos.
"Il y a des blogueurs qui gagnent de l'argent" sur Instagram, donc le blocage, "ce n'est pas génial pour eux", souligne Anastassia Malova, étudiante de 23 ans. "Mais pour moi, personne normale qui y partage parfois des choses sur sa vie, ça ne m'affecte pas beaucoup."
Comme elle, certains utilisateurs semblent s'être fait une raison. "S'ils le ferment, alors qu'ils le fassent, j'irai sur Telegram !", lance, bravache, Alexeï Garkoucha, un peintre de 41 ans.
"On vivra sans !", renchérit Nikolaï Ermenko, un ingénieur de 45 ans.
Victoria Lilova, une enseignante de 29 ans, ne va pas en souffrir "personnellement", mais elle se "sent triste pour les organisations caritatives, car elles récoltent beaucoup d'argent sur Instagram".
Alexandra Mitroshina, une influenceuse qui compte plus de 2,4 millions d'abonnés sur Instagram, s'inquiète, elle, "pour les petites et moyennes entreprises dont les affaires sont liées à Instagram".
Vêtements, meubles, massages ou cours de langue : Instagram est en effet un outil de vente en ligne crucial pour de nombreuses entreprises russes, ainsi que pour des artistes, qui dépendent de leur visibilité sur cette plateforme, en Russie et à l'étranger, pour trouver des clients.
Outre la santé économique des influenceurs et des petites entreprises, le blocage risque également d'avoir un impact sur les mouvements d'opposition.
Instagram est notamment l'un des réseaux sociaux les plus utilisés par l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, bête noire du Kremlin. Son équipe y publie régulièrement des messages rédigés depuis sa prison.
"Où vais-je pouvoir tuer le temps ? Que vais-je faire ? Tout le monde est sur Instagram...", s'affole Ekatérina Makarova, une employée dans la logistique de 28 ans, qui habite à Saint-Pétersbourg.
"J'irai peut-être sur VKontakte et sur Telegram, peut-être qu'ils ne seront pas bloqués", se rassure-t-elle, nommant respectivement l'équivalent russe de Facebook et une messagerie cryptée également très utilisés en Russie.
Les autorités ont annoncé vendredi qu'elles restreindraient l'accès à Instagram en Russie à partir de minuit lundi (21H00 GMT dimanche), l'accusant de propager des discours de haine contre les Russes, en pleine offensive militaire en Ukraine.
Le géant américain Meta, qui possède Instagram ainsi que Facebook et WhatsApp, avait annoncé la veille faire des exceptions à son règlement sur l'incitation à la violence en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes.
Les sites à l'accès "restreint" en Russie y deviennent quasiment inaccessibles sans l'usage d'un réseau virtuel privé (VPN). C'est déjà le cas de Facebook et de Twitter.
Au lieu d'un blocage immédiat, le régulateur des télécommunications Roskomnadzor a accordé un délai de deux jours à Instagram pour permettre aux utilisateurs de transférer leurs contenus vers d'autres plateformes.
Depuis, parmi les usagers les plus assidus, c'est la panique.
La vidéo d'une "influenceuse" russe pleurant à chaudes larmes sur le blocage à venir est devenue virale, certains internautes l'accusant d'indécence au regard de ce que vivent les civils en Ukraine.
"Tu n'as qu'à déménager à Kharkiv, Instagram fonctionne encore là-bas", ironise un internaute, citant la deuxième ville d'Ukraine encerclée par les forces russes et en proie à de furieux combats.
Karina Nigaï, une blogueuse mode suivie par près de trois millions de personnes sur Instagram, compare sa peine à un deuil : "J'en suis toujours au stade de la colère et le stade de l'acceptation est encore loin", écrit-elle, prenant toutefois soin de rediriger ses abonnés vers ses comptes VKontakte et Telegram.
"On vivra sans !"
Comme dans le reste du monde, Instagram est une plateforme extrêmement populaire en Russie auprès de la jeunesse, qui y diffuse compulsivement photos et vidéos.
"Il y a des blogueurs qui gagnent de l'argent" sur Instagram, donc le blocage, "ce n'est pas génial pour eux", souligne Anastassia Malova, étudiante de 23 ans. "Mais pour moi, personne normale qui y partage parfois des choses sur sa vie, ça ne m'affecte pas beaucoup."
Comme elle, certains utilisateurs semblent s'être fait une raison. "S'ils le ferment, alors qu'ils le fassent, j'irai sur Telegram !", lance, bravache, Alexeï Garkoucha, un peintre de 41 ans.
"On vivra sans !", renchérit Nikolaï Ermenko, un ingénieur de 45 ans.
Victoria Lilova, une enseignante de 29 ans, ne va pas en souffrir "personnellement", mais elle se "sent triste pour les organisations caritatives, car elles récoltent beaucoup d'argent sur Instagram".
Alexandra Mitroshina, une influenceuse qui compte plus de 2,4 millions d'abonnés sur Instagram, s'inquiète, elle, "pour les petites et moyennes entreprises dont les affaires sont liées à Instagram".
Vêtements, meubles, massages ou cours de langue : Instagram est en effet un outil de vente en ligne crucial pour de nombreuses entreprises russes, ainsi que pour des artistes, qui dépendent de leur visibilité sur cette plateforme, en Russie et à l'étranger, pour trouver des clients.
Outre la santé économique des influenceurs et des petites entreprises, le blocage risque également d'avoir un impact sur les mouvements d'opposition.
Instagram est notamment l'un des réseaux sociaux les plus utilisés par l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, bête noire du Kremlin. Son équipe y publie régulièrement des messages rédigés depuis sa prison.