Les Polynésiens sereins sur leur avenir en Nouvelle-Calédonie


Photo : AFP
PAPEETE, le 17 octobre 2018. Selon un sondage commandité par la commission des institutions de l'assemblée, la communauté tahitienne de Nouvelle-Calédonie aborde son avenir avec une certaine sérénité. Les représentants souhaitaient évaluer quelles pouvaient être les conséquences économiques et sociales du référendum du 4 novembre.



Le 4 novembre prochain, 174 154 électeurs seront appelés à répondre à la question: "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?" Ce scrutin intervient au terme d'un processus graduel de décolonisation inscrit dans l'accord de Nouméa (1998).

A l'approche de cette échéance, les représentants membres de la commission des institutions de l'assemblée ont souhaité créer une mission d'information pour determiner "quelle part de la population polynésienne vivant en Nouvelle-Calédonie serait susceptible de revenir au fenua, appréhender les difficultés économiques et sociales qu'engendreraient ces retours et définir quelles mesures pourraient être mises en place pour y remédier", explique Philip Schyle, président de cette commission.


Pour étudier leur perception à l'approche de l'échéance du 4 novembre 2018, l'assemblée de la Polynésie française a mandaté l'institut Quidnovi, franchise de l'institut Kantar TNS, afin de réaliser un sondage d'opinion.

L'institut a constitué un échantillon représentatif de 205 ménages tahitiens, soit environ 800 personnes résidant en Nouvelle-Calédonie, soit environ 15% des ménages concernés.

Ce sondage a permis de déterminer les raisons qui les ont conduits à venir en Nouvelle-Calédonie. Principalement, cette migration s'est faite pour des raisons économiques.

"Interrogés sur leur confiance dans l'avenir et leur situation personnelle et professionnelle, la communauté tahitienne marque son optimisme. Par comparaison avec le baromètre de confiance de l'institut Quidnovi, elle se distingue par une perception qui n'est plus positive", souligne Alexandre Laurent de l'institut Quidnovi. "Toutefois, cet optimisme est moins marqué auprès de ceux qui sont arrivés après 2000 et qui n'ont pas nécessairement fait souche en Nouvelle-Calédonie."

Une communauté qui souhaite rester en Nouvelle-Calédonie


Ce sondage fait ressortir que les Tahitiens vivant en Nouvelle-Calédonie sont bien intégrés économiquement et socialement. 64 % de la communauté tahitienne de Nouvelle-Calédonie est "ancrée" dans le pays. 14% de la population polynésienne pourrait envisager de partir à un horizon de 3 à 5 ans, dont 3% dans l'année. "Si on considère ceux qui souhaitent quitter la Nouvelle-Calédonie, on obtient un taux de 14% ce qui est assez similaire à ce qui a été observé lors des recensements passés", note l'institut de sondage. "On note également que ceux qui sont arrivés après 2000 sont 14% à avoir pris la décision de partir dans l'année (contre 3% en moyenne). Sur ces bases, l'institut estime que 200 à 450 personnes pourraient partir de Nouvelle-Calédonie d'ici à trois ans."

"Ce nombre pourrait cependant évoluer si la situation se détériorait d'un point de vue politique dans ce pays, l'indépendance ou des troubles constituant les principales motivations qui les feraient quitter la Nouvelle-Calédonie", analyse Alexandre Laurent. "Toutefois, tous ne rentreraient pas au fenua et une partie déclare qu'elle se rendrait plutôt en métropole, Australie ou en Nouvelle-Zélande."

Il n'y aurait donc pas plus de 180 Polynésiens susceptibles de rentrer au fenua après ce référendum. "Nous sommes plutôt rassurés après cette enquête", souligne Philip Schyle, qui précise que cette étude sera transmise au gouvernement.


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Selon la plupart des observateurs politiques, les Polynésiens sont réputés dans leur majorité – mais pas dans leur totalité, loin de là – loyalistes et favorables au statu quo, à une Nouvelle-Calédonie française avait constaté fin novembre notre correspondant sur place. La constitution du corps électoral spécial référendaire en a toutefois exclu un certain nombre : ceux qui sont arrivés sur le Caillou après 1998, soit après la signature de l'Accord de Nouméa, en sont exclus automatiquement


L'hypothèse d'une victoire du «non» au référendum du 4 novembre prochain semble la plus probable. Début septembre, un institut de sondage avait indiqué que 69 à 75% des électeurs sont susceptibles de voter "non" à l'indépendance lors de la consultation du 4 novembre. La participation était mesurée à 86%.

L'accord de Nouméa prévoit néanmoins que, dans ce cas, une deuxième consultation pourra être organisée deux ans après ce premier référendum. Si la réponse des Néo-Calédoniens est à nouveau négative, une troisième consultation pourra même être planifiée, toujours dans les deux ans. Philip Schyle indique donc que la commission continuera à suivre la situation des Polynésiens en Nouvelle-Calédonie.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 17 Octobre 2018 à 10:07 | Lu 1494 fois