Les Philippines suspendent la vente du vaccin contre la dengue de Sanofi


Manille, Philippines | AFP | mardi 04/12/2017 - Les Philippines ont suspendu mardi la vente et la distribution du vaccin contre la dengue de Sanofi, après que le groupe français eut prévenu la semaine dernière qu'il pourrait aggraver la maladie chez les personnes jamais infectées auparavant.

L'archipel avait gelé vendredi la campagne publique de vaccination qui a vu plus de 733.000 écoliers recevoir le vaccin Dengvaxia, première campagne du genre dans le monde. Le gouvernement a désormais élargi cette suspension aux relations individuelles entre patients et praticiens.
"Que le vaccin soit utilisé dans le cadre du programme de santé publique ou par un médecin du privé, c'est le même produit. Tout le monde est concerné par le rapport de la FDA" , a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat à la Santé Gerardo Bayugo.
L'Agence philippine des produits alimentaires et des médicaments (FDA), qui dépend du ministère de la Santé, a fait savoir lundi qu'elle avait fait retirer le vaccin du marché pour "protéger le public".
La FDA "a immédiatement ordonné à Sanofi de suspendre la vente, la distribution et le marketing du Dengvaxia et d'obtenir le retrait du Dengvaxia du marché jusqu'à satisfaction des directives de la FDA".
Sanofi avait expliqué que "davantage de cas sévères de dengue pourraient être observés en cas d'exposition au virus" après vaccination chez les personnes n'ayant jamais été infectées.
Cette annonce a soulevé beaucoup d'inquiétude aux Philippines, où la maladie transmise par des moustiques est très prévalente, en particulier chez les parents des enfants vaccinés lors de la campagne publique.
Plus de 1.000 personnes sont mortes de la dengue en 2016 sur 211.000 cas, selon le gouvernement.
Sanofi a cherché lundi à apaiser les craintes, soulignant que les éventuels "cas sévères" ne seraient pas mortels.
Les autorités philippines ont envoyé, elles, des signaux contradictoires.
"Nous ne ménagerons pas nos efforts" pour que ceux qui ont mis "en péril des centaines de milliers de jeunes vies rendent des comptes", a déclaré lundi le porte-parole du président Henry Roque. 
Le ministère de la Justice a quant à lui annoncé une enquête "sur le danger présumé pour la santé publique".
Mais M. Roque a également déclaré lundi qu'il n'y avait "aucun danger" pour les personnes vaccinées au Dengvaxia. "Le pire qui peut se produire c'est pour ceux qui n'ont jamais eu la dengue (...). Ils pourraient être infectés par la dengue mais tomber dans notre catégorie +bénigne+, avec de la fièvre et des hématomes".
Sanofi a déclaré mardi qu'il continuerait à travailler avec les autorités, mettant en exergue sa proposition de nouvel étiquetage. Celui-ci "inclurait les nouvelles données et les instructions nécessaires pour que les médecins puissent prendre les décisions appropriées avec leurs patients", selon un communiqué transmis par email à l'AFP.

le Mardi 5 Décembre 2017 à 00:27 | Lu 187 fois