Crédit : Elizabeth Scordato et Amanda Hund.
TAHITI, le 1er août2021 - Deux chercheuses de l’université California State Polytechnic réalisent actuellement une mission de terrain à Tahiti et Moorea. Elles y décrivent les hirondelles de Tahiti effectuant au passage des prélèvements. L’objectif ? Savoir, grâce à la génétique, si elles constituent une sous-espèce endémique de la population océanienne.
Paea, un mardi en tout début de matinée. Il est 8 heures lorsque la professeure Elizabeth Scordato rebrousse chemin. Elle laisse sa collège, docteure Amanda Hund, au poste d’observation. Elle remonte alors la vallée de Papehue à notre rencontre.
Avant l’aurore, les deux chercheuses ont posé des filets le long de la rivière et sur les rives de cette dernière à des points stratégiques. “Nous sommes venues hier en repérage”, relate Elizabeth Scordato. Le repérage consistait à examiner les habitudes des hirondelles de Tahiti vivant à cet endroit pour identifier leur zone de vol.
Un projet global
Les deux chercheuses sont à Tahiti dans le cadre d’un programme d’étude de l’université California State Polytechnic portant sur les oiseaux du genre Hirundo en Asie du Sud-Est et en Océanie. “Nous sommes déjà allées à Fidji, Bornéo, en Malaisie, à Okinawa et au Sri Lanka pour cela”, précisent-elles. Ce projet porte sur l’écologie (étude les milieux) et la phylogénie des oiseaux (étude des liens existant entre des espèces apparentées). À Tahiti et Moorea, elles s’intéressent à l’hirondelle de Tahiti (Hirundo tahitico) ou ‘Ope’a (à ne pas confondre avec les salanganes). Elles veulent savoir si la population polynésienne constitue une sous-espèce endémique.
Elles ont constaté qu’ailleurs en Océanie les hirondelles vivent dans des zones urbaines, elles construisent leur nid sous les ponts, les toits des maisons… À Tahiti, non seulement elles vivent en pleine nature, “mais en plus, elles sont difficiles à trouver”, disent les chercheuses. Selon elles, les ‘Ope’a, isolées, ont évolué, devenant uniques au fil du temps. Elles espèrent bien confirmer, ou infirmer leur hypothèse.
Pour leur projet, elles posent des filets dotés de mailles d’environ un centimètre carré. Ce matin, ils sont au nombre de quatre, et servent à arrêter des oiseaux dans leur course. Ils ne blessent pas les animaux qui se trouvent seulement bloqués quelques minutes. Des vini ou des tourterelles tombent parfois dans le piège, aussitôt les chercheuses qui guettent les moindres mouvements se déplacent pour les libérer. Le poste d’observation, discret, étant à quelques encablures de là. Lorsqu’une hirondelle de Tahiti se présente, elles la récupèrent délicatement.
Elles commencent par prendre des photographies. Puis, elles mesurent l’individu, le pèsent, décrivent sa couleur… Elles effectuent alors des prélèvements. “Nous prenons une plume”, explique Elizabeth Scordato. Ce qui ne porte pas préjudice à l’animal. Elles gardent précieusement la petite goutte de sang qui se trouve au bout de la plume. “Nous la mettons dans un flacon avec un conservateur spécial.” De plus, Amanda Hund récolte les parasites directement sur l’oiseau à l’aide d’un petit pinceau ou d’une pince à épiler. Eux aussi sont mis à l’abri pour être envoyés en laboratoire. Puis, l’oiseau est relâché. Il prend son envol sans attendre pour retrouver ses congénères.
Mieux connaître pour mieux protéger
Ces prélèvements et informations sont précieux. “Nous faisons ensuite des analyses ADN en laboratoire.” L’Acide désoxyribonucléique (ADN) est une molécule qui pourrait être comparée à une sorte de mode d’emploi de l’organisme. En effet, elle code tous les caractères d’un être vivant. Elle code la forme du corps, la couleur des yeux, des poils, de la peau... Elle se trouve dans chaque cellule d’un corps.
En analysant l’ADN, elles sauront si les espèces de Tahiti sont uniques. Elles pourront aussi estimer la date de leur arrivée et peut-être savoir d’où elles sont parties. Elles ont sans doute été déplacées à cause de tempêtes comme nombre d’espèces qui colonisent les îles mais où vivaient-elles avant d’arriver en Polynésie ? Sachant qu’à l’origine, les hirondelles viennent du continent africain et qu’elles se sont installées partout sur la planète.
Les parasites seront eux aussi analysés pour obtenir des données relatives à la co-évolution des espèces. Souvent, les parasites et leur hôte changent en même temps (sur un laps de temps très long). Toutes ces informations sont particulièrement utiles en termes de protection des espèces, et donc plus globalement de biodiversité. Ce qui n’est pas anodin. La biodiversité s’effondre dramatiquement à l’échelle de la planète, menaçant entre autres la sécurité alimentaire.
Elizabeth Scordato et Amanda Hund aimeraient pouvoir faire la description et faire des prélèvements sur une dizaine d’individus. “Mais”, indiquent-elles, “quatre ou cinq individus, cela sera déjà bien”. La mission, qu’elles mènent dans un temps réduit, n’est pas aisée.
Ensuite, elles projettent d’aller en Nouvelle-Zélande et de retourner à Bornéo car une population semble vivre isolée dans une zone protégée. En attendant, les deux chercheuses rangent leur matériel et jettent un ultime coup d’œil aux filets. Une hirondelle approche offrant un dernier spectacle. Mais elle reste à distance des pièges. Le soleil est au zénith, les mailles sont devenues visibles. Il faudra recommencer, en soirée ou au petit matin le lendemain. Elizabeth Scordato et Amanda Hund se mettent alors en quête d’une nouvelle zone.
Paea, un mardi en tout début de matinée. Il est 8 heures lorsque la professeure Elizabeth Scordato rebrousse chemin. Elle laisse sa collège, docteure Amanda Hund, au poste d’observation. Elle remonte alors la vallée de Papehue à notre rencontre.
Avant l’aurore, les deux chercheuses ont posé des filets le long de la rivière et sur les rives de cette dernière à des points stratégiques. “Nous sommes venues hier en repérage”, relate Elizabeth Scordato. Le repérage consistait à examiner les habitudes des hirondelles de Tahiti vivant à cet endroit pour identifier leur zone de vol.
Un projet global
Les deux chercheuses sont à Tahiti dans le cadre d’un programme d’étude de l’université California State Polytechnic portant sur les oiseaux du genre Hirundo en Asie du Sud-Est et en Océanie. “Nous sommes déjà allées à Fidji, Bornéo, en Malaisie, à Okinawa et au Sri Lanka pour cela”, précisent-elles. Ce projet porte sur l’écologie (étude les milieux) et la phylogénie des oiseaux (étude des liens existant entre des espèces apparentées). À Tahiti et Moorea, elles s’intéressent à l’hirondelle de Tahiti (Hirundo tahitico) ou ‘Ope’a (à ne pas confondre avec les salanganes). Elles veulent savoir si la population polynésienne constitue une sous-espèce endémique.
Elles ont constaté qu’ailleurs en Océanie les hirondelles vivent dans des zones urbaines, elles construisent leur nid sous les ponts, les toits des maisons… À Tahiti, non seulement elles vivent en pleine nature, “mais en plus, elles sont difficiles à trouver”, disent les chercheuses. Selon elles, les ‘Ope’a, isolées, ont évolué, devenant uniques au fil du temps. Elles espèrent bien confirmer, ou infirmer leur hypothèse.
Pour leur projet, elles posent des filets dotés de mailles d’environ un centimètre carré. Ce matin, ils sont au nombre de quatre, et servent à arrêter des oiseaux dans leur course. Ils ne blessent pas les animaux qui se trouvent seulement bloqués quelques minutes. Des vini ou des tourterelles tombent parfois dans le piège, aussitôt les chercheuses qui guettent les moindres mouvements se déplacent pour les libérer. Le poste d’observation, discret, étant à quelques encablures de là. Lorsqu’une hirondelle de Tahiti se présente, elles la récupèrent délicatement.
Elles commencent par prendre des photographies. Puis, elles mesurent l’individu, le pèsent, décrivent sa couleur… Elles effectuent alors des prélèvements. “Nous prenons une plume”, explique Elizabeth Scordato. Ce qui ne porte pas préjudice à l’animal. Elles gardent précieusement la petite goutte de sang qui se trouve au bout de la plume. “Nous la mettons dans un flacon avec un conservateur spécial.” De plus, Amanda Hund récolte les parasites directement sur l’oiseau à l’aide d’un petit pinceau ou d’une pince à épiler. Eux aussi sont mis à l’abri pour être envoyés en laboratoire. Puis, l’oiseau est relâché. Il prend son envol sans attendre pour retrouver ses congénères.
Mieux connaître pour mieux protéger
Ces prélèvements et informations sont précieux. “Nous faisons ensuite des analyses ADN en laboratoire.” L’Acide désoxyribonucléique (ADN) est une molécule qui pourrait être comparée à une sorte de mode d’emploi de l’organisme. En effet, elle code tous les caractères d’un être vivant. Elle code la forme du corps, la couleur des yeux, des poils, de la peau... Elle se trouve dans chaque cellule d’un corps.
En analysant l’ADN, elles sauront si les espèces de Tahiti sont uniques. Elles pourront aussi estimer la date de leur arrivée et peut-être savoir d’où elles sont parties. Elles ont sans doute été déplacées à cause de tempêtes comme nombre d’espèces qui colonisent les îles mais où vivaient-elles avant d’arriver en Polynésie ? Sachant qu’à l’origine, les hirondelles viennent du continent africain et qu’elles se sont installées partout sur la planète.
Les parasites seront eux aussi analysés pour obtenir des données relatives à la co-évolution des espèces. Souvent, les parasites et leur hôte changent en même temps (sur un laps de temps très long). Toutes ces informations sont particulièrement utiles en termes de protection des espèces, et donc plus globalement de biodiversité. Ce qui n’est pas anodin. La biodiversité s’effondre dramatiquement à l’échelle de la planète, menaçant entre autres la sécurité alimentaire.
Elizabeth Scordato et Amanda Hund aimeraient pouvoir faire la description et faire des prélèvements sur une dizaine d’individus. “Mais”, indiquent-elles, “quatre ou cinq individus, cela sera déjà bien”. La mission, qu’elles mènent dans un temps réduit, n’est pas aisée.
Ensuite, elles projettent d’aller en Nouvelle-Zélande et de retourner à Bornéo car une population semble vivre isolée dans une zone protégée. En attendant, les deux chercheuses rangent leur matériel et jettent un ultime coup d’œil aux filets. Une hirondelle approche offrant un dernier spectacle. Mais elle reste à distance des pièges. Le soleil est au zénith, les mailles sont devenues visibles. Il faudra recommencer, en soirée ou au petit matin le lendemain. Elizabeth Scordato et Amanda Hund se mettent alors en quête d’une nouvelle zone.