Gareno, Equateur | AFP | mardi 22/12/2015 -Troquer la chasse pour le cacao en Equateur, protéger un poisson de rivière au Brésil, créer des autorités autonomes contre le pillage de richesses au Pérou : en cette année de l'accord climatique de Paris, des indigènes d'Amazonie ont misé sur la biodiversité.
Peu importe la chaleur humide pour les Indiens waorani de Gareno, un hameau de huttes de bois au milieu de la jungle, à 175 km de Quito. Chaque matin, pour se donner du cœur à l'ouvrage, ils entonnent des chants en waotededo, leur langue, puis rejoignent leurs plantations.
Soucieux de préserver leur environnement, ils ont en 2010 abandonné la chasse au profit du cacao, devenu leur principale source de subsistance.
Pour enrayer l'abattage du gibier qui se raréfiait, l'Association des femmes waorani de l'Amazonie équatorienne (Amwae) a créé un programme qui consiste à donner des plants de cacao à celles dont les conjoints cessent de chasser.
"Ainsi, ils ont arrêté de chasser des animaux sauvages. Mais nous ne déboisons pas" pour cultiver, a déclaré à l'AFP Patricia Nenquihui, présidente d'Amwae, basée à Puyo (est).
Dix communautés indigènes participent à ce programme, dont 70 familles qui cultivent 25 hectares de cacao dans les provinces de Pastaza et Napo (est).
L'association leur achète le cacao à 1,25 dollar la livre, soit 0,45 cents au dessus du cours habituel, et l'expédie à Quito où il est transformé en chocolat.
Au début, les hommes waorani se sont "offensés". Mais les anciens ont fini par admettre qu'il fallait marcher de plus en plus loin, jusqu'à une journée entière, pour trouver du gibier, selon Mme Nenquihui.
Ligia Enomenga, une veuve de 26 ans qui élève ses six enfants grâce aux revenus du cacao, se félicite que les Waorani aient "ouvert les yeux". "Avant, ils chassaient beaucoup. Mais maintenant qu'ils sont impliqués dans le programme du cacao, ils ont arrêté de tuer les animaux", explique-t-elle.
"Nous chassions énormément (...) singes, toucans, cerfs. Parfois nous en tirions jusqu'à cinq à six quintaux (230 à 276 kg - en Equateur un quintal vaut 46 kg) de viande pour vendre sur les marchés", raconte Moisés Enomenga, dont l'épouse cultive désormais du cacao.
- Au secours du pirarucu -
Dans le même esprit, au Brésil, qui abrite la majeure partie des 6,1 millions de km2 de forêt de la région, les Paumari du bassin du Tapaua (état d'Amazonas, nord) défendent le pirarucu, énorme poisson de rivière, qui peut atteindre les 200 kg.
Sa pêche a été totalement interdite. Mais au bout de sept ans de travail avec l'ONG Opération Amazonie Native (Opan), sa population a augmenté et les Paumari ont obtenu que la pêche redevienne légale et durable.
"Cela va au-delà de la commercialisation du poisson. Cela se traduit aussi par un renforcement de l'organisation de la communauté et de la ressource (...) La gestion et le contrôle qu'ils ont aujourd'hui sur leur territoire est fantastique", estime Gustavo Silveira, de l'Opan.
Ainsi, les prises de moins d'un mètre et demi sont relâchées. L'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) procède à un recensement chaque année, tandis que les indiens surveillent les lacs alimentés par la rivière Tapaua.
- 'Protéger nos terres ancestrales' -
De leur côté, les Wampis du Pérou ont réagi face à la déforestation et la présence dévastatrice des compagnies pétrolières et minières. Ils ont constitué un gouvernement autonome pour préserver leur territoire.
"Nous ne voulons pas l'indépendance, mais protéger nos terres ancestrales et que soient reconnus nos droits sur 1,3 million d'hectares où vivent plus d'une centaine de communautés wampis", déclare par téléphone Wrays Perez Ramirez, président de ce gouvernement non reconnu officiellement. Et il souligne que "les nouvelles générations vont avoir besoin de ressources naturelles pour survivre".
En Colombie, les Ingas du département du Nariño (sud-ouest) ont eux aussi lutté pour préserver la biodiversité menacée cette fois par la guerre qui dévaste ce pays depuis les années 60.
Ils ont obtenu du gouvernement un fonds commun destiné à libérer 22.283 hectares de la culture du pavot (base de l'héroïne) qui abîmait l'éco-système et était cause d'affrontements entre groupes armés.
"La terre pleurait (...) et exigeait que nous prenions soin d'elle", affirme Hernando Chindoy, gouverneur de la réserve indigène d'Inga de Aponte.
Peu importe la chaleur humide pour les Indiens waorani de Gareno, un hameau de huttes de bois au milieu de la jungle, à 175 km de Quito. Chaque matin, pour se donner du cœur à l'ouvrage, ils entonnent des chants en waotededo, leur langue, puis rejoignent leurs plantations.
Soucieux de préserver leur environnement, ils ont en 2010 abandonné la chasse au profit du cacao, devenu leur principale source de subsistance.
Pour enrayer l'abattage du gibier qui se raréfiait, l'Association des femmes waorani de l'Amazonie équatorienne (Amwae) a créé un programme qui consiste à donner des plants de cacao à celles dont les conjoints cessent de chasser.
"Ainsi, ils ont arrêté de chasser des animaux sauvages. Mais nous ne déboisons pas" pour cultiver, a déclaré à l'AFP Patricia Nenquihui, présidente d'Amwae, basée à Puyo (est).
Dix communautés indigènes participent à ce programme, dont 70 familles qui cultivent 25 hectares de cacao dans les provinces de Pastaza et Napo (est).
L'association leur achète le cacao à 1,25 dollar la livre, soit 0,45 cents au dessus du cours habituel, et l'expédie à Quito où il est transformé en chocolat.
Au début, les hommes waorani se sont "offensés". Mais les anciens ont fini par admettre qu'il fallait marcher de plus en plus loin, jusqu'à une journée entière, pour trouver du gibier, selon Mme Nenquihui.
Ligia Enomenga, une veuve de 26 ans qui élève ses six enfants grâce aux revenus du cacao, se félicite que les Waorani aient "ouvert les yeux". "Avant, ils chassaient beaucoup. Mais maintenant qu'ils sont impliqués dans le programme du cacao, ils ont arrêté de tuer les animaux", explique-t-elle.
"Nous chassions énormément (...) singes, toucans, cerfs. Parfois nous en tirions jusqu'à cinq à six quintaux (230 à 276 kg - en Equateur un quintal vaut 46 kg) de viande pour vendre sur les marchés", raconte Moisés Enomenga, dont l'épouse cultive désormais du cacao.
- Au secours du pirarucu -
Dans le même esprit, au Brésil, qui abrite la majeure partie des 6,1 millions de km2 de forêt de la région, les Paumari du bassin du Tapaua (état d'Amazonas, nord) défendent le pirarucu, énorme poisson de rivière, qui peut atteindre les 200 kg.
Sa pêche a été totalement interdite. Mais au bout de sept ans de travail avec l'ONG Opération Amazonie Native (Opan), sa population a augmenté et les Paumari ont obtenu que la pêche redevienne légale et durable.
"Cela va au-delà de la commercialisation du poisson. Cela se traduit aussi par un renforcement de l'organisation de la communauté et de la ressource (...) La gestion et le contrôle qu'ils ont aujourd'hui sur leur territoire est fantastique", estime Gustavo Silveira, de l'Opan.
Ainsi, les prises de moins d'un mètre et demi sont relâchées. L'Institut brésilien de l'environnement (Ibama) procède à un recensement chaque année, tandis que les indiens surveillent les lacs alimentés par la rivière Tapaua.
- 'Protéger nos terres ancestrales' -
De leur côté, les Wampis du Pérou ont réagi face à la déforestation et la présence dévastatrice des compagnies pétrolières et minières. Ils ont constitué un gouvernement autonome pour préserver leur territoire.
"Nous ne voulons pas l'indépendance, mais protéger nos terres ancestrales et que soient reconnus nos droits sur 1,3 million d'hectares où vivent plus d'une centaine de communautés wampis", déclare par téléphone Wrays Perez Ramirez, président de ce gouvernement non reconnu officiellement. Et il souligne que "les nouvelles générations vont avoir besoin de ressources naturelles pour survivre".
En Colombie, les Ingas du département du Nariño (sud-ouest) ont eux aussi lutté pour préserver la biodiversité menacée cette fois par la guerre qui dévaste ce pays depuis les années 60.
Ils ont obtenu du gouvernement un fonds commun destiné à libérer 22.283 hectares de la culture du pavot (base de l'héroïne) qui abîmait l'éco-système et était cause d'affrontements entre groupes armés.
"La terre pleurait (...) et exigeait que nous prenions soin d'elle", affirme Hernando Chindoy, gouverneur de la réserve indigène d'Inga de Aponte.