Crédit Ernesto BENAVIDES / AFP
Puerto Ayora, Equateur | AFP | samedi 15/03/2024 - Dans l'archipel équatorien des Galapagos, un paradis de la biodiversité classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, la faune marine protégée autour des îles est menacée au large par les flottes de pêche industrielle qui rôdent. Une solution : étendre la protection en délimitant une réserve marine mondiale en haute mer.
L'idée est plébiscitée par Greenpeace, qui a effectué début mars une nouvelle expédition autour de ces îlots rocheux du Pacifique abritant une faune et une flore exceptionnelles.
Une équipe de l'AFP a pu y prendre part à bord de l'Arctic Sunrise aux côtés de scientifiques dont l'objectif est de mettre en lumière "probablement le meilleur projet de conservation réalisé dans les océans" tout autant que les risques que fait peser, plus au large, la surpêche.
ADN et biomasse
La biologiste Paola Sangolqui procède à des extractions en eaux profondes pour "savoir quelles espèces marines ont séjourné dans cette zone et y ont laissé des traces d'ADN".
Daniel Armijos est quant à lui responsable des "stations de vidéo sous-marine à distance avec appât" pour vérifier la présence de certaines espèces, les comptabiliser, comparer avec les échantillons ADN recueillis ou encore calculer la biomasse.
Un robot a aussi été envoyé pour étudier les coraux et les différents habitats, ajoute Sophie Cooke, chargée de l'expédition, selon laquelle "l'abondance de la vie marine dans ce parc national est tout simplement stupéfiante".
"Toutes ces informations, c'est un peu comme assembler un grand puzzle" car "ces zones (du Pacifique oriental) sont écologiquement connectées, tout est lié", résume au autre scientifique à bord, Stuart Banks.
Les espèces marines "ne comprennent pas les frontières politiques. Elles se déplacent entre différents territoires et c'est là qu'elles sont le plus en danger, notamment à cause de la pêche industrielle", souligne-t-il.
Sanctuaire pour les requins
Des touristes privilégiés s'émerveillent de "la faune marine incroyable", comme "ces bancs de poissons qui vous entourent au point de créer une obscurité quasi-totale", raconte le plongeur australien Liam Doherty, 34 ans. "On voit ici tout le bien de la conservation, c'est extraordinaire !", renchérit Ryan Doyle, 24 ans, venu des Etats-Unis.
"Nous vivons plus aujourd'hui du tourisme que de la pêche", commente Anthony Gavilanes, 30 ans, un instructeur local de plongée : "les espèces nageant librement dans l'eau valent plus que sur un plateau servi à table".
Requins, tortues, iguanes, otaries et poissons en tout genre pullulent dans les eaux des Galapagos, où Charles Darwin a donné naissance à sa théorie de l'évolution.
L'archipel est aussi devenu "un sanctuaire pour les requins", en particulier pour le requin-marteau, une espèce considérée comme étant "en danger" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), "à cause de la surpêche et de la pêche illégale", souligne Eduardo Espinoza, un employé du parc chargé de suivre les écosystèmes locaux.
"Aux Galapagos, ils ont un refuge pour se reproduire", ajoute-t-il, occupé à marquer d'une étiquette le dos de jeunes spécimens.
"Mais en dehors de la réserve et de la zone des 200 milles marins, on trouve des flottes de pêche assez importantes, plus de 300 navires qui capturent les requins pour les exporter vers les pays asiatiques", se désole-t-il.
Autoroutes sous-marines
"Un élément-clé est que beaucoup de ces espèces marines sont migratrices", décrypte encore Mme Cook. "Les Galapagos sont une étape importante de leur long voyage" dans le Pacifique, c'est pourquoi "il est très important de relier toutes les différentes zones marines protégées" de ce Pacifique oriental.
Plusieurs réserves marines nationales du Panama, du Costa Rica, de Colombie et d'Equateur forment le corridor marin du Pacifique tropical oriental (CMAR) par "où transitent diverses espèces telles que les requins, les baleines, les raies manta et les tortues", explique, Ruth Ramos, de Greenpeace.
"Cependant, une partie se trouve en haute mer et échappe à leur juridiction", dit-elle, d'où le besoin impérieux de "sécuriser les couloirs de migration".
Greenpeace a ainsi appelé lundi à la création d'une réserve marine mondiale en haute mer au large des Galapagos contre "les flottes de pêche industrielle (qui) continuent d'opérer dans ces eaux internationales, sapant les efforts de protection nationaux et menaçant l'ensemble de l'écosystème de la région".
"Cette zone deviendrait ainsi la première aire marine protégée" créée en haute mer depuis la signature en mars 2023 du traité historique sur les Océans.
Signé par 88 pays, cet ambitieux traité doit réglementer la protection de la haute mer et des fonds marins, avec comme objectif affiché de protéger 30% des océans d'ici à 2030.
Mais seuls deux pays l'ont ratifié à ce jour alors qu'ils doivent être au moins 60 pour qu'il prenne effet. Il est pourtant "urgent (...) de donner vie au traité" et les Galapagos sont le lieu rêvé pour commencer, veut croire Greenpeace.
L'idée est plébiscitée par Greenpeace, qui a effectué début mars une nouvelle expédition autour de ces îlots rocheux du Pacifique abritant une faune et une flore exceptionnelles.
Une équipe de l'AFP a pu y prendre part à bord de l'Arctic Sunrise aux côtés de scientifiques dont l'objectif est de mettre en lumière "probablement le meilleur projet de conservation réalisé dans les océans" tout autant que les risques que fait peser, plus au large, la surpêche.
ADN et biomasse
La biologiste Paola Sangolqui procède à des extractions en eaux profondes pour "savoir quelles espèces marines ont séjourné dans cette zone et y ont laissé des traces d'ADN".
Daniel Armijos est quant à lui responsable des "stations de vidéo sous-marine à distance avec appât" pour vérifier la présence de certaines espèces, les comptabiliser, comparer avec les échantillons ADN recueillis ou encore calculer la biomasse.
Un robot a aussi été envoyé pour étudier les coraux et les différents habitats, ajoute Sophie Cooke, chargée de l'expédition, selon laquelle "l'abondance de la vie marine dans ce parc national est tout simplement stupéfiante".
"Toutes ces informations, c'est un peu comme assembler un grand puzzle" car "ces zones (du Pacifique oriental) sont écologiquement connectées, tout est lié", résume au autre scientifique à bord, Stuart Banks.
Les espèces marines "ne comprennent pas les frontières politiques. Elles se déplacent entre différents territoires et c'est là qu'elles sont le plus en danger, notamment à cause de la pêche industrielle", souligne-t-il.
Sanctuaire pour les requins
Des touristes privilégiés s'émerveillent de "la faune marine incroyable", comme "ces bancs de poissons qui vous entourent au point de créer une obscurité quasi-totale", raconte le plongeur australien Liam Doherty, 34 ans. "On voit ici tout le bien de la conservation, c'est extraordinaire !", renchérit Ryan Doyle, 24 ans, venu des Etats-Unis.
"Nous vivons plus aujourd'hui du tourisme que de la pêche", commente Anthony Gavilanes, 30 ans, un instructeur local de plongée : "les espèces nageant librement dans l'eau valent plus que sur un plateau servi à table".
Requins, tortues, iguanes, otaries et poissons en tout genre pullulent dans les eaux des Galapagos, où Charles Darwin a donné naissance à sa théorie de l'évolution.
L'archipel est aussi devenu "un sanctuaire pour les requins", en particulier pour le requin-marteau, une espèce considérée comme étant "en danger" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), "à cause de la surpêche et de la pêche illégale", souligne Eduardo Espinoza, un employé du parc chargé de suivre les écosystèmes locaux.
"Aux Galapagos, ils ont un refuge pour se reproduire", ajoute-t-il, occupé à marquer d'une étiquette le dos de jeunes spécimens.
"Mais en dehors de la réserve et de la zone des 200 milles marins, on trouve des flottes de pêche assez importantes, plus de 300 navires qui capturent les requins pour les exporter vers les pays asiatiques", se désole-t-il.
Autoroutes sous-marines
"Un élément-clé est que beaucoup de ces espèces marines sont migratrices", décrypte encore Mme Cook. "Les Galapagos sont une étape importante de leur long voyage" dans le Pacifique, c'est pourquoi "il est très important de relier toutes les différentes zones marines protégées" de ce Pacifique oriental.
Plusieurs réserves marines nationales du Panama, du Costa Rica, de Colombie et d'Equateur forment le corridor marin du Pacifique tropical oriental (CMAR) par "où transitent diverses espèces telles que les requins, les baleines, les raies manta et les tortues", explique, Ruth Ramos, de Greenpeace.
"Cependant, une partie se trouve en haute mer et échappe à leur juridiction", dit-elle, d'où le besoin impérieux de "sécuriser les couloirs de migration".
Greenpeace a ainsi appelé lundi à la création d'une réserve marine mondiale en haute mer au large des Galapagos contre "les flottes de pêche industrielle (qui) continuent d'opérer dans ces eaux internationales, sapant les efforts de protection nationaux et menaçant l'ensemble de l'écosystème de la région".
"Cette zone deviendrait ainsi la première aire marine protégée" créée en haute mer depuis la signature en mars 2023 du traité historique sur les Océans.
Signé par 88 pays, cet ambitieux traité doit réglementer la protection de la haute mer et des fonds marins, avec comme objectif affiché de protéger 30% des océans d'ici à 2030.
Mais seuls deux pays l'ont ratifié à ce jour alors qu'ils doivent être au moins 60 pour qu'il prenne effet. Il est pourtant "urgent (...) de donner vie au traité" et les Galapagos sont le lieu rêvé pour commencer, veut croire Greenpeace.