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Les Etats insulaires menacés rappellent les pays riches à leurs devoirs


GREGOR FISCHER / AFP
GREGOR FISCHER / AFP
Nations unies, États-Unis | AFP | lundi 27/05/2024 - Submergés par les dettes et menacés d'être balayés par les impacts dévastateurs du réchauffement de la planète, les petits Etats insulaires vulnérables ont pointé du doigt lundi la responsabilité des pays riches pour leur infortune, exigeant leur soutien.

Les petits Etats insulaires en développement (PEID) "sont en première ligne d'une bataille contre une confluence de crises, crises qu'ils n'ont ni causées ni créées", a lancé le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, hôte d'une conférence dédiée à l'avenir de ces Etats jusqu'à jeudi.

Première de ces crises, les catastrophes climatiques qui se multiplient dans un monde qui s'approche dangereusement d'un réchauffement de +1,5°C, limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris de 2015.

"Les principaux responsables du changement climatique ont échoué à répondre à leurs obligations de limiter ses effets, nuisant gravement aux PEID et à notre planète en général", a insisté Gaston Browne.

"La crise climatique va tous nous détruire" mais "le monde prend son temps pendant que nous souffrons, c'est injuste", a renchéri le président des Seychelles Wavel Ramkalawan.

Dans les Caraïbes, au milieu du Pacifique ou dans l'océan Indien, ces Etats qui comptent seulement 65 millions d'habitants font face de longue date à des défis spécifiques qui les rendent particulièrement sensibles aux chocs extérieurs: petit territoire, population éparpillée, isolement géographique et économies peu diversifiées et dépendantes des importations. 

Des difficultés auxquelles s'ajoute une vulnérabilité exceptionnelle aux impacts du réchauffement climatique: sécheresses, inondations, ouragans, et montée du niveau de la mer qui risque littéralement d'effacer certains d'entre eux de la carte, comme les Maldives ou Tuvalu.

"Nous ne pouvons accepter la disparition d'un pays ou d'une culture, engloutis par les vagues", a martelé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors de l'ouverture de la conférence, soulignant que ces petites îles ne peuvent pas lutter "seuls" contre ces défis auxquels ils font face.

"Soif de profits" 

"L'idée qu'un Etat insulaire entier puisse devenir un dommage collatéral de la soif de profits de l'industrie des énergies fossiles ou de la compétition entre les plus grandes économies est simplement obscène", a-t-il ajouté.

"Le coût va continuer à augmenter et nous le paierons avec de plus en plus de vies humaines si nous ne nous attaquons pas à la racine (du réchauffement): les énergies fossiles", a renchéri la présidente des Iles Marshall, Hilda Heine.

De manière plus générale, les petits Etats insulaires réclament une accélération de l'action climatique mondiale, en particulier des pays les plus émetteurs, et une augmentation de la finance climat.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la mise en place des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement dans ces 39 pays nécessiterait entre 4,7 et 7,3 milliards de dollars par an.

Mais la plupart d'entre eux sont classés au moins comme pays à revenus intermédiaires et sont ainsi exclus de l'aide internationale et des financements à taux préférentiels des banques de développement.

"Ils sont piégés dans un no man's land où ils n'ont pas accès au filet de sécurité que représentent les financements de la communauté internationale", regrette le patron du PNUD Achim Steiner, qui plaide comme eux pour une réforme du système financier international.

D'autant que la plupart d'entre eux subissent aussi le poids d'une dette importante. L'ONU estime qu'ils vont dépenser en 2024 15,9% de leurs revenus juste pour rembourser les intérêts de cette dette.

S'ils estiment qu'ils ne s'en sortiront pas sans aide extérieure, ces petits Etats insulaires veulent aussi s'engager eux-mêmes à renforcer et diversifier leurs économies pour devenir plus "résilients".

Parmi les axes prioritaires du plan sur dix ans qu'ils doivent adopter cette semaine, le développement des énergies renouvelables et l'encouragement de l'"économie bleue" (notamment pêche durable) dans des archipels aux territoires terrestres très petits mais qui comptent 19% des Zones économiques exclusives (espace maritime sur lequel un Etat exerce sa souveraineté) de la planète.

Sans oublier la promotion d'un tourisme plus responsable, pour préserver une biodiversité exceptionnelle, notamment des coraux menacés qui attirent chaque année les amateurs de plongée du monde entier.

"Votre avenir est notre avenir. Notre terre, nos océans, notre planète, et finalement nous tous, avons besoin d'actions courageuses et déterminées", a plaidé le roi Charles III dans un message vidéo.

le Lundi 27 Mai 2024 à 10:11 | Lu 1027 fois