Leptospirose : personne n'est à l'abri


Lors des fortes pluies, il est fortement déconseillé de marcher pieds nus dans les rivières, les eaux de ruissellement, les flaques et la boue (Photo d'illustration).
PAPEETE, jeudi 13 février 2014. Deux hommes d’une soixantaine d’années, à Tahiti et Moorea, sont morts au cours des derniers jours après avoir été infectés par la leptospirose. Des investigations sont en cours pour savoir dans quelles conditions ces deux sexagénaires ont été contaminés par la bactérie que l'on retrouve dans les rivières ou les eaux de pluie. Les deux cas n'étaient pas considérés comme plus exposés que d'autres. Rappelons que cette maladie bactérienne survient par contact direct de l’homme avec des urines d’animaux. Lors des épisodes pluvieux, le risque de contamination est particulièrement accru.

Si la leptospirose a quasiment disparu en France métropolitaine, sauf auprès de populations exposées comme les éleveurs de cochons notamment, elle reste une maladie bien présente en outre-mer, en raison des climats chauds et humides qui favorisent le développement de la bactérie. La direction de la santé en Polynésie française comptabilise chaque année une centaine de cas de leptospirose confirmés : 60 à 80 de ces patients sont hospitalisés, dont 20 à 30 se retrouvent en réanimation en raison de diverses complications rénales ou hépatiques notamment qui surgissent chez des malades diagnostiqués tardivement.

L’incidence de cette maladie est donc importante sur notre territoire et est d’autant plus marquée lors de la saison des pluies. «Le ruissellement des eaux de pluie entraîne les urines de rats et de cochons dans les rivières, les eaux sont chargées de bactéries qui peuvent se transmettre à l’homme par contact» précise le docteur Henri-Pierre Mallet, du Bureau de veille sanitaire. C’est pourquoi, durant la saison des pluies, la Direction de la santé rappelle des messages de prévention : évitez de patauger dans la boue, de rester longuement les pieds à découvert dans les rivières, particulièrement aux embouchures. Le travail, nu pied, dans les faapu doit être proscrit.

Après sept jours de pluie, les deux premiers cas mortels intervenus cette semaine sur le territoire viennent rappeler cruellement la rapidité de cette infection bactérienne dont la mortalité (dans 5 à 10% des cas) intervient parce que le traitement adéquat, à base d’antibiotiques, n’est pas commencé suffisamment tôt. Le problème du diagnostic de la leptospirose vient compliquer les choses, car, la maladie qui débute avec une forte fièvre peut être assimilée à une grippe ou à une dengue. «En cas de fièvre importante qui survient brutalement, il est important de consulter un médecin. Une prise de sang suffit pour savoir si le malade est atteint d’une dengue, d’une leptospirose ou d’une grippe. En saison des pluies, les médecins ont à l’esprit ce risque accru et nous leur rappelons » détaille le docteur Henri-Pierre Mallet du Bureau de veille sanitaire.

Car le risque de la leptospirose en Polynésie n’épargne personne ni aucun lieu. Il ne suffit pas d’avoir un élevage de cochons à proximité de chez soi, la bactérie est également largement colportée par les rats et même les chiens. «On a déjà constaté des cas d’infection par la leptospirose jusque dans les vallées toutes proches du centre ville», personne n’est donc à l’abri.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 13 Février 2014 à 16:53 | Lu 1727 fois