Législatives: la droite explose après l'annonce par Ciotti d'une alliance avec le RN


Le président du Sénat Gérard Larcher a assuré mardi devant les sénateurs Les Républicains qu'il "n'avalisera jamais" un accord avec le Rassemblement national, prôné par le patron de LR Eric Ciotti aux législatives.Crédit STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Paris, France | AFP | mardi 11/06/2024 - Le patron de LR Eric Ciotti a provoqué mardi un séisme au sein de son parti en rompant le cordon sanitaire que la droite maintenait historiquement avec le Rassemblement national, provoquant une explosion de son parti et l'indignation de la majorité.

La rumeur sur un accord avec l'extrême droite avait couru tout au long de la matinée. Eric Ciotti l'a confirmée sur TF1 à la mi-journée: "Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes, (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats".

Le député des Alpes-Maritimes, connu pour ses positions droitières, est ainsi devenu le premier dirigeant de la droite républicaine à proposer un accord qui, s'il se concrétise, sera le premier de ce genre en France avec l'extrême droite.

Le patron de LR, qui juge son parti "trop faible" pour s'opposer à la macronie et au RN, a estimé que la droite avait besoin de cet accord pour préserver sa représentation à l'Assemblée nationale, qui compte aujourd'hui 61 députés, dont beaucoup ne sont pas sur sa ligne.

Estimant que "l'immense majorité des Républicains souhaitent cet accord", il a assuré être suivi par le président des jeunes LR, Guilhem Carayon, candidat dans le Tarn, la N.2 de la liste aux européennes Céline Imart, et des "dizaines de parlementaires".

Les Républicains, qui se sont effondrés sous la barre des 5% à la présidentielle en 2022, ont été pris en étau entre la majorité macroniste, qui a multiplié les débauchages dans ses rangs, et le RN et Reconquête qui ont séduit nombre de ses militants.

Au cours des dernières années, le parti a hésité entre une ligne droitière pour récupérer ses électeurs passés au RN et une autre plus centriste afin de ramener au bercail ceux qui ont rejoint la macronie.   

Interrogé sur son maintien à la tête de LR, M. Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, a répondu vouloir rester à son poste, précisant que "seuls les militants pourraient me l'enlever".

"On ne trahit pas!"

Après son annonce fracassante, de nombreux dirigeants du parti ont rejeté catégoriquement cette alliance, dont Laurent Wauquiez, pourtant soutenu par Eric Ciotti lui-même comme candidat de la droite à l'Elysée en 2027.

"Parfois on convainc, parfois on ne convainc pas, mais on ne trahit jamais", a-t-il déclaré à Yssingeaux (Haute-Loire) où il a annoncé sa candidature aux législatives. 

Le président LR du Sénat Gérard Larcher, qui s'est toujours opposé à un accord avec l'extrême droite, a assuré qu'il "n'avalisera jamais un accord avec le RN".

Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, est allé plus loin accusant le chef du parti de "déloyauté" et d'avoir "menti".

Son homologue à l'Assemblée, Olivier Marleix, a assuré que M. Ciotti "n'engage(ait) que lui" et devait démissionner.  

Selon un cadre du parti, les résultats décevants de LR aux européennes dans son bastion des Alpes-Maritimes, où la liste de François-Xavier Bellamy n'est arrivée que 5e avec 8,9% des voix, loin derrière le RN (37,7%), auraient joué un rôle dans la décision de M. Ciotti. 

Et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand était monté en première ligne pour exiger de M. Ciotti "une clarification" de la position du parti face au RN. 

"L'ADN de la droite républicaine, c'est jamais les extrêmes, jamais le Front national, jamais Marine Le Pen!", a martelé le président des Hauts-de-France, défendant "une droite sociale" qu'il a l'intention de porter.

Du côté du RN, en revanche, Marine Le Pen a salué "le choix courageux" et "le sens des responsabilités" d'Eric Ciotti et a dit espérer "qu'un nombre conséquent de cadres LR le suivent". 

"Quarante ans d'un pseudo cordon sanitaire, qui a fait perdre beaucoup d'élections, est en train de disparaître", a fait valoir auprès de l'AFP la patronne des députés Rassemblement national.

Depuis l'annonce par le chef de l'Etat de la dissolution de l'Assemblée nationale, le RN a multiplié les appels à la droite. 

Son président Jordan Bardella a affirmé mardi que son parti soutiendrait des candidats de droite aux législatives anticipées du 30 juin.

Rédigé par RB le Mardi 11 Juin 2024 à 06:41 | Lu 1487 fois