Législatives: la campagne démarre, Attal veut éviter la "catastrophe" des "extrêmes"


Crédit Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Paris, France | AFP | lundi 17/06/2024 - La campagne éclair du premier tour des législatives du 30 juin a officiellement débuté lundi, toujours sous haute tension après le feuilleton des trahisons et des alliances à droite comme à gauche, que l'exécutif renvoie dos à dos en pointant un risque de "catastrophe économique".

Les blocs sont en place. Depuis 18H00 dimanche, tous les candidats à l'un des 577 sièges de députés sont enregistrés en préfecture. 

Chef de campagne de la majorité, le Premier ministre Gabriel Attal a lancé la semaine dans le Val-de-Marne, en soutien du député sortant Mathieu Lefèvre: "On va se battre mètre carré par mètre carré" contre "les extrêmes", a-t-il assuré, fustigeant les projets "terribles pour l'économie" du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, ses deux cibles.

Gabriel Attal s'est notamment appuyé sur la mise en garde de l'Afep, qui réunit les 117 plus grandes entreprises françaises et a alerté lundi sur un "risque majeur" de "décrochage durable" de l'économie française et européenne.

Face à ce risque de "catastrophe économique", la majorité sortante présentera des candidats utiles sous la bannière "Ensemble pour la République" dans 489 circonscriptions, a précisé M. Attal.

Mais dans "une soixantaine" de cas, la majorité sortante "a fait le choix de ne pas envoyer de candidats pour garantir de faire barrage aux extrêmes", a-t-il ajouté. 

Par exemple, le député LR sortant Francis Dubois en Corrèze, face à l'ex-président François Hollande de retour sous l'étiquette du Nouveau Front populaire.

- Champ libre -

D'autres adversaires d'hier ont également le champ libre, comme les LR Michèle Tabarot et Philippe Juvin ou les membres du groupe centriste Liot à l'Assemblée nationale Bertrand Pancher et Charles de Courson. Pas de concurrent macroniste non plus face à Jérôme Guedj, qui se représente dans l'Essonne avec l'appui du Parti socialiste mais face à une rivale de Générations soutenue par LFI.

Sonné par la dissolution, le camp présidentiel garde l'espoir de conserver une majorité, loin d'être acquise au vu des sondages qui ne lui accordent qu'environ 20% des intentions de vote à deux semaines du scrutin.

Le camp présidentiel cravache pour défendre le bilan du président Emmanuel Macron localement. Au Perreux-sur-Marne, Gabriel Attal l'a d'ailleurs constaté lors d'un échange avec un sympathisant. "Vous, vous êtes bien, mais il faudra dire au président qu'il ferme sa gueule", lui a lancé un monsieur. "Là, c'est une élection législative ! On vote pour le Premier ministre", lui a répondu le chef du gouvernement.

Le RN, lui, compte toujours plus de 30% d'intentions de vote dans les sondages et s'emploie à rassurer les électeurs. "Il n'y a pas de raison d'avoir peur" en cas d'arrivée au pouvoir, a assuré son vice-président Sébastien Chenu sur France Inter.

Le chef de file Jordan Bardella, promis à Matignon à seulement 28 ans, avait déjà donné des gages sur la réforme des retraites -"importante" mais pas "prioritaire"- tandis que Marine Le Pen faisait savoir qu'elle ne demanderait pas la démission d'Emmanuel Macron en cas de succès, écartant le spectre d'une crise institutionnelle.

Au contraire, elle a souhaité constituer un "gouvernement d'union nationale". Peut-être avec quelques-uns de ses nouveaux alliés venus de LR dans les bagages d'Eric Ciotti, qui revendique 62 candidats "du rassemblement des droites" soutenus par le RN.

- Procurations -

Mais la branche "historique" des LR anti-Ciotti a de son côté annoncé avoir investi "près de 400 candidats", dont un dans les Alpes-Maritimes face à leur président désavoué.

Une lutte fratricide à laquelle Reconquête! ne participera pas: le parti d'Eric Zemmour a choisi de ne pas présenter de candidat dans près de la moitié des circonscriptions pour favoriser "les artisans de l'union nationale" comme M. Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan.

En deuxième position dans les sondages avec 25% des intentions de vote, la gauche est déjà au défi de maintenir son union retrouvée. Un premier meeting est prévu lundi soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), en présence des chefs de partis Olivier Faure (PS), Marine Tondelier (Ecologistes), Fabien Roussel (PCF) et des insoumis François Ruffin et Mathilde Panot.

Ce rassemblement se tiendra dans la circonscription du sortant Alexis Corbière, non réinvesti par LFI et qui a décidé de maintenir sa candidature en dénonçant une "purge" de l'appareil dirigé par les fidèles de Jean-Luc Mélenchon. Tout comme d'autres figures historiques du mouvement de gauche radicale, dont sa compagne Raquel Garrido.

Des cas qui ont suscité de vives critiques au sein du Nouveau Front populaire, tout comme celui du militant antifa Raphaël Arnault, fiché S selon une source proche du dossier mais tout de même investi par LFI dans le Vaucluse.

Signe de l'intérêt pour cette élection historique, plus de 400.000 procurations ont été réalisées depuis le 10 juin, soit six fois et demie plus que lors des législatives de 2022 sur la même période.

le Lundi 17 Juin 2024 à 07:12 | Lu 243 fois