Législatives en Polynésie: profusion de candidats et malaise politique


PAPEETE, 17 mai 2012 (AFP) - Quarante-cinq candidats pour trois circonscriptions en Polynésie française: cette profusion de postulants pour les élections législatives illustre une nouvelle fois le malaise politique dans cette collectivité d'outre-mer.

Le premier tour a été avancé au 2 juin pour permettre l'acheminement de la propagande électorale entre les deux tours dans ces cinq archipels, répartis sur une surface grande comme l'Europe dans le Pacifique sud. Dans certaines îles sans piste aérienne, la propagande et le matériel de vote seront largués par avion.

La Polynésie française aura en juin un député de plus. Sur les deux sortants, les UMP Bruno Sandras et Michel Buillard, seul le premier se représente.

Les concepts de gauche et de droite ont peu de sens en Polynésie, où le principal clivage reste l'aspiration à l'indépendance ou le maintien au sein de la République française avec une large autonomie.

Les indépendantistes sont unis derrière Oscar Temaru, allié au Parti socialiste, et ne présentent qu'un candidat dans chaque circonscription.

Les autonomistes comptent plus d'électeurs mais partent très divisés, derrière les leaders Gaston Flosse ou Gaston Tong Sang, mais aussi une myriade de petits partis, ou encore en candidats libres.

L'UMP n'a pour le moment accordé qu'une investiture, au député sortant Bruno Sandras.

Les trois circonscriptions comptent 14, 15 et 16 candidats, une profusion de candidatures qui peut s'expliquer par le rejet des partis traditionnels par la population.

En effet, les alliances et mésalliances à l'Assemblée locale ont provoqué 13 changements de gouvernement depuis 2004. Et à cette crise politique quasi endémique se superpose une grave crise économique et sociale.

Les candidats qui se disent apolitiques peuvent s'inspirer de Patrice Jamet. Ce président d'une association caritative avait battu, en février 2011, le maire sortant de la ville de Mahina, Emile Vernaudon, en place depuis 34 ans, et qui se présentait depuis sa cellule. Cet ancien député y purge une peine de cinq ans de prison ferme, pour recel et complicité de détournement de fonds publics, complicité de faux et usage de faux, et prise illégale d'intérêts.

L'un des candidats à la députation, Clarenntz Vernaudon, est représentant à l'assemblée locale et vient de passer cinq mois en détention provisoire après une mise en examen dans une affaire d'escroquerie en bande organisée, et de faux et usage de faux.

Dans ce climat, de nombreux candidats ont pour objectif de renouveler la classe politique, de mettre fin aux pratiques clientélistes et aux affaires qui ont touché des personnalités de premier plan, comme l'ancien président de la Polynésie, Gaston Flosse.

Les principaux partis ont compris ce désir de renouvellement, et présentent eux aussi des candidats jeunes, voire novices en politique.

Ce choix avait réussi au parti d'Oscar Temaru aux dernières sénatoriales: l'avocat Richard Tuheiava (app. PS) était devenu à 34 ans le plus jeune élu de la haute assemblée.

D'autres candidats saisissent cette occasion pour s'offrir une tribune médiatique, dans cette collectivité qui compte deux quotidiens et deux chaînes de télévision pour 270.000 habitants.

Mais certaines candidatures laissent perplexes, comme celle de Teriiorai Oopa, qui vivrait sans téléphone sur l'île de Huahine, et n'a pu être joint.

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les 45 candidats

Rédigé par Par Mike LEYRAL le Mercredi 16 Mai 2012 à 23:02 | Lu 3072 fois