Législatives en France : les pays européens très divisés dans leurs réactions


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Paris, France | AFP | lundi 01/07/2024 - Les pays européens ont manifesté lundi des réactions très différentes, opposées même pour certains, aux résultats du premier tour des élections législatives en France, du "grand danger" au constat réjoui que la "diabolisation" de l'extrême droite n'est fonctionne plus autant qu'avant.

"Cela commence vraiment à ressembler à un grand danger", a déclaré à la presse le Premier ministre polonais Donald Tusk, à Rzeszow (sud-est) près de la frontière avec l'Ukraine.

L'ancien chef du Conseil européen a évoqué une "tendance dangereuse" et sa crainte que "la France puisse devenir bientôt l'homme malade de l'Europe, condamnée à une confrontation entre les forces radicales".

A la tête d'une large coalition centriste et pro-européenne, M. Tusk a ravi en octobre dernier en Pologne le pouvoir au parti nationaliste PiS.

En Italie, dirigée à l'inverse par une coalition menée par le parti post-fasciste Fratelli d'Italia, la Première ministre Giorgia Meloni s'est réjouie que la "diabolisation" de l'extrême droite soit moins suivie.

"La tentative constante de diaboliser les gens qui ne votent pas à gauche (...) est un piège dans lequel tombent de moins en moins de gens", a-t-elle déclaré à l'agence Adnkronos. "Nous l'avons observé en Italie, on le voit de plus en plus en Europe et dans tout l'Occident".

Aux antipodes, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, à la tête d'une coalition de gauche, a insisté sur le fait qu'il ne tenait pas "pour acquise la victoire de l'extrême droite".

"Je garde espoir en la mobilisation de la gauche française" pour le second tour, a-t-il déclaré à la radio Cadena Ser, en jugeant que pour contrer l'extrême droite il fallait "miser sur des politiques progressistes" et gouverner "comme l'Espagne le fait depuis six ans", sous sa direction.

- "Personne ne peut rester indifférent" -

Berlin, à travers sa cheffe de la diplomatie, a laissé percer de son côté une inquiétude pour l'UE, en rappelant que "l'Allemagne et la France portent une responsabilité particulière pour notre Europe commune".

"Personne ne peut rester indifférent (...) si chez notre tout proche partenaire et meilleur ami, un parti qui voit dans l'Europe le problème et non la solution arrive largement en tête", a déclaré à Berlin Annalena Baerbock, lors d'une conférence de presse avec son homologue lettonne.

A l'est du continent, le Kremlin a lui fait savoir qu'il suivait de "très près les élections en France". "Nous attendons le deuxième tour, mais les préférences des électeurs français sont plus ou moins claires pour nous", a affirmé son porte-parole Dmitri Peskov.

D'autres responsables russes ont replacé les résultats du premier tour en France dans le contexte plus large des scrutins à venir, en particulier aux Etats-Unis.  

"La semaine dernière, on a vu (Joe) Biden perdre le débat (face à Donald Trump). Et maintenant le parti de Macron a perdu en arrivant à la troisième place aux législatives. Les chefs d'Etat au pouvoir subissent des défaites fracassantes", a estimé Viatcheslav Volodine, le président de la Douma (chambre basse du Parlement).

La France a vu l'extrême droite et ses alliés arriver en tête dimanche du premier tour des législatives anticipées (33,1% des voix), devant la gauche unie (28%) et le camp du président Emmanuel Macron (20%).

le Lundi 1 Juillet 2024 à 05:59 | Lu 325 fois