Suva, Fidji | AFP | jeudi 15/12/2022 - L'opposition fidjienne a demandé jeudi l'arrêt du décompte des voix aux élections législatives dans ce pays sujet aux coups d'Etat, invoquant une grave "anomalie" remettant selon elle en cause le scrutin.
Les électeurs de cette chaîne de plus de 300 îles du Pacifique Sud votaient mercredi pour élire leur gouvernement pour les quatre prochaines années.
Deux anciens chefs militaires sont en lice pour le poste de Premier ministre: le candidat sortant Frank Bainimarama, arrivé au pouvoir lors d'un putsch il y a 16 ans, et Sitiveni Rabuka, deux fois putschiste et surnommé "Rambo".
Après quatre coups d'Etat au cours des 35 dernières années, le vote est considéré comme un test pour la démocratie naissante de la nation du Pacifique.
M. Rabuka a pris une avance rapide au moment des premiers décomptes de bulletins mercredi, augmentant les espoirs de victoire de ses soutiens et d'un premier transfert de pouvoir pacifique en deux décennies.
Ensuite, lors d'une conférence de presse organisée à la hâte jeudi matin, le superviseur des élections Mohammed Saneem a fait savoir qu'une "anomalie" avait été détectée.
Quatre heures plus tard, à l'aube, les résultats provisoires étaient de retour en ligne et M. Bainimarama était en tête pour remporter les élections.
M. Saneem a cité un "décalage" entre les votes exprimés et le décompte d'un candidat, auquel le bureau électoral avait "remédié" en "revoyant l'ensemble du mécanisme par lequel nous diffusions les résultats".
L'irrégularité, survenue tard dans la nuit, a dominé les bulletins d'information et a été accueillie avec scepticisme et colère sur les réseaux sociaux, mais M. Saneem a défendu l'intégrité du décompte.
Après des discussions tendues avec son équipe au quartier général de la campagne, M. Rabuka a déclaré à l'AFP qu'il envisageait un recours en justice.
"Nous explorerons toutes les voies à notre disposition pour nous assurer que le peuple ne se voit pas refuser son droit d'élire son gouvernement", a fait savoir M. Rabuka, ajoutant qu'il porterait d'abord son cas devant la commission électorale du pays.
Avec trois autres leaders de l'opposition, il a ensuite menacé de boycotter le prochain parlement si leurs demandes d'arrêt du décompte et d'un audit ne sont pas satisfaites.
M. Rabuka a déclaré qu'il envisageait également d'écrire à l'armée pour s'assurer que l'élection était équitable, mais il a tenu à assurer qu'il n'y aurait "pas de coup d'Etat".
Les organisateurs du scrutin ont qualifié l'incident d'"anomalie" et ont fait état de résultats provisoires que la plupart des observateurs jugeaient improbables, selon lesquels plusieurs politiciens peu connus avaient remporté des milliers de voix et largement devancé les principaux partis.
Le superviseur des élections a rejeté les allégations de fraude électorale, les qualifiant de "théories du complot". "Je n'ai rien à cacher", a-t-il insisté, tout en excluant un arrêt anticipé du comptage.
Mais M. Rabuka et les trois autres leaders de l'opposition ne sont pas convaincus.
"Nous en avons assez de ces élections truquées", a déclaré aux journalistes Mahendra Chaudhry, leader du Parti travailliste fidjien et ancien Premier ministre.
M. Bainimarama a jusqu'à présent gardé le silence sur la controverse.
Le chef de l'Eglise méthodiste a affirmé de son côté avoir perdu confiance dans le système de dépouillement des votes.
"Nous espérons que la prudence requise sera accordée à ceux qui demandent justice", a déclaré le révérend Ili Vunisuwai dans un communiqué publié sur Facebook.
Les 97 membres du Groupe multinational d'observateurs présents aux Fidji pour superviser le décompte des voix ont évité de s'exprimer.
Attente nerveuse
L'analyste spécialisé dans la région Pacifique, Tess Newton Cain, estime que le problème "pourrait saper la confiance envers les élections dans leur ensemble".
"Cela sapera très probablement la confiance dans le bureau des élections et Saneem en tant que superviseur", selon M. Newton Cain, chef de projet au Pacific Hub de l'Université Griffith.
Alors que les résultats définitifs ne sont pas attendus avant dimanche, les décomptes partiels témoignent d'une course serrée.
Jeudi à l'aube, le parti FijiFirst détenait environ 45% des voix sur plus de la moitié des 2.071 bureaux de vote du pays dépouillés.
L'Alliance populaire de M. Rabuka et son partenaire de coalition, le Parti de la fédération nationale, comptaient à eux deux un peu moins de 42% des voix.
Un autre parti potentiel de la coalition se situait juste en dessous du seuil de 5% pour siéger au parlement. Cette fracture de l'opposition pourrait une fois de plus offrir la victoire à M. Bainimarama.
Les résultats auront un impact au-delà de l'archipel. M. Rabuka a déjà indiqué que s'il était élu, son pays, l'une des nations les plus prospères et influentes du Pacifique Sud, pourrait s'éloigner de la Chine.
Les Fidji se sont rapprochées de la Chine durant les mandats de M. Bainimarama, appliquant la politique dite de "regard vers le Nord" pour stabiliser l'économie, après les lourdes sanctions commerciales imposées à son pays par l'Australie et la Nouvelle-Zélande en représailles à son coup d'Etat de 2006.
Les électeurs de cette chaîne de plus de 300 îles du Pacifique Sud votaient mercredi pour élire leur gouvernement pour les quatre prochaines années.
Deux anciens chefs militaires sont en lice pour le poste de Premier ministre: le candidat sortant Frank Bainimarama, arrivé au pouvoir lors d'un putsch il y a 16 ans, et Sitiveni Rabuka, deux fois putschiste et surnommé "Rambo".
Après quatre coups d'Etat au cours des 35 dernières années, le vote est considéré comme un test pour la démocratie naissante de la nation du Pacifique.
M. Rabuka a pris une avance rapide au moment des premiers décomptes de bulletins mercredi, augmentant les espoirs de victoire de ses soutiens et d'un premier transfert de pouvoir pacifique en deux décennies.
Ensuite, lors d'une conférence de presse organisée à la hâte jeudi matin, le superviseur des élections Mohammed Saneem a fait savoir qu'une "anomalie" avait été détectée.
Quatre heures plus tard, à l'aube, les résultats provisoires étaient de retour en ligne et M. Bainimarama était en tête pour remporter les élections.
M. Saneem a cité un "décalage" entre les votes exprimés et le décompte d'un candidat, auquel le bureau électoral avait "remédié" en "revoyant l'ensemble du mécanisme par lequel nous diffusions les résultats".
L'irrégularité, survenue tard dans la nuit, a dominé les bulletins d'information et a été accueillie avec scepticisme et colère sur les réseaux sociaux, mais M. Saneem a défendu l'intégrité du décompte.
Après des discussions tendues avec son équipe au quartier général de la campagne, M. Rabuka a déclaré à l'AFP qu'il envisageait un recours en justice.
"Nous explorerons toutes les voies à notre disposition pour nous assurer que le peuple ne se voit pas refuser son droit d'élire son gouvernement", a fait savoir M. Rabuka, ajoutant qu'il porterait d'abord son cas devant la commission électorale du pays.
Avec trois autres leaders de l'opposition, il a ensuite menacé de boycotter le prochain parlement si leurs demandes d'arrêt du décompte et d'un audit ne sont pas satisfaites.
M. Rabuka a déclaré qu'il envisageait également d'écrire à l'armée pour s'assurer que l'élection était équitable, mais il a tenu à assurer qu'il n'y aurait "pas de coup d'Etat".
Les organisateurs du scrutin ont qualifié l'incident d'"anomalie" et ont fait état de résultats provisoires que la plupart des observateurs jugeaient improbables, selon lesquels plusieurs politiciens peu connus avaient remporté des milliers de voix et largement devancé les principaux partis.
Le superviseur des élections a rejeté les allégations de fraude électorale, les qualifiant de "théories du complot". "Je n'ai rien à cacher", a-t-il insisté, tout en excluant un arrêt anticipé du comptage.
Mais M. Rabuka et les trois autres leaders de l'opposition ne sont pas convaincus.
"Nous en avons assez de ces élections truquées", a déclaré aux journalistes Mahendra Chaudhry, leader du Parti travailliste fidjien et ancien Premier ministre.
M. Bainimarama a jusqu'à présent gardé le silence sur la controverse.
Le chef de l'Eglise méthodiste a affirmé de son côté avoir perdu confiance dans le système de dépouillement des votes.
"Nous espérons que la prudence requise sera accordée à ceux qui demandent justice", a déclaré le révérend Ili Vunisuwai dans un communiqué publié sur Facebook.
Les 97 membres du Groupe multinational d'observateurs présents aux Fidji pour superviser le décompte des voix ont évité de s'exprimer.
Attente nerveuse
L'analyste spécialisé dans la région Pacifique, Tess Newton Cain, estime que le problème "pourrait saper la confiance envers les élections dans leur ensemble".
"Cela sapera très probablement la confiance dans le bureau des élections et Saneem en tant que superviseur", selon M. Newton Cain, chef de projet au Pacific Hub de l'Université Griffith.
Alors que les résultats définitifs ne sont pas attendus avant dimanche, les décomptes partiels témoignent d'une course serrée.
Jeudi à l'aube, le parti FijiFirst détenait environ 45% des voix sur plus de la moitié des 2.071 bureaux de vote du pays dépouillés.
L'Alliance populaire de M. Rabuka et son partenaire de coalition, le Parti de la fédération nationale, comptaient à eux deux un peu moins de 42% des voix.
Un autre parti potentiel de la coalition se situait juste en dessous du seuil de 5% pour siéger au parlement. Cette fracture de l'opposition pourrait une fois de plus offrir la victoire à M. Bainimarama.
Les résultats auront un impact au-delà de l'archipel. M. Rabuka a déjà indiqué que s'il était élu, son pays, l'une des nations les plus prospères et influentes du Pacifique Sud, pourrait s'éloigner de la Chine.
Les Fidji se sont rapprochées de la Chine durant les mandats de M. Bainimarama, appliquant la politique dite de "regard vers le Nord" pour stabiliser l'économie, après les lourdes sanctions commerciales imposées à son pays par l'Australie et la Nouvelle-Zélande en représailles à son coup d'Etat de 2006.