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Législatives aux Fidji: échec des négociations, les électeurs toujours dans l'attente


Crédit SAEED KHAN / AFP
Crédit SAEED KHAN / AFP
Suva, Fidji | AFP | lundi 18/12/2022 - Qui prendra la tête du gouvernement des îles Fidji? La question restait en suspens après l'échec lundi des négociations à l'issue des élections législatives qui n'ont pas permis de départager les deux principales forces politiques.

Ni le Premier ministre sortant Frank Bainimarama, 68 ans, en poste depuis 16 ans à la faveur d'un coup d'Etat, ni son rival Sitiveni Rabuka, 74 ans, ancien chef du gouvernement et deux fois putschiste, n'ont obtenu une majorité claire lors du scrutin de mercredi, marqué par des accusations de fraude et des appels à l'intervention de l'armée par M. Rabuka.

Le parti de M. Bainimarama, Fiji First, et la coalition menée par M. Rabuka devraient obtenir 26 sièges chacun au sein du Parlement qui en compte 55, selon le décompte officiel des votes.

Pour espérer gouverner, les deux candidats doivent désormais conclure une alliance avec le parti social-démocrate, dirigé par le très religieux Viliame Gavoka, à qui les estimations accordent les trois derniers sièges décisifs.

Mais M. Gavoka - brouillé avec les deux prétendants au poste de Premier ministre - et son parti ne sont pas parvenus à trancher entre les deux.

Lundi, les dirigeants du parti social démocrate (Sodelpa) se sont réunis dans une salle du centre de Suva, entourés par une forte présence policière. Ils devaient décider d'un gouvernement de coalition. "Sodelpa va décider aujourd'hui", déclarait la première page du tabloïd local Fiji Sun.

Mais M. Gavoka, ancien président de l'Union de rugby des Fidji, a déclaré plus tard à la presse que de nouvelles informations seraient communiquées mercredi.

"Tribu perdue" 

Le processus pourrait encore se prolonger car avant de parvenir à un choix, un "conseil de gestion" composé d'une quarantaine de membres doit aboutir à une position majoritaire.

L'un des principaux points de friction des négociations concerne la volonté de M. Gavoka d'ouvrir une ambassade fidjienne à Jérusalem, son parti cherchant à séduire l'électorat religieux autochtone.

Certains Fidjiens autochtones, aussi appelés iTaukei, sont convaincus qu'ils descendent d'une "tribu biblique perdue d'Israël", selon l'anthropologue Edwin Jones.

Des partisans des sociaux-démocrates brandissaient des drapeaux bleus et blancs portant des écritures hébraïques tandis que les membres du parti se réunissaient, et certaines voitures à l'extérieur arboraient des autocollants de soutien à Israël.

Le scrutin était considéré comme un test pour la jeune démocratie de l'archipel et dans les rues de Suva, la capitale, nombreux sont ceux qui avaient espéré que les élections se dérouleraient sans heurts et que les résultats seraient rapides.

Le Premier ministre sortant Frank Bainimarama ne s'est pas exprimé en public depuis le vote de mercredi, mais ses représentants travaillent en coulisse pour trouver un accord en vue de former un nouveau gouvernement.

M. Rabuka, ancien international de rugby surnommé "Rambo", a prédit une période de "marchandage". Il n'a pas revendiqué la victoire dimanche mais a déclaré à ses soutiens: "Pour ceux qui suivront, les générations à venir, ils regarderont cette élection et diront que c'était un tournant dans le parcours des Fidji."

"Ensemble, nous allons découvrir le cœur de cette grande nation qui est la nôtre", a ajouté celui qui a mené deux coups d'État en 1987.

le Lundi 19 Décembre 2022 à 05:57 | Lu 498 fois