Législatives anticipées: le RN se dit "prêt", les oppositions s'interrogent


Crédit Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 09/06/2024 - Après le coup de tonnerre de la dissolution annoncée dimanche par Emmanuel Macron, le Rassemblement national s'est dit "prêt" à gouverner, tandis que les oppositions oscillaient entre dénonciation d'un "jeu dangereux" et envie d'en découdre.

"Je dissous ce soir l'Assemblée nationale", a annoncé Emmanuel Macron en parlant de "décision grave, lourde" après la victoire de l'extrême droite française aux élections européennes. Mais la convocation de ces législatives, les 30 juin et 7 juillet, marque un "temps de clarification indispensable", a-t-il ajouté.

"Nous sommes prêts à exercer le pouvoir si les Français nous font confiance", a immédiatement déclaré la cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen. "Nous sommes prêts à redresser le pays, prêts à défendre les intérêts des Français, prêts à mettre fin à cette immigration de masse, prêts à faire du pouvoir d'achat des Français une priorité, prêts à entamer la réindustrialisation du pays", a-t-elle détaillé.

Le Rassemblement national "se battra" pour que Jordan Bardella "arrive à Matignon", a affirmé le vice-président du RN Louis Aliot.

Une heure auparavant, le candidat RN aux européennes Jordan Bardella, qui a recueilli entre 31,5% et 32% des voix, avait "solennellement" demandé à Emmanuel Macron "d'organiser de nouvelles élections législatives" pour tirer les leçons de son "désaveu cinglant".

- "Prise de risque" -

Côté majorité présidentielle, le président du MoDem François Bayrou a salué "une prise de risque" du président pour "sortir le pays du marasme". "Il a eu une décision gaullienne, gaulliste", a estimé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Et le camp Macron "donnera l'investiture" aux députés sortants, y compris d’opposition, "faisant partie du champ républicain" et souhaitant "s'investir dans un projet clair" autour de la majorité présidentielle, a déclaré à l'AFP le secrétaire général du parti Renaissance, Stéphane Séjourné.

A gauche, Raphaël Glucksmann, dont la liste PS-Place publique s'est hissée à la troisième place des européennes avec autour de 14% des voix, a fustigé un "jeu extrêmement dangereux". "Cette dissolution exigée par Jordan Bardella restera une tache sur le quinquennat d'Emmanuel Macron", a-t-il ajouté.

"Quand on est insoumis et insoumises, on ne craint pas le peuple. C'est le contraire" a affirmé le chef de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon. Mais il a déploré "la responsabilité désastreuse de tous ceux qui nous ont refusé la possibilité d'entrer dans cette bataille unis" lors des européennes, où la liste LFI a réuni entre 9,1% et 10,1% des voix.

La candidate écologiste Marie Toussaint (EELV), juste au-dessus de 5% aux européennes selon les estimations, a elle annoncé des discussions "très certainement dans les heures qui viennent" avec les autres forces de gauche. Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a appelé les partis de gauche à travailler à un "pacte pour la France". 

Même son de cloche du côté du patron du PS Olivier Faure qui a invité la gauche à travailler à un "rassemblement utile" alors que le rapport de forces "a évolué".

A droite, le président des Républicains Eric Ciotti a estimé que cette dissolution était "la seule solution". Il a assuré que LR, qui a totalisé un peu plus de 7% aux européennes, irait sous ses "couleurs" aux législatives, "sans aucune forme de coalition (...) avec ce pouvoir qui a tant abimé la France".

Mais pour l'ex-candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse, "dissoudre sans donner à personne le temps de s’organiser et sans campagne, c’est jouer à la roulette russe avec le destin du pays".

Eric Zemmour, pour Reconquête, a en revanche appelé à "la plus vaste union des droites". La candidate Marion Maréchal s'est dite pour cela "prête à rencontrer dans les jours qui viennent Marine Le Pen et Jordan Bardella, Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan" (le président de Debout la France, NDLR).

le Dimanche 9 Juin 2024 à 13:01 | Lu 362 fois