Nono, Simulium
MARQUISES, le 1er août 2016. Tahiti Heritage vous raconte cette semaine comment ces petits moucherons (nono) dont la piqûre provoque d’horribles démangeaisons, ont soudainement envahi les îles de Nuku Hiva et de Ua Pou aux Marquises.
Un grand chef de Nuku Hiva qui venait de perdre son père, vint à Atuona sur l’île voisine de Hiva Oa, avec cent quarante guerriers, chercher de pierres pour construire un paepae (plateforme) mortuaire. Une fois sur place, le chef de Atuona lui dit de prendre les pierres chez Vehine-Atua, une prêtresse. Quand il arriva, celle-ci le salua : « Quelles sont les nouvelles de Nuku Hiva ? ».
Il répondit : « je viens chercher des pierres pour la plate forme mortuaire de mon père ». Vehine-Atua lui dit qu’il aurait des pierres que s’il acceptait de la ramener avec lui à Nuku Hiva. Le chef hésita et lui expliqua qu’il était tapu (interdit) pour une femme de monter sur une pirogue. Elle insista tellement, que les guerriers pour mettre fin à ses arguments acceptèrent de la prendre à bord.
Le mari de Vehine Atua, un certain Fatu-a-nono (fatu = maître), prit alors tous les simulies (nono) de l’endroit et les plaça à l’intérieur d’une calebasse. Il accompagna sa femme jusqu’au bord de la mer et dit au chef de Nuku Hiva qui les attendait avec ses pirogues : « ae kave tena vehine i to oe vaka, ua tapu » (tu ne dois pas prendre cette femme dans ta pirogue, c’est interdit). Vehine-Atua fit rouler les cailloux de la rivière jusqu’à la mer, puis les mit à l’intérieur des pirogues.
Tout le monde partit. Lorsqu’ils furent au large du cap ouest de Taipivai, appelé Tikapo, le chef dit à ces hommes : « A présent, jetez Vehine-Atua et son bâton de prêtresse ainsi que Fatu-a-nono à la mer. Ces pierres pour la plate forme de mon père sont tapu et ne doivent pas arriver dans une pirogue qui transporte une femme». Ceux-ci, les jetèrent dans la mer, à mi chemin entre les îles de Ua Pou et de Nuku Hiva.
Une fois tombée à l’eau, Vehine-Atua dit à son mari : « Casse la calebasse » et tous les nono purent sortir. La moitié d’entre eux allèrent sur Nuku Hiva, et l’autre moitié à Ua Pou. Cela explique la présence des nono sur ces deux îles, et leur absence à Hiva Oa.
Grâce à son mana, Vehine Atua et Fatuanono montèrent sur le bâton de prêtresse qui les porta jusqu’au rivage de Taipivai.
Une tempête terrifiante avec le tonnerre, de puissants éclairs et un vent hors du commun arriva, et c’est alors que la pirogue sombra avec les hommes et les pierres.
Version recueillie par Handy en 1921 à Hiva Oa.
Un grand chef de Nuku Hiva qui venait de perdre son père, vint à Atuona sur l’île voisine de Hiva Oa, avec cent quarante guerriers, chercher de pierres pour construire un paepae (plateforme) mortuaire. Une fois sur place, le chef de Atuona lui dit de prendre les pierres chez Vehine-Atua, une prêtresse. Quand il arriva, celle-ci le salua : « Quelles sont les nouvelles de Nuku Hiva ? ».
Il répondit : « je viens chercher des pierres pour la plate forme mortuaire de mon père ». Vehine-Atua lui dit qu’il aurait des pierres que s’il acceptait de la ramener avec lui à Nuku Hiva. Le chef hésita et lui expliqua qu’il était tapu (interdit) pour une femme de monter sur une pirogue. Elle insista tellement, que les guerriers pour mettre fin à ses arguments acceptèrent de la prendre à bord.
Le mari de Vehine Atua, un certain Fatu-a-nono (fatu = maître), prit alors tous les simulies (nono) de l’endroit et les plaça à l’intérieur d’une calebasse. Il accompagna sa femme jusqu’au bord de la mer et dit au chef de Nuku Hiva qui les attendait avec ses pirogues : « ae kave tena vehine i to oe vaka, ua tapu » (tu ne dois pas prendre cette femme dans ta pirogue, c’est interdit). Vehine-Atua fit rouler les cailloux de la rivière jusqu’à la mer, puis les mit à l’intérieur des pirogues.
Tout le monde partit. Lorsqu’ils furent au large du cap ouest de Taipivai, appelé Tikapo, le chef dit à ces hommes : « A présent, jetez Vehine-Atua et son bâton de prêtresse ainsi que Fatu-a-nono à la mer. Ces pierres pour la plate forme de mon père sont tapu et ne doivent pas arriver dans une pirogue qui transporte une femme». Ceux-ci, les jetèrent dans la mer, à mi chemin entre les îles de Ua Pou et de Nuku Hiva.
Une fois tombée à l’eau, Vehine-Atua dit à son mari : « Casse la calebasse » et tous les nono purent sortir. La moitié d’entre eux allèrent sur Nuku Hiva, et l’autre moitié à Ua Pou. Cela explique la présence des nono sur ces deux îles, et leur absence à Hiva Oa.
Grâce à son mana, Vehine Atua et Fatuanono montèrent sur le bâton de prêtresse qui les porta jusqu’au rivage de Taipivai.
Une tempête terrifiante avec le tonnerre, de puissants éclairs et un vent hors du commun arriva, et c’est alors que la pirogue sombra avec les hommes et les pierres.
Version recueillie par Handy en 1921 à Hiva Oa.
Motifs de tatouage marquisien représentant des nonos, d’après K. Von den Steinen (1925) et W.C. Handy (1938)
Les nono un cauchemar polynésien
Les nono de Polynésie française sont des Diptères hématophages endémiques ou d’importation récente, dont la piqûre provoque d’horribles démangeaisons. Petits, presque insignifiants, c’est leur nombre et leur agressivité qui leur procurent une capacité de nuisance considérable. Ils sont redoutés des touristes comme des habitants au point d’empêcher localement le développement des activités humaines.
Le Nono noir des rivières, Simulium buissoni ressemble à une petite mouche noire un peu bossue. Il tire son nom anglais « blackfly » de cette ressemblance. Il est cantonné dans les deux îles de Nuku Hiva et de Eiao de l’archipel des Marquises. Seules les femelles piquent car le « repas » de sang est nécessaire à la maturation des œufs.
Les nono sont à l’origine d’un grand nombre de contes et légendes locales comme celle de Fatuanono et on les retrouve aussi, sous forme stylisée, dans les motifs des tatouages traditionnels.
Source : Des nonos et des hommes par H. Lavondes et G. Pichon. ORSTOM. Bull. de la Société des Etudes Océaniennes, juin 1972, n° 179.
Photos :
Les nono de Polynésie française sont des Diptères hématophages endémiques ou d’importation récente, dont la piqûre provoque d’horribles démangeaisons. Petits, presque insignifiants, c’est leur nombre et leur agressivité qui leur procurent une capacité de nuisance considérable. Ils sont redoutés des touristes comme des habitants au point d’empêcher localement le développement des activités humaines.
Le Nono noir des rivières, Simulium buissoni ressemble à une petite mouche noire un peu bossue. Il tire son nom anglais « blackfly » de cette ressemblance. Il est cantonné dans les deux îles de Nuku Hiva et de Eiao de l’archipel des Marquises. Seules les femelles piquent car le « repas » de sang est nécessaire à la maturation des œufs.
Les nono sont à l’origine d’un grand nombre de contes et légendes locales comme celle de Fatuanono et on les retrouve aussi, sous forme stylisée, dans les motifs des tatouages traditionnels.
Source : Des nonos et des hommes par H. Lavondes et G. Pichon. ORSTOM. Bull. de la Société des Etudes Océaniennes, juin 1972, n° 179.
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Motifs de tatouage marquisien représentant des nonos, d’après K. Von den Steinen (1925) et W.C. Handy (1938)
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