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Le vote Macron, champion toutes catégories en Polynésie française


Le vote Emmanuel Macron est arrivé en tête dans les cinq archipels polynésiens et dans les trois circonscriptions législatives, samedi en Polynésie française.
Le vote Emmanuel Macron est arrivé en tête dans les cinq archipels polynésiens et dans les trois circonscriptions législatives, samedi en Polynésie française.
PAPEETE, 7 mai 2017 - Le vote Emmanuel Macron l’a emporté au second tour de la présidentielle, samedi, avec une avance de plus de 15000 voix sur l’ensemble de la Polynésie française, au terme d’un scrutin où plus d’un électeur sur deux (53,1 %) ne se sera pas exprimé. Tous les regards sont dorénavant tournés vers le premier tour des législatives, dans moins d'un mois.

Sur les 203 973 électeurs polynésiens, seuls 95 643 (46,89 %) ont participé au scrutin du second tour de l’élection présidentielle, samedi. C’est mieux que le 23 avril dernier où un peu plus de 61 % des électeurs avaient boudé les urnes. Mais ces chiffres confirment une fois encore le peu d’engouement des citoyens polynésiens pour un scrutin présidentiel aux enjeux bien lointains des réalités du quotidien de la majorité d’entre eux.

L’attention de tout le monde se porte dorénavant sur le premier tour des législatives 2017, qui aura lieu le 3 juin prochain en Polynésie française. La mobilisation promet d’être toute autre.

A la lecture des résultats du second tour de la présidentielle, on constate que les reports de voix en faveur d’Emmanuel Macron se sont parfaitement opérés dans la collectivité. Tôt dans l’entre-deux tours, le Tapura Huiraatira a appelé à voter pour le candidat En Marche. Appel en quoi il a probablement contenté une frange de son électorat peu "filloniste" au premier tour, notamment dans la zone urbaine de Papeete.
Avec une coquette avance (près de 5000 voix) dans chacune des trois circonscriptions législatives, le parti autonomiste d’Edouard Fritch peut aborder avec optimisme la dernière ligne droite de la campagne de ses candidats à la députation.

Quelles projections pour les législatives ?

Sur la 1ère circonscription (Papeete, Pirae, Arue, Moorea, Tuamotu-Gambier, Marquises) la réélection de Maina Sage paraît acquise. Le vote Tahoera’a enregistre des scores allant jusqu’à 82 % dans certains atolls comme Napuka (280 électeurs), Puka Puka (272 électeurs), ou Reao (480 électeurs). Mais en valeur réelle, ces plébiscites locaux se trouvent largement dominés par l’écrasante majorité du vote Macron dans les agglomérations de Papeete, Pirae et Arue. Même si le candidat orange Moana Greig se flattait de "chiffres tout à fait encourageants" pour son parti, sur le plateau de Polynésie 1ère Radio, dimanche, ses chances d’être élu le 17 juin prochain semblent bien minces.

Même sur la deuxième circonscription (Hitia’a o te Ra, Teva i Uta, Presqu’île de Tahiti et archipel des Australes) rien n’est encore acquis. Le vote Macron arrive avec 4900 voix d’avance. Aux législative, le vote Teura Iriti pourra tirer profit de la division des votes pro-Fritch sur Paea et du soutien récent, à Mahina, de l’ancien maire Emile Vernaudon. Mais cela sera-t-il suffisant pour mettre en échec la candidature de la Tapura Nicole Sanquer ? Pour l'instant, on peut en douter.

C’est sur la 3e circonscription (Punaauia, Faa’a, îles Sous-le-Vent) que l’écart est le plus net entre les suffrages Macron (16 467) et Le Pen (11 130). En dehors de Tahaa, le vote Macron l’a emporté dans toutes les communes. Sur la 3e, les trois principaux candidats en lice le 3 juin seront le souverainiste Moetai Brotherson, la Tahoera’a Vincent Dubois et le Tapura Patrick Howell. Moetai Brotherson pourrait créer la surprise face à Patrick Howell s’il arrive à mobiliser largement à Faa’a, où près de deux personnes sur trois se sont abstenues samedi, conformément à l’appel lancé par Oscar Temaru. Les chances de succès de Vincent Dubois, vice-président du Tahoera’a Huiraatira, semblent minces.

Le vote FN est orange vif

L’épisode présidentiel aura en tout cas permis au parti de Gaston Flosse de révéler sa force militante sur le terrain. A un peu moins d’un mois du premier tour des législatives 2017, l’indication donne toute la mesure du chemin qu’il reste encore à parcourir au parti du Vieux Lion. Lui qui affirme depuis bientôt deux ans son ambition de voir élu ses trois candidats à la députation. Pour l’instant, le parti orange sait qu’il part avec un déficit d’au moins 5000 voix sur chacune des trois circonscriptions législatives.

"Nous soutenons Marine Le Pen et non le Front National", ont martelé sans cesse les militants Tahoera’a Huiraatira, à commencer par le leader autonomiste Gaston Flosse, pendant toute la campagne électorale de la présidentielle, en Polynésie. Cette déclaration a probablement gagné en puissance, dimanche dès 8 heures, tandis que les résultats du second tour de cette élection donnaient, au plan national, une victoire sans appel à Emmanuel Macron, avec 65,8 % des suffrages exprimés contre 34,5 % à sa rivale frontiste. En Polynésie, le vote Front National représentait moins de 6 % à la présidentielle de 2012, avec un peu plus de 5000 suffrages. Sur les 37 319 votes (41,6 %) exprimés samedi 6 mai en faveur de Marine Le Pen, on peut estimer que plus de 32 000 (85 %) sont directement imputables aux électeurs du Tahoera’a Huiraatira.

Ce vote a été orange vif et certainement pas bleu marine. Et c’est ainsi qu’il restera sans doute après cet épisode anecdotique de la présidentielle 2017, en Polynésie française.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 7 Mai 2017 à 12:49 | Lu 3340 fois