Le vaccin Sanofi Pasteur contre la dengue entame la dernière ligne droite en Australie

CANBERRA, mardi 21 septembre 2010 (Flash d'Océanie) – Plusieurs équipes de scientifiques australiens ont affirmé, ces derniers jours, être proches de la découverte et de la mise en application de vaccins contre deux maladies transmises par les moustiques et qui font des ravages chaque année en Océanie et dans le monde : la fièvre hémorragique dengue et le paludisme.


Le première équipe de chercheurs, basée à Perth (Sud-ouest), à l’institut pour la recherche sanitaire infantile, est en fait chargée de mettre à l’épreuve le vaccin développé par le laboratoire français Sanofi Pasteur.
Selon l’institut, le produit, une fois développé, doit maintenant entrer en phase d’essais cliniques, dans des conditions les plus proches de la réalité.
La mise sur le marché n’est toutefois pas prévue pour être proche : jusqu’ici, la fourchette évoquée regarde un horizon 2015puor ce vaccin qui serait capable de traiter les quatre sérotypes de la dengue.
Le processus, enclenché il y a une dizaine d’années, en est actuellement aux derniers essais cliniques, a précisé en début de semaine le professeur associé Peter Richmond, de cet institut.
Les essais devraient être menés dans trois villes du pays : Perth, Adelaide (Australie méridionale) et Brisbane.
En Australie, principal marché ciblé, la dengue apparaît notamment dans les régions les plus tropicales et humides du pays, à la saison chaude (correspondant à l’été austral, novembre-mars), en particulier dans le Queensland et dans le territoire du Nord.
Les inondations régulières dans ces États contribuent aussi à la prolifération des moustiques, dont certains sont des vecteurs de ce virus.
Dans d’autres cas, ce sont des nationaux qui ramènent le virus qu’ils ont contracté lors de vacances vers des destinations populaires de masse comme Bali, en Indonésie.
La dengue se caractérise par les maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires et, lorsqu’elle atteint un stade avancé, peut entraîner des complications hémorragiques internes mortelles.
Entre-temps, une autre équipe, basée au Burnet Institute de Melbourne, parle d’une avancée significative dans l’élaboration d’un vaccin contre le paludisme, également connu sous le nom de malaria.
Nom de code provisoire de ce produit : spiroindolone NITD609, a annoncé le biologiste moléculaire Brendan Crabb, directeur de l’institut.
Ce produit aurait déjà fait ses preuves en laboratoire en éliminant toute trace du virus chez des souris, expliquent les chercheurs dans une publication cette semaine dans le prestigieux journal Science.


Guerre génétique et bactériologique

Au plan des recherches scientifiques, ces derniers mois, plusieurs annonces ont été faites concernant des pistes éventuelles, qui pourraient voir se concrétiser des progrès en matière de lutte et de réduction de l’impact de la dengue.
L’une de ces pistes implique la possibilité de réduire l’espérance de vie des moustiques, via la génétique, afin qu’ils disparaissent avant que d’avoir atteint l’âge à partir duquel ils sont en mesure de propager ce virus (qui existe sous plusieurs versions de sérotypes, allant de 1 à 4).
Une autre piste, actuellement développée par une équipe de l’université James Cook de Cairns (Australie) dans le cadre d’un projet mondial, mentionnait des essais actuellement en cours afin d’implanter une bactérie qui permettrait aux vecteurs (le moustique Aedes Aegypti) de devenir plus résistants au virus, et donc incapables de le transmettre.
« On prend les moustiques existant et en gros on les transforme en moustiques non-dengue (…) On en est à la phase des essais in vivo et ce que je peux dire, pour le moment, c’est que ça se présente assez bien », déclarait début juillet 2010 à la presse australienne le Dr Scott Ritchie, entomologiste impliqué dans ces recherches.
Les expériences suivent un protocole par lequel la bactérie est implantée chez les moustiques femelles (celles qui piquent), pour qu’elles les transmettent à leur tout à leur progéniture.
En fonction des résultats, les premiers essais en conditions réelles pourraient avoir lieu courant 2011, dans la région de Cairns.

Ressusciter la bonne vieille chloroquine ?

Dans le domaine de la recherche concernant le même vecteur, mais cette fois-ci la malaria (paludisme) qui existe encore dans plusieurs États insulaires océaniens (dont Vanuatu, les îles Salomon ou encore la Papouasie-Nouvelle-Guinée), une jeune chercheur australienne a bénéficié cette semaine d’un coup de pouce émanant de la fondation L'Oréal Australia, à hauteur de vingt mille dollars (quatorze mille euros), dédiée à l’appui des femmes dans le domaine des sciences.
La bénéficiaire de cette subvention est Rowena Martin, qui travaille depuis plusieurs années à l’Université Nationale australienne et à celle de Melbourne afin de tenter d’expliquer la perte de puissance d’un médicament encore efficace il y a une vingtaine d’années : la chloroquine, rapporte mercredi le quotidien australien The Age.
L’un des objectifs de ces travaux, dont certaines phases sont été publiées en 2009 dans le prestigieux journal Science, serait, après avoir expliqué les raisons de cette baisse d’efficacité (attribuée à une résistance des moustiques), de retrouver le moyen de remettre la chloroquine à l’ordre du jour, principalement en raison de son faible coût.
Selon les statistiques mondiales de l’OMS, la malaria tue environ un million de personnes par an à travers la planète, et en premier lieu dans les pays tropicaux d’Afrique, d’Asie et d’Océanie.
La dengue est une fièvre hémorragique dont les symptômes vont des douleurs musculaires et articulaires aux maux de têtes, aux nausées, à la fièvre, et pouvant aller jusqu'à l'hémorragie interne dans les stades les plus avancés de la maladie, qui peut dans certains cas se révéler mortelle.
Courant 2008, Fidji, ainsi que plusieurs États et territoires du Pacifique (dont la Polynésie française et Samoa), avaient connu une importante épidémie de dengue, caractérisée par la réapparition du sérotype 4 de la maladie, qui n’avait pas sévi dans la région depuis une bonne trentaine d’années, laissant de larges franges de la population particulièrement vulnérables, car non immunisées naturellement.
C’est le sérotype 1 qui avait été le plus répandu ces dernières années dans cette région.

Nouvelles inquiétudes en 2010

Pour 2010, une fois de plus, l’apparition de cas mortels pouvant répondre aux symptômes de la fièvre hémorragique dengue transmise par les moustiques suscite à nouveau l’inquiétude auprès des services sanitaires de plusieurs pays du Pacifique Sud-ouest, dont Samoa et Fidji.
Vendredi 20 août 2010, en annonçant le décès d’un jeune homme de dix sept ans à l’hôpital de la capitale samoane Apia, le Docteur Limbo Fiu, chef des services cliniques, n’a pas caché que la cause la plus probable était la dengue, même si, désormais, les analyses ultérieures post mortem devront affiner ce diagnostic.
Le médecin a rappelé des consignes de prévention et de bon sens incitant la population à se protéger des piqûres de moustiques, vecteurs de la maladie, et de consulter le plus rapidement possible après l’apparition de symptômes tels que des céphalées, des douleurs musculaires, des nausées, pouvant constituer autant de signes avant-coureurs d’une forme plus grave de la maladie avec, dans les phases les plus avancées, des hémorragies internes.
Les autorités samoanes ont aussi rappelé la nécessité de ces consultations afin de permettre au corps médical de différencier les cas de dengue de ceux, très répandus également, de maladies telles que la grippe, du fait de la saison fraîches due à l’hiver austral dans toute la région.
La même inquiétude est aussi de mise en Australie, dans le Territoire du Nord, où un cas de dengue a été signalé, alors que la maladie était demeurée absente ces soixante dix dernières années dans la région.
Mi-août 2010, à Fidji, le ministre de la santé, le Dr Neil Sharma, a donné le coup d’envoi d’une campagne d’envergure afin de prévenir la dengue, qui a frappé cet archipel à plusieurs reprises au cours des dix dernières années, provoquant des bilans saisonniers de plusieurs dizaines de victimes.
Selon le ministre, ce « Plan Stratégique Contre la Dengue » quinquennal (2010-2014) a aussi pour objectif de mettre Fidji en conformité avec les normes sanitaires internationales.
L’objectif de Fidji est, dans ce nouveau cadre, d’intensifier son réseau de veille sanitaire en s’appuyant sur un maillage des acteurs de l’archipel, public et privé confondus.
Depuis fin 2009, les autorités sanitaires fidjiennes redoutent l’apparition d’une nouvelle épidémie de la dengue, favorisée à la fois par le retour de conditions météorologiques particulièrement chaudes et humides, ainsi que le récent passage d deux cyclones dévastateurs, Mick (le 15 décembre 2009) et Tomas (le 15 mars 2010), qui ont à chaque fois inondé de nombreuses zones sur l’île principale et laissé des marécages particulièrement prônes aux développement des moustiques vecteurs.
D’où le conseil réitéré ces derniers mois à la population de porter une vigilance toute particulièrement sur le nettoyage de toute zone d’eau stagnante dans leur jardin, pouvant devenir des gîtes larvaires (eaux stagnantes contenues dans de vieux pots, pneus) ainsi que des zones broussailleuses connues pour étant de foyers potentiels de développement des moustiques et de leurs larves.
Les autres recommandations d'usage sont toujours d'avoir recours à des produits répulsifs personnels, des répulsifs ambiants (type tortillons consumables), aux moustiquaires et de porter de préférence des vêtements couvrant bien les membres, afin d'éviter la piqûre des moustiques Aedes Aegypti, vecteur de la maladie.
« Ça dépend vraiment du public, de nos communautés, tout le monde doit travailler ensemble pour nettoyer ces déchets, pour supprimer la prolifération des moustiques. C’est vraiment notre souci du moment, car si on ne fait rien maintenant, on peut se retrouver avec une épidémie de dengue sur les bras », soulignait en début d’année Iliesa Tora, porte-parole du ministère de la santé.
Aux Samoa américaines voisines, les autorités sanitaires se sont aussi inquiétées ces dernières semaines des statistiques connues concernant la première moitié de 2010 : elles font état de 282 cas recensés du 1er janvier au 30 juin 2010 alors que pour la même période en 2009, ce chiffre n’était que de 249 cas.
Pour la totalité de 2009, le nombre de cas avait atteint 436, ce qui était beaucoup moins que lors de l’épidémie de l’année précédente (667), a rappelé le centre hospitalier LBJ de Pago-Pago.

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Rédigé par PaD le Mardi 21 Septembre 2010 à 11:13 | Lu 1673 fois