Le ‘uru : alternative aux aliments importés ?


Le ministère de l'agriculture, de l'élevage et des forêts mise sur la culture en masse du 'uru. Les premières productions seront issues des terrains domaniaux situés sur l'île de Ra'iatea, aux îles sous-le-vent.
Après des années passées  sous silence, le ‘uru est devenu,  en l’espace de quelques  semaines, la star de l’agriculture locale. Le premier festival dédié à ce fruit a suscité un grand intérêt de la part de la population et le gouvernement a programmé une culture en masse destinée à remplacer, à terme, les aliments énergétiques.   Ce n’est que le début d’un avenir prometteur.
 
 
Le gouvernement  polynésien semble vouloir rendre justice à notre ‘uru maòhi, car après avoir été délaissé, voir négligé pendant des décennies, voici que c’est le branle-bas de combat. On le trouve à toutes les sauces et pour tous les goûts : en farine, en flocon et même en dessert. L’engouement du gouvernement à vouloir développer ce « pain » polynésien  correspond à un programme officiel de politique agricole qui porte un nom aussi long que le nombre d’années où il était « aux oubliettes » : « Production et transformation du ‘uru, comme alternative crédible de substitution aux importations d’aliments énergétiques riches en glucides indispensables à la vie (riz, farine de blé, pomme de terre...) ». En clair, il s’agirait de le cultiver en grande quantité et ce, à travers toute la Polynésie.
 
Pour cela, le ministère de l’agriculture a ouvert une ligne budgétaire dans le but d’acquérir plusieurs milliers de plants cultivés sous serres sur des sols sains ou assainis par jachère, les « vitro plants ». L’intérêt de ce système présente le double avantage d’avoir des plantes exemptes de viroses, et d’être de très bonne qualité.  La disponibilité de ces milliers de plants a été rendue possible grâce au partenariat du département de la recherche et développement, du service du développement rural et de pépinières.
 
Le ministère de l’agriculture a donc souhaité développer des techniques de culture in vitro dans un laboratoire polynésien. Des résultats très probants ont été obtenus notamment avec la banane et le taro qui ont été multipliés de cette manière. De nombreux plants sont en croissance et pourront prochainement être plantés en plein air.  Cependant, la culture in vitro du ‘uru semble plus complexe à cause de la présence de latex à l’intérieur de la plante.
 
Afin de réussir cette multiplication, un protocole adéquat a été mis au point pendant quatre ans par la société Cultivaris dirigée par Josh SCHNEIDER.  Ce dernier est venu en Polynésie pour apporter quelques techniques d’amélioration du protocole aux  scientifiques locaux.
 

Josh SCHNEIDER, de la société Cultivaris au milieu des 2500 plants de "Maafala", une variété d'origine samoane et dont le rendement est supérieur à celui du "Huero", 50 tonnes annuelles par pied.
Importation de 2500 plants de ‘uru depuis…les Etats Unis.
 
En attendant la livraison du futur centre de recherche  actuellement en construction, le Pays a décidé d’importer la meilleure variété sélectionnée par l’institut du breadfruit : Le Maafala  originaire des Samoa et  qui est  proche du Huero, très présent en Polynésie.  Elle peut avoir un rendement important de 50 tonnes par hectare, soit  1000 fruits par arbre et par an. Les  variétés locales, n’en produisent seulement que 10 à 30 tonnes par hectare.
 
Les avantages de cette variété sont nombreux : l’arbre est compact, les branches sont à proximité du sol facilitant ainsi la récolte des fruits. Le fruit lui bénéficie d’un taux élevé de protéines, comparé aux autres variétés. Le palais n’est pas en reste car  il a un gout très prononcé et apprécié, confirmé par des tests organoleptiques. Enfin, il est très adapté à l’agro transformation : chips, flocons, purée, boissons et autres.
 
2500 plants ont donc été commandés des Etats Unis et sont arrivés la semaine dernière sur le fenua. A leur arrivée,  et après le respect des critères de biosécurité imposés, ils ont été mis dans une serre de sevrage (isolement complets) puis remis en pots sous les conseils de Josh SCHNEIDER.
D’ici trois mois, cette mise en  quarantaine sera levée.  La majorité du stock sera plantée  en milieu naturel, notamment sur les terres domaniales de Raiatea. L’objectif étant la  création d’un grand verger de ‘uru et la mise en place d’un programme d’agroforesterie  qui  s’étendra aux îles sous le vent. Les années futures nous diront si ce vaste programme de culture en masse donnera les résultats escomptés. En attendant, «  tama’a ma’ita’i e ma’a maita’i te ‘uru. »
 
 
TP
 

Rédigé par TP le Mardi 19 Mars 2013 à 16:50 | Lu 1882 fois