Le transport scolaire : " Nous établissons les fréquences de rapatriement scolaire en fonction du rythme chronobiologique de l'enfant"


Lizzie (en noir en bas à gauche) et son équipe s'occupent d'organiser le transport scolaire pour les élèves de tous les archipels
PAPEETE, le 27 octobre 2015. Lizzie Avaemai est chef de bureau du transport scolaire à la direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE). Elle s'occupe de tout ce qui concerne le transport scolaire : par voie terrestre, maritime et aérienne. Avec près de 26 000 élèves à gérer de la maternelle au lycée, le transport scolaire se calque sur la vie dans les archipels.

Comment est organisé le transport scolaire en Polynésie Française ?

Nous gérons trois types de transports scolaire : aériens, maritimes et terrestres sur l'ensemble de la Polynésie, de l'école maternelle au lycée. Pour bénéficier du transport scolaire, il faut répondre à des critères comme résider à plus d'un kilomètre de son établissement scolaire et être inscrit dans un établissement d’enseignement conformément à la carte de formation et de son secteur de recrutement. Dans le cadre de la poursuite de leur scolarité au collège et au lycée, les élèves sont obligés de quitter leur île de résidence et cela dès l’âge de 10 ans. Pour la poursuite des études, il y a des collèges dans tous les archipels. Aux Marquises sur l'île de Nuku Hiva, aux Tuamotu à Hao, Makemo et Rangiroa. Aux îles sous le vent, il y a au moins un collège par île. Même s'il y a plusieurs collèges, un enfant des archipels éloignés doit quitter le CM2 à 10 ans et se retrouver délocalisé pendant trois mois pour intégrer un collège.

Après le collège, les élèves vont au lycée, là ça devient plus compliqué ?

Les lycées se situent principalement à Tahiti, Moorea et Raiatea. En fonction de ces structures scolaires, nous sommes obligés d'organiser le transport : soit 22 500 élèves pour le transport terrestre pour toute la Polynésie confondue, 1 400 pour le transport maritime et 2 000 élèves pour l'aérien. Par exemple, ceux qui ont fini en troisième au collège de Rangiroa quitteront leur île pour se rendre sur une autre île afin de poursuivre en lycée sur une des trois îles : Tahiti, Moorea ou Raiatea.

Comment organisez-vous la fréquence des allers-retours entre les établissements et le domicile des élèves ?

En fonction du nombre d'élèves et du budget alloué au transport scolaire d'une année civile, nous déterminons les fréquences. Pour cette année, nous disposons d'1,460 milliards de francs.

Il existe cinq fréquences : journalière, hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle et bi-annuelle. La fréquence journalière permet aux élèves résidants et scolarisés sur la même île (voie terrestre et maritime pour les élèves du Fenua Aihere Est et Ouest, Tiputa-Rangiroa et Rapa) ou scolarisés sur une autre île (Moorea, Tahaa par voie maritime) de prendre les transports. La fréquence hebdomadaire est plutôt pour les élèves de Moorea et Tahaa inscrits en internat (par voies maritime et terrestre) ; la fréquence mensuelle permet aux élèves résidents des Iles-sous-le-Vent et scolarisés sur Raiatea de rentrer chez eux ; la fréquence trimestrielle est pour les élèves scolarisés sur une autre île mais au sein d’un même archipel (Marquises, Tuamotu-Gambier, Australes). Le rapatriement se fait par voies aérienne et maritime ; la fréquence biannuelle est destinée aux élèves scolarisés dans un lycée de Tahiti, Moorea ou Raiatea et résidents des archipels autres que la Société (voies aérienne et maritime).

Nous travaillons avec des prestataires privés pour le rapatriement mais par exemple pour les Marquises, nous n'en avons pas de navire de passagers car il n'y a que des bonitiers. Il faut pourtant que nous transportions les enfants entre l'île où se situe l'aéroport et chez eux. Toutes les îles n'ont pas un aérodrome d'où la connexion par bateau. Pour les Marquises, on envoie donc un navire depuis Papeete, l'Aremiti 1.

Pour Rapa, il faut bien compter deux jours avec le navire Tahiti Nui 1, qui assure le rapatriement des élèves résidents de Rapa et scolarisés sur Tubuai dans le cadre de la poursuite de leur scolarité au collège et dans un lycée de Tahiti/Moorea ou Raiatea.

Comment savez-vous "qui doit aller où" au niveau des élèves ?

Quand les vacances commencent, il faut que dès le vendredi j’aie évacué tous les élèves. C'est pourquoi, à partir du mois de mai de chaque année, nous commençons à solliciter les familles par l'intermédiaire des établissements pour les recenser en vue de préparer la prochaine rentrée scolaire. Nous affinons les listes fin septembre, début octobre et ensuite nous programmons les rapatriements pour le mois décembre. Par exemple, avec Air Tahiti, nous transmettons la liste intégrale des élèves par archipel. Nous faisons en quelque sorte du service à la carte, si nous n'avons que deux élèves, nous ne réservons pas un avion mais deux sièges.

Depuis quand le transport scolaire organisé ainsi existe-t-il ?

Le Pays a organisé le transport scolaire en 1979. A chaque fois qu'il y a une évolution, une construction d'établissement, nous réorganisons le transport. Le collège de Teva I Uta va ouvrir l'année prochaine, je commence à définir le plan de transport. Le Pays prend l'intégralité des dépenses en compte au titre du transport scolaire.

Que souhaiteriez-vous voir évoluer dans le transport scolaire ?

Je souhaite une meilleure prise en charge de l'enfant au titre du transport scolaire par voie terrestre : c’est-à-dire, avoir une régularité au niveau des bus et des transports. Nous avons des plaintes des parents. Un retard d'une demi-heure d'un bus à un impact car l'école se retrouve avec des élèves à prendre en charge. Désormais, nous allons réunir l'ensemble des chefs de réseaux pour des réunions mensuelles afin d'échanger sur toutes les problématiques et de travailler dans l'intérêt de l'enfant.

Les bureaux du transport scolaire déménagent
Les bureaux du pôle Transport scolaire sont transférés sur le site du Taaone en face de la sortie de l’Hôpital afin d’accompagner le bureau d’accueil des parents, créé depuis le 1er septembre 2015.


EN CHIFFRE

Un budget de 1,460 milliards de francs est alloué au transport scolaire cette année

"En fonction de ces structures scolaires, nous sommes obligés d'organiser le transport : soit 22 500 élèves pour le transport terrestre pour toute la Polynésie confondue, 1 400 pour le transport maritime et 2 000 élèves pour l'aérien", Lizzie Avaemai

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mardi 27 Octobre 2015 à 10:05 | Lu 2427 fois