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Le tourisme suspendu jusqu'à nouvel ordre


Tahiti, le 31 janvier 2021 – La décision prendra effet mercredi, le gouvernement central à Paris a imposé ce week-end la suppression du "motif touristique" qui permettait depuis juillet à la Polynésie française de maintenir l'activité du secteur malgré les restrictions sanitaires. Le Pays annonce qu'il prendra des mesures "d'urgence" pour l'emploi et les entreprises. Les professionnels du tourisme et des transports aériens se disent anéantis.
 
Attendue et redoutée ces derniers jours, l'annonce du Premier ministre Jean Castex a soulevé un vent de panique vendredi matin au fenua : "Toute entrée en France et toute sortie de notre territoire à destination ou en provenance d'un pays extérieur à l'Union européenne sera interdite, sauf motif impérieux, à partir de dimanche minuit". Immédiatement, les interrogations ont porté sur la teneur des éventuels aménagements dont pourrait bénéficier la Polynésie française pour l'application de ces mesures. Depuis juillet, le Pays dispose en effet d'une exception taillée sur mesure à l'interdiction des déplacements pour motif autres que familial, sanitaire ou professionnel : celui de l'impératif de "reprise économique" pour justifier la poursuite du tourisme au fenua.
 
Mais le verdict est tombé vendredi midi, à l'issue d'une réunion de consultation organisée au haussariat entre les partenaires sociaux et les représentants de l'État et du Pays : Le motif touristique est bel et bien supprimé. Dans la foulée, vendredi après-midi, le Haut-commissariat a diffusé un communiqué précisant les modalités d'application des nouvelles restrictions sanitaires en Polynésie. Une "stricte limitation des déplacements" justifiée par "la circulation active du virus Covid-19 liée à l'apparition des "variants" et des risques de contamination très rapide". Tout déplacement à destination ou en provenance de la Polynésie française devra désormais être rigoureusement justifié par l'un des trois motifs impérieux "d'ordre personnel ou familial", "de santé relevant de l'urgence" ou "professionnel ne pouvant être différé".
 
Les voyageurs à destination de la Polynésie française devront en outre présenter avant l'embarquement un résultat négatif au test RT-PCR effectué depuis moins de trois jours pour les personnes de plus de 11 ans et une attestation sur l'honneur déclarant l'absence de symptômes. En revanche et "jusqu'à nouvel ordre", les voyageurs se rendant depuis la Polynésie vers la métropole n'ont toujours pas d'obligation d'effectuer un test RT-PCR, ni de quarantaine à leur arrivée. Le haussariat a précisé samedi soir que ces nouvelles restrictions entreraient en vigueur à compter du mercredi 3 février, précisant bien que "les touristes qui voyagent actuellement en Polynésie peuvent poursuivre leur séjour, le retour à leur domicile constituant un motif impérieux d'ordre personnel".
 
Le gouvernement en séminaire
 
Dès vendredi après-midi, le gouvernement –qui avait annulé la veille son déplacement à Fakarava– a été convoqué à la Présidence pour "faire le point sur la situation, les conséquences envisagées et les mesures d’urgence à mettre en œuvre pour sauvegarder l’emploi et les entreprises ainsi que pour accompagner les plus fragiles", a annoncé un communiqué du Pays. "La réflexion est déjà bien avancée et se poursuivra au cours du week-end. En début de semaine, le gouvernement présentera les premières mesures dont certaines nécessiteront de saisir l’assemblée de la Polynésie très rapidement."
 
Deux jours plus tôt, le même gouvernement diffusait un communiqué indiquant que "l’éventualité d’imposer des restrictions à la circulation des personnes entraînera des catastrophes économiques et sociales auxquelles la Polynésie française aura du mal à faire face". Déjà, le Pays prévoyait pour le "seul secteur du tourisme" un "surcoût immédiat" de 3 milliards de Fcfp aux 12,2 milliards de Fcfp budgétés en 2021 pour les mesures d'aides à l'emploi. Et ceci "sans compter l'impact sur les comptes de la CPS". Un nouvel appel du pied à l'État qui, pour l'heure, refuse d'intervenir dans l'économie polynésienne autrement que par les mesures des fonds de solidarité ou des prêts garantis par l'État en raison du statut d'autonomie de la Polynésie française.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Vendredi 29 Janvier 2021 à 16:34 | Lu 9791 fois