Le tourisme nautique, pilier économique de Nuku Hiva


​NUKU HIVA, le 01 juin 2020 – Privées de touristes internationaux, les îles marquisiennes s'en remettent à leurs eaux pour maintenir l'économie touristique à flot. En attendant une quinzaine de paquebots, d'ici la fin de l'année, ce sont les plaisanciers qui permettent de sauver les meubles.
 
À l'opposé des autres archipels, et en raison de sa position géographique, l’archipel des Marquises a toujours bénéficié d'un tourisme nautique supérieur à l'aérien. Il est bon de rappeler qu'à Nuku Hiva sont accueillis 21 000 touristes maritimes, dont 17 000 croisiéristes, contre 6 000 pour l'aérien (ils sont 8 000 à Hiva Oa pour Brel et Gauguin).
Sans la pandémie du Covid-19, l'archipel marquisien devait accueillir plus de 20 000 touristes entre mars et décembre ; une grande partie des escales de ces visiteurs ont été annulées ces dernières semaines. Les espoirs reposent sur une reprise des rotations de l'Aranui ainsi que sur le retour des paquebots de croisière, une quinzaine étant encore possibles d'ici la fin de l'année, dont dix entre septembre et décembre.
« Pour l’instant, nous n’avons aucune annulation pour ces paquebots de croisières, indique Colette Teikitohe, secrétaire du comité du tourisme de Nuku Hiva. En revanche, nous avons quelques inquiétudes car, pour l’escale de ces navires, nous travaillons principalement avec l’agence Tahiti Nui Travel qui est en grande difficulté en ce moment. Cela nous fait craindre le pire, mais nous restons optimistes et espérons que ces visiteurs, si importants pour notre économie locale, pourront faire escale chez nous. ».
Par ailleurs, comme c’est le cas dans toutes les îles du Pays, l’absence de vols internationaux pénalise tous les professionnels du tourisme marquisien.
Ainsi, actuellement, l’unique lueur d’espoir pour l’économie de la Terre des Hommes, et en particulier pour celle de la capitale, Nuku Hiva, vient des yachts privés qui sont chaque année de plus en plus nombreux à séjourner aux Marquises (600 l’an passé), notamment en raison des mouillages confortables qu’offre l’archipel.
Un archipel qui constitue, par ailleurs, leur première escale en Polynésie française, après la traversée du canal de Panama. Celle-ci s’effectuant en moyenne en trois semaines de navigation.
C’est donc à bras ouverts que les prestataires de service, les artisans, les commerçants, les restaurateurs ou encore les maraichers de l’île accueillent ces touristes qui séjournent en moyenne trois semaines dans leurs îles.

Réactions :
1 : Kevin Ellis, cogérant du yacht service de Nuku Hiva
" Ce sont des touristes qui consomment "
« Il y a actuellement une centaine de voiliers dans la baie de Taiohae. Ils sont là pour passer du bon temps en long séjour. Il faut bien comprendre que ce sont des touristes qui consomment ; ils prennent les taxis, ils font des excursions, ils se font tatouer, ils font leurs courses dans les magasins d’alimentation, etc. En plus, ils engagent régulièrement des locaux pour faire des petits travaux de réparations sur leurs bateaux, et tout ça représente beaucoup d’argent.
Il faut dire aussi qu’ils restent en moyenne trois semaines dans l’archipel, ce qui est bien plus que la moyenne des touristes, surtout aux Marquises.
Quand je vois qu’à Tahiti ou à Moorea, ils sont rejetés, je me dis que c’est dommage. Je pense aussi que les médias amplifient les choses et rendent parfois les situations inextricables.
Et pour ce qui est des déchets, il faut savoir que tous les voiliers construits depuis 2015 disposent d’une cuve de rétention qui fait office de fosse septique. D’ailleurs, les eaux de baignade de Nuku Hiva viennent d’être déclarées propres, et ce malgré tous ces plaisanciers. ».
 
2 : Marcelline Kautai Santos, agricultrice
"Ce sont nos résidents et les voiliers qui nous font vivre"
Comme beaucoup de maraichers et d’agriculteurs en général, j’expose mes produits au marché de Taiohae.
Depuis le début du Covid-19 en Polynésie, nous ne fournissons plus les cantines scolaires et nous avons aussi perdu les commandes de l’Aranui, puisqu’il n’a plus de touristes à son bord. Du coup, ce sont nos résidents et les voiliers qui nous font vivre. Les voiliers achètent beaucoup de fruits, de légumes, des confitures aussi ; ils sont là tous les jours, fort heureusement pour nous. Nous ne nous plaignons pas de cela, bien au contraire. ».
 
3 : Célina Bonet, restauratrice
"Très contente que les voiliers aient été là"
« Pendant le confinement, on avait comme clients nos locaux et aussi les voiliers qui étaient confinés dans la baie, à qui on préparait des plats à emporter.
Après le confinement, nos clients de l’île sont revenus et les voiliers aussi.
En ce moment, ces derniers sont là dès le petit déjeuner, ils reviennent à midi puis le soir également. Et comme nous proposons le wifi gratuit, les yachtmen viennent se connecter régulièrement tout en consommant.
Je dois dire que je suis très contente que les voiliers aient été là pendant la période que nous venons de traverser, ils ont vraiment contribué à faire que notre snack soit toujours debout. ».
 
4 : Mau Huukena Ségur, artisane
"Les artisans se retrouvent en grande difficulté"
« Contrairement à beaucoup d’îles, à Nuku Hiva, nous sommes bien contents d’avoir des voiliers dans la baie, parce que c’est bien la seule clientèle qu’on a en ce moment.
Au niveau des ressources, avec l’annulation des paquebots, des vols internationaux et du salon des Marquises à Tahiti, les artisans se retrouvent en grande difficulté.
Et ce n’est pas avec trois avions par semaine, avec des tarifs très élevés pour les Marquises, qu’on fera venir la clientèle de Tahiti, il ne faut pas rêver.
Donc, on se satisfait de ce qu’on a et pour l’instant ce sont les voiliers. Donc on les accueille du mieux possible, on fait tout pour les garder et on fait même des efforts en discutant avec eux du prix des objets afin qu’il soit le plus satisfaisant pour eux comme pour nous. ».

Rédigé par Marie Laure le Lundi 1 Juin 2020 à 11:18 | Lu 2898 fois