Dessin d'un chef māori par Parkinson, suite au premier voyage du Capitaine James Cook en Nouvelle-Zélande
MARQUISES, le 11 mars 2016. Traditions - Cette semaine, Tahiti Heritage vous propose de remonter aux sources du tatouage, avec la légende du a - tatouage maori, Ta moko, puis avec une description de la pratique de cet art aux Marquises aux temps anciens.
LÉGENDE DU TATOUAGE MĀORI, TA MOKO
Selon la mythologie māori, la pratique du tatouage a pour origine une histoire d’amour entre un jeune guerrier māori du nom de Mataora (qui signifie le "visage de la vitalité") et une jeune princesse Niwareka du clan des Turehu dont la demeure est dans le monde du dessous, le monde des esprits appelés Rarohenga.
Un jour, Niwareka monta dans le monde du dessus avec un groupe de danse et rencontra Mataora. Celui-ci fut ébloui par cette belle jeune fille et la voulut comme femme. Ils étaient mariés et vivaient ensemble depuis un certain temps, quand Mataora devint jaloux et furieux et frappa sa femme. Niwareka s’enfuit aussitôt pour rejoindre son père, Uetonga, à Rarohenga.
"VOUS AVEZ GACHE MON TATOUAGE"
Mataora, le cœur brisé et repentant, partit à la recherche de sa femme dans le monde du dessous, pour essayer de la reconquérir. Après bien des épreuves, et après avoir surmonté de nombreux obstacles, Mataora arriva finalement dans le royaume de Uetonga. Mais, après son long voyage, la peinture de son visage était sale et abîmée et la famille de Niwareka se moqua de la piteuse apparence de Mataora. Humilié, le jeune guerrier implora le pardon de sa femme, un pardon qu’elle accepta.
A son arrivée, Mataora vit Uetonga, le père de Niwareka, en train de tatouer une personne. Il découvrit que le tatouage était réalisé par ponction en piquant la peau et que ce n’était pas qu’un simple marquage sur la peau. Uetonga lui dit que c’était leur façon de tatouer dans le monde du dessous et étendit la main pour essuyer tous les dessins de la face de Mataora. Tout le monde riait en voyant les dessins effacés. Mataora dit, "Vous avez gâché mon tatouage, il faut maintenant le refaire correctement."
L’ART DU TATOUAGE MĀORI
Alors, Uetonga appela ceux qui concevaient les motifs de tatouage et leur dit de les dessiner sur le visage de Mataora. Il commença ensuite le tatouage en perçant avec son outil le long des lignes déjà tracées. Mataora connut ainsi la douleur intense d’être tatoué. Le père de Niwareka proposa alors à Mataora de lui enseigner l’art du moko (tatouage).
Mataora mis de longues années à maîtriser cet art, et quand cela fut fait il retourna avec sa femme dans le monde des humains en y rapportant Ta moko, l’art du tatouage maori.
Source : "Ta Moko, Maori Tatoo Legend". Elsdon Best, Maori Religion and Mythology, 1924, Dominion Museum
LÉGENDE DU TATOUAGE MĀORI, TA MOKO
Selon la mythologie māori, la pratique du tatouage a pour origine une histoire d’amour entre un jeune guerrier māori du nom de Mataora (qui signifie le "visage de la vitalité") et une jeune princesse Niwareka du clan des Turehu dont la demeure est dans le monde du dessous, le monde des esprits appelés Rarohenga.
Un jour, Niwareka monta dans le monde du dessus avec un groupe de danse et rencontra Mataora. Celui-ci fut ébloui par cette belle jeune fille et la voulut comme femme. Ils étaient mariés et vivaient ensemble depuis un certain temps, quand Mataora devint jaloux et furieux et frappa sa femme. Niwareka s’enfuit aussitôt pour rejoindre son père, Uetonga, à Rarohenga.
"VOUS AVEZ GACHE MON TATOUAGE"
Mataora, le cœur brisé et repentant, partit à la recherche de sa femme dans le monde du dessous, pour essayer de la reconquérir. Après bien des épreuves, et après avoir surmonté de nombreux obstacles, Mataora arriva finalement dans le royaume de Uetonga. Mais, après son long voyage, la peinture de son visage était sale et abîmée et la famille de Niwareka se moqua de la piteuse apparence de Mataora. Humilié, le jeune guerrier implora le pardon de sa femme, un pardon qu’elle accepta.
A son arrivée, Mataora vit Uetonga, le père de Niwareka, en train de tatouer une personne. Il découvrit que le tatouage était réalisé par ponction en piquant la peau et que ce n’était pas qu’un simple marquage sur la peau. Uetonga lui dit que c’était leur façon de tatouer dans le monde du dessous et étendit la main pour essuyer tous les dessins de la face de Mataora. Tout le monde riait en voyant les dessins effacés. Mataora dit, "Vous avez gâché mon tatouage, il faut maintenant le refaire correctement."
L’ART DU TATOUAGE MĀORI
Alors, Uetonga appela ceux qui concevaient les motifs de tatouage et leur dit de les dessiner sur le visage de Mataora. Il commença ensuite le tatouage en perçant avec son outil le long des lignes déjà tracées. Mataora connut ainsi la douleur intense d’être tatoué. Le père de Niwareka proposa alors à Mataora de lui enseigner l’art du moko (tatouage).
Mataora mis de longues années à maîtriser cet art, et quand cela fut fait il retourna avec sa femme dans le monde des humains en y rapportant Ta moko, l’art du tatouage maori.
Source : "Ta Moko, Maori Tatoo Legend". Elsdon Best, Maori Religion and Mythology, 1924, Dominion Museum
Ancienne interprétation artistique du processus traditionnel de tatouage Ta moko, chez les Māori (de Nouvelle-Zélande et des îles Cook)
Le tatouage aux îles Marquises autrefois d'après le Dr Louis Drollin, 1929
Avant l’arrivée des missionnaires, les jeunes Marquisiens étaient tatoués entre leur quinzième et leur vingtième année. Le moment venu, le père s’adressait au tuhuka patu tiki (tatoueur) et, si celui-ci déclarait pouvoir entreprendre le travail, il faisait édifier par quatre jeunes une case spéciale.
LES ASSISTANTS
Ces jeunes gens assistaient ensuite le tatoueur. Ils maintenaient l’opéré, le divertissant de facéties et de chansons gaies. Pendant toute la durée du tatouage, ils vivaient dans la petite case avec le patient et le tatoueur. Tous étaient soumis à un tapu rigoureux,
nourris et entretenus par la famille. L’opéré recevait une alimentation spéciale en raison de la fièvre et des autres réactions infectieuses provoquées par les imprégnations, toujours septiques. Entre chaque séance, il y avait quelques jours de repos pendant lesquels le tatoueur ornait ses aides de quelques dessins, en paiement de l’assistance qu’ils lui prêtaient. C’était, du reste, la seule façon de se faire tatouer gratuitement.
LE TATOUEUR
Le tuhuka patu tiki était un véritable artiste qui, entre deux clients, inventait des modèles et composait des motifs. Il transmettait habituellement sa fonction à son fils, dont il faisait son premier assistant, chargé de préparer l’encre, les peignes et de tendre la peau du champ opératoire.
Le matériel était des plus simples.
L’encre était simplement une dilution du noir de fumée provenant des noix de bancoul (ti'a'iri) qui servaient à l’éclairage des cases. Ce noir de fumée était recueilli sur une pierre plate placée
au-dessus des noix enflammées. On le mélangeait simplement avec de l’eau tiède selon une certaine proportion. Le peigne consistait soit en une lamelle d’os de largeur variable dont une extrémité était finement dentelée, soit en une dent de requin et s’emmanchait au voisinage de l’extrémité d’un bois. L’opérateur l’imprégnait d’encre, l’appliquait sur la peau et le percutait d’un coup sec avec un martelet en bois de fer ('aito).
EN MUSIQUE
Le patient était immobilisé, le plus souvent par un étau composé de deux troncs de bananier entre lesquels on le serrait et l’amarrait. Le tatoueur, accompagné par ses aides, chantait alors une sorte de mélopée de circonstance dont il scandait le rythme des percussions de son martelet.
DES INFECTIONS
Chaque goutte de sang était rapidement essuyée avec un morceau de tapa (tissu végétal), car aucune ne devait toucher terre. Ces piqûres répétées étaient fatalement septiques, étant donné le matériel employé, aussi les infections étaient-elles constantes, obligeant à suspendre fréquemment le travail jusqu’au moment ou le pus, devenu louable, était libéré par le tranchant d’une coquille. Ces inoculations étaient rarement mortelles, même si les infections à streptocoques de la peau étaient particulièrement fréquentes.
LES DESSINS DE TATOUAGE
Les dessins de tatouage traditionnels, qui ont disparu après leur interdiction par les premiers missionnaires, sont reparus il y a quelques années grâce aux notes et aux croquis de plus de 400 dessins réalisés par le médecin allemand Karl von Steinen en 1925-1928*. Les motifs traditionnels étaient divisés en deux grands groupes :
Enata : des symboles naturels représentant l’histoire de la vie, l’île d'origine, le travail et les activités. Un pêcheur, par exemple, pourrait avoir des symboles pour le protéger des requins, ou un guerrier contre ses ennemis.
Etua : des symboles mystiques représentant des tiki (divinités), des ancêtres divinisés. Ces symboles, qui conféreraient la protection des dieux contre les dangers naturels et les mauvais esprits, étaient étroitement liés au mana, le pouvoir spirituel.
* Son livre, Die Marquesaner und ihre Kunst, vient d’être réédité en français par l’éditeur Au vent des îles.
Avant l’arrivée des missionnaires, les jeunes Marquisiens étaient tatoués entre leur quinzième et leur vingtième année. Le moment venu, le père s’adressait au tuhuka patu tiki (tatoueur) et, si celui-ci déclarait pouvoir entreprendre le travail, il faisait édifier par quatre jeunes une case spéciale.
LES ASSISTANTS
Ces jeunes gens assistaient ensuite le tatoueur. Ils maintenaient l’opéré, le divertissant de facéties et de chansons gaies. Pendant toute la durée du tatouage, ils vivaient dans la petite case avec le patient et le tatoueur. Tous étaient soumis à un tapu rigoureux,
nourris et entretenus par la famille. L’opéré recevait une alimentation spéciale en raison de la fièvre et des autres réactions infectieuses provoquées par les imprégnations, toujours septiques. Entre chaque séance, il y avait quelques jours de repos pendant lesquels le tatoueur ornait ses aides de quelques dessins, en paiement de l’assistance qu’ils lui prêtaient. C’était, du reste, la seule façon de se faire tatouer gratuitement.
LE TATOUEUR
Le tuhuka patu tiki était un véritable artiste qui, entre deux clients, inventait des modèles et composait des motifs. Il transmettait habituellement sa fonction à son fils, dont il faisait son premier assistant, chargé de préparer l’encre, les peignes et de tendre la peau du champ opératoire.
Le matériel était des plus simples.
L’encre était simplement une dilution du noir de fumée provenant des noix de bancoul (ti'a'iri) qui servaient à l’éclairage des cases. Ce noir de fumée était recueilli sur une pierre plate placée
au-dessus des noix enflammées. On le mélangeait simplement avec de l’eau tiède selon une certaine proportion. Le peigne consistait soit en une lamelle d’os de largeur variable dont une extrémité était finement dentelée, soit en une dent de requin et s’emmanchait au voisinage de l’extrémité d’un bois. L’opérateur l’imprégnait d’encre, l’appliquait sur la peau et le percutait d’un coup sec avec un martelet en bois de fer ('aito).
EN MUSIQUE
Le patient était immobilisé, le plus souvent par un étau composé de deux troncs de bananier entre lesquels on le serrait et l’amarrait. Le tatoueur, accompagné par ses aides, chantait alors une sorte de mélopée de circonstance dont il scandait le rythme des percussions de son martelet.
DES INFECTIONS
Chaque goutte de sang était rapidement essuyée avec un morceau de tapa (tissu végétal), car aucune ne devait toucher terre. Ces piqûres répétées étaient fatalement septiques, étant donné le matériel employé, aussi les infections étaient-elles constantes, obligeant à suspendre fréquemment le travail jusqu’au moment ou le pus, devenu louable, était libéré par le tranchant d’une coquille. Ces inoculations étaient rarement mortelles, même si les infections à streptocoques de la peau étaient particulièrement fréquentes.
LES DESSINS DE TATOUAGE
Les dessins de tatouage traditionnels, qui ont disparu après leur interdiction par les premiers missionnaires, sont reparus il y a quelques années grâce aux notes et aux croquis de plus de 400 dessins réalisés par le médecin allemand Karl von Steinen en 1925-1928*. Les motifs traditionnels étaient divisés en deux grands groupes :
Enata : des symboles naturels représentant l’histoire de la vie, l’île d'origine, le travail et les activités. Un pêcheur, par exemple, pourrait avoir des symboles pour le protéger des requins, ou un guerrier contre ses ennemis.
Etua : des symboles mystiques représentant des tiki (divinités), des ancêtres divinisés. Ces symboles, qui conféreraient la protection des dieux contre les dangers naturels et les mauvais esprits, étaient étroitement liés au mana, le pouvoir spirituel.
* Son livre, Die Marquesaner und ihre Kunst, vient d’être réédité en français par l’éditeur Au vent des îles.
Tatouages marquisiens. Illustration de Kahi pour von den Steinen