Le tanker Stena Paris patiente pendant qu'à terre on joue au chat et à la souris


Papeete, jeudi 11 octobre 2012 -- Alors que le mouvement de grève du service de remorquage du Port Autonome de Papeete, initié mardi à 0 heure, est fortement perturbé par les ordres de réquisition, assortis d'une obligation de service minimum, jeudi matin le tanker Stena Paris croise, cales pleines, au large de Tahiti depuis mercredi après midi 15 heures.

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Semble-t-il pour contourner l'obligation de service minimum, jeudi, les 7 marins de permanence au service de remorquage ont fait savoir qu'ils étaient malades. Les agents des forces de l'ordre venus leur signifier la réquisition ont appris la nouvelle, ordre en main. Les marins ont 48 heures pour transmettre leur certificat médical d'arrêt de travail à la direction du Port Autonome. Ils sont seuls techniquement capables de manoeuvrer les remorqueurs Aito Nui et Aito II nécessaires à l'assistance motrice du pétrolier, en rade.

Administrativement, le permis de naviguer des remorqueurs Aito Nui et Aito II expire le 12 octobre... Mais "ce n'est qu'une question administrative", nous assure Mario Banner-Martin, directeur du Port. "Les renouvellements se font automatiquement". Une visite technique est toutefois prévue vendredi 12 et devra se dérouler en présence du chef mécano, gréviste et malade...

Pendant ce temps, le pétrolier Stena Paris, 189 mètres, qui transporte un peu plus de 30.000 tonnes de carburant nécessite l'appui moteur de deux remorqueurs, dont un d'une poussée de 40 tonnes (Aito Nui), pour effectuer en toute sécurité ses manoeuvres d'accostage dans le périmètre de la rade de Papeete.

Recours en référé au Tribunal Administratif

Mercredi après midi, le cargo Cap Tapaga était entré sans encombre au port avec son chargement de 134 conteneurs, après 36 heures d'attente au large, assisté par une simple pilotine. Cela s'était fait avec l'accord de l'agent maritime, Sotama, et grâce à la suspension exceptionnelle, pendant la durée du conflit, de l'obligation de remorquage pour tous les navires d'un volume supérieur à 3.000 m3, prévue par le délibération n°04/98 PAP du 28 mai 1998.

Le syndicat Otahi, auquel est affilié le "Syndicat des gens de mer", à l'origine du mouvement de grève, dénonce une attitude de mauvaise foi de la part de la direction du Port Autonome et une atteinte non justifiée au droit de grève, après 38 heures effectives de débrayage. "Devant le refus de négocier de la direction du Port, je trouve ces réquisitions inadmissibles et injustifiées", dénonce Lucie Tiffenat, secrétaire générale de Otahi qui entend déposer une requête en référé, dans l'après midi, devant le Tribunal administratif de Papeete pour invalider ces mises en demeure de service minimum, adressées par l'Etat. "Nous constatons aujourd'hui que le gouvernement avait décidé de ne pas négocier avec l'idée de se réfugier, le moment venu, derrière cette intervention de l'Etat : c'est une infraction à la loi ! Que l'on vienne nous dire qu'il n'y a plus de carburant... Et puis pour des intérêts privés, faire entrer un cargo, suspendre une délibération PAP dans l'urgence... Pour suspendre la délibérartion fixant le gel des rémunérations des marins on nous oppose la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire du Port Autonome, le 19 octobre prochain, alors que M. Banner (directeur du Port, ndlr) nous a montré hier qu'il pouvait suspendre la délibération établissant le principe des 3.000 m3. Tout cela est fait délibérément pour casser la grève. C'est une atteinte délibéré au droit de grève."

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 11 Octobre 2012 à 12:07 | Lu 1853 fois