Le sucre dans le viseur de l'UPLD


En 2013, le Parlement français a adopté une proposition de loi visant à réduire la quantité de sucre dans les produits laitiers et les sodas, bien plus élevée dans les DOM qu'en métropole. (Photo d'illustration AFP)
PAPEETE, le samedi 30 avril 2016. Eliane Tevahitua interpelle le ministre de la Santé, par le biais d'une question écrite, sur le problème de l'obésité au fenua et s'en prend aux produits trop sucrés comme les « sodas ou les yaourts ».

Eliane Tevahitua a adressé jeudi une question écrite au ministre de la Santé Patrick Howell. La représentante UPLD à l'assemblée s'inquiète du surpoids des Polynésiens. En mars, une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet notait que 13 % des adultes sont obèses dans le monde. En Polynésie, 38% de la population est obèse notait l'étude. Si des politiques de lutte contre l'obésité ne sont pas mises en œuvre "rapidement" dans le monde, des "conséquences sanitaires d'une ampleur inconnue" sont à craindre avertissait un médecin qui a réalisé cette étude.
Diabète, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires ou articulaires... le surpoids fait des ravages sur la santé. « La CPS a recensé en 2012, 7 400 patients diabétiques dont 94 % ont 40 ans et plus. Près de 2 300 diabétiques dépendent d'un traitement quotidien par l'insuline (type 1) pour leur survie et 5 300 présentent un diabète non insulino-dépendant (type 2). Le nombre de diabétiques a été multiplié par deux sur la dernière décennie », indique la représentante UPLD dans son courrier. « C'est la deuxième longue maladie après l’hypertension artérielle (aussi elle-même souvent complication du surpoids et de l’obésité) et elle coûte hors complications près de 2 milliards de Fcfp, indique la CPS. »

La loi sucre dans les DOM
Les maladies liées aux surpoids « demeurent incontestablement les principaux fournisseurs de patients en longue maladie », remarque Eliane Tevahitua. « Ces derniers étaient 36 799 fin 2014 (soit 13.6 % de la population) contre 5 386 patients en 1994, qui consomment à eux seuls 51 % des dépenses de l'assurance maladie, c'est-à-dire 22.553 milliards de Fcfp. Chaque année, le nombre de Polynésiens en longue maladie augmente de 3 000 nouveaux dossiers. »
Le schéma d’organisation sanitaire (SOS), examiné en février dernier par les représentants, prévoit de "faire de la lutte contre les facteurs de risque du surpoids une priorité du Pays". La représentante interpelle le ministre de la Santé sur les moyens qui seront mis en œuvre. « Quels moyens financiers et humains supplémentaires allez-vous consacrer à partir de 2016 à la prévention de l'obésité et du diabète ? », demande-t-elle.
L'élue demande aussi pourquoi le gouvernement local ne s'est pas inspiré de la loi Lurel sur le sucre. En 2013, le Parlement a mis fin à des pratiques alimentaires discriminantes pour les départements d'outre-mer, où les aliments étaient auparavant plus sucrés qu'en métropole et les dates de péremption allongées. « Certains produits alimentaires vendus, comme les sodas ou les yaourts, présentent une concentration en sucre ajoutée nettement plus élevée -jusqu'à 30 % de taux de sucre en plus- que ceux produits et vendus en France métropolitaine, sans que le consommateur en soit toujours informé », regrette l'élue. Celle-ci dresse donc une liste de pistes pour combattre la mauvaise alimentation : «retirer le sucre raffiné blanc de la liste des PPN », "inscrire (dans la liste des PPN) le sucre de coco à l'index glycémique bas ou le miel local », « aider nos agriculteurs à développer leurs exploitations » afin de « favoriser une alimentation saine et équilibrée »...
Le ministre de la Santé a un délai d’un mois pour répondre à la question de la représentante UPLD.


Rédigé par Mélanie Thomas le Samedi 30 Avril 2016 à 09:30 | Lu 4381 fois