Le sport en Polynésie - Mme La Ministre a reçu les présidents de fédé pour évoquer les perspectives

Les présidents des fédérations sportives de Polynésie ont été invités par Mme Nicole Sanquer, Ministre de l’éducation, de la jeunesse et des sports, à une réunion d’information et de discussion à l’IJSPF. Les présidents de fédération ont répondu à l’appel en nombre pour cette réunion de discussion visant à exposer les orientations du ministère.


La réunion a duré presque deux heures
PIRAE, le 5 mars 2016. La ministre a défini les orientations de son ministère : soutenir le mouvement sportif en général, structurer le sport de haut niveau et développer la pratique du sport pour le plus grand nombre, les valeurs positives existant autour du sport faisant l’unanimité, pour construire une société en meilleure santé, solidaire, et vivant dans un esprit de fraternité.
 
Il a été également question du renouvellement des délégations de service public des fédérations. Ces délégations reconnaissent les fédérations en tant que telles, et permettent, entre autres, à ces dernières de pouvoir demander des subventions. Toutes les délégations ont été reconduites jusqu’au 15 mai mais trois fédérations seraient à l’examen pour la suite : La fédération de rugby (une nouvelle a été créée), celle de paintball et celle de Dragon Boat.
 
Il a été rappelé qu’un calendrier des grands évènements a été produit. En dehors des rendez-vous 2016 importants, il y a plusieurs rendez-vous majeurs comme les championnats du monde de beach volley universitaires en 2017, les championnats du monde de va’a en 2018, ceux de pétanque aussi en 2018, avec en ligne de mire les Jeux du Pacifique en 2023, la Polynésie ayant soumis sa candidature. Le résultat de cette attribution des Jeux de 2023 sera connu les 12-13 mai prochains.
 
La question des infrastructures a été centrale. Rénovation, construction, tout le monde est d’accord sur le fait que les infrastructures doivent faire l’objet d’une mise à niveau, que cela soit pour le développement du sport de haut niveau comme pour la pratique de tous. L’attribution ou non des Jeux du Pacifique de 2023 aura bien évidemment des conséquences sur ce point.
 
A ce sujet, une mission d’experts est actuellement en Polynésie en vue de faire un état des lieux des infrastructures existantes en vue de proposer un schéma de développement, l’état étant un acteur central dans l’accompagnement financier de ce développement avec notamment une dotation de 1,7 milliard en provenance du contrat de projet.

Les attentes de fédérations sont nombreuses
Certains projets sont déjà en ‘dans les tuyaux’ comme celui de Hitia’a avec un terrain de BMX, une salle polyvalente et un skate park, celui de Papara avec un centre technique ‘surf’ à Taharu’u, une salle de combat à Pirae (Pater) ainsi qu’une salle polyvalente à Punaruu, Punaauia. Ces travaux financés par Paris sont prévus pour 2017. La Ministre a souligné qu’il fallait ‘attendre de consommer les crédits demandés avant d’en demander d’autres.’
 
La parole a été ensuite données aux présidents de fédérations qui ont eu la possibilité soulever certaines questions : Celle de l’entretien des structures, en prenant l’exemple de l’actuelle salle de Fautaua qui ne le serait pas actuellement, la question de la consultation des fédérations pour les choix de développement des infrastructures…et autres problèmes concrets liés à telle ou telle pratique sportive.
 
La question de l’exonération de taxes douanières a été soulevée par Mme la Ministre. ‘Il n’y avait plus de détaxes parce que certains ont abusé en détournant des biens détaxés destinés aux associations pour des fins personnelles. La porte va se rouvrir alors cette fois-ci je compte sur vous.’
 
Une liste de critères pour définir une liste des athlètes de haut niveau a été réalisée. Le manque d’un vrai pôle sportif avec hébergement, restauration, médecin a été également mis en évidence. La Ministre a répondu que ‘c‘était en gestation, le développement du haut niveau est un axe prioritaire. Le recrutement d’un médecin du sport est en cours’.
 
La nécessité de mettre en place une cellule d’accompagnement pour les jeunes de 12,13 ou 14 ans susceptibles de partir en métropole a été évoquée. En attendant toutes ces évolutions, les liens avec l’Insep, avec les pôles qui se trouvent en métropole doivent être développés. ‘Il n’y pas assez de lien entre les fédérations de Polynésie et l’Insep en France.’ SB

Cécile Tiatia, conseillère technique auprès du Ministère, était également présente pour répondre aux questions
Gérard Dubois, cadre d’Etat et inspecteur à la jeunesse et les sports :
 
Comment décririez vous l’aide de l’état dans le domaine sportif ?
 
« L’état apporte une contribution à travers cinq agents de l’état qui aident et soutiennent la Polynésie Française. Deux inspecteurs, deux profs de sport et un conseiller d’éducation qui apportent une aide technique en ingénierie de formation avec une réflexion sur la structuration du milieu sportif mais aussi sur le milieu de la jeunesse, qu’il ne faut pas oublier. »
 
« Ensuite, l’état apporte une aide importante par le biais du CNDS (ndlr Centre national pour le développement du sport). Chaque année, il y a 140 millions qui sont attribués à la Polynésie. L’état apporte également une subvention pour le jeunesse qui est de l’ordre de 13 millions pacifiques par an, avec également les aides financières qui viennent directement du ministère de l’Outre-mer. »
 
Quelle est l’urgence selon vous ?
 
« Pour avoir des sportifs, quel que soit le niveau, il faut des éducateurs, des cadres. Un des premiers axes d’action est la formation des cadres. Il y a ensuite le soutien aux fédérations pour qu’elles soient ensuite, en interne, capables de préparer leurs cadres. »
 
« En deuxième, je dirais les lieux de pratique, non seulement pour le haut niveau mais pour la pratique pour le plus grand nombre. L’accès pour les jeunes, les femmes, les personnes du troisième âge, c’est important. Il faut avoir une réflexion, et cela a été validé ce soir, sur un schéma directeur sur les équipements en général avec une visée de pratique sociale du sport, d’une pratique pour le plus grand nombre. »
 
« Après se pose le problème du sport de haut niveau, avec des structures spécialisées pour cette pratique là, et notamment dans le cas où la Polynésie obtiendrait l’organisation des jeux. »
 
Avec peut être un peu plus de liens avec les structures de métropole liées au haut niveau ?
 
« Ces liens existent, on peut les développer, les améliorer. Le problème qui a été évoqué ce soir, c’est comment aider des jeunes Polynésiens qui veulent partir pratiquer un sport de haut niveau, ce qui est très prenant, dans des structures éloignées comme l’Insep ou des pôles France, des pôles espoirs qui peuvent exister. C’est notre travail aussi que de les préparer physiquement mais aussi psychologiquement et socialement pour franchir le cap. »
 
Comment choisir parmi les désidérata de plus de 35 fédérations ?
 
« C’est sûr qu’un choix doit être fait car les moyens financiers ne sont pas extensibles et on ne peut pas satisfaire tout le monde. Après, c’est selon des priorités, en fonction de l’existant, en fonction des perspectives de développement, en fonction des politiques prévues par la Polynésie. C’est pour cela que c’est très intéressant d’avoir deux experts indépendants venant de métropole pour faire un audit, un état des lieux de ce que l’on a actuellement pour poser des perspectives à 20 ou 30 ans. »

Une mission de deux experts est actuellement en train de faire un état des lieux des infrastructures
Mme la Ministre Nicole Sanquer :
 
N’y a-t-il pas un fossé entre toutes ces attentes et la volonté d’action des instances ?
 
« Les questions sont récurrentes, certaines problématiques durent depuis un moment. Notre volonté de réunir les fédérations et d’exposer nos orientations, c’est pour leur dire qu’il y a plusieurs réflexions sur leurs problématiques qui sont en cours, je leur demande d’être patients. Nous sommes bien conscients des problématiques qu’ils ont. »
 
Il va falloir faire des choix ?
 
« Nous avons comme axe prioritaire l’accès au sport pour tous. Il y a une mission commune Etat-Pays composée de deux experts qui viennent de métropole pour nous aider dans l’élaboration d’un schéma directeur dans les infrastructures. Il y a eu beaucoup de questions autour de ce point car les fédérations veulent participer à l’élaboration de ce schéma et ont peur d’être oubliées. On a pu les rassurer, ce schéma directeur sera construit selon les besoins des usagers et par conséquent des fédérations sportives. »
 
Le calendrier de l’élaboration de ce schéma ?
 
« Les experts restent quinze jours ici pour faire le tour de Tahiti et Moorea et visiter les infrastructures gérées par l’Etat mais aussi par les communes et les clubs, pour avoir une cartographie générale. Ensuite, une deuxième mission arrivera au mois de juin pour voir les îles et nous espérons un rapport final au dernier trimestre 2016, avec plusieurs propositions et surtout une programmation qui se fera en fonction des Jeux de 2023, puisque la réponse de leur attribution ou non à la Polynésie doit arriver en mai. »
 
Vous avez évoqué un manque de détails sur le dossier de candidature pour les jeux portée par le comité olympique de PF ?
 
« C’est le COPF qui porte la candidature, selon les règles du comité des jeux. Il est clair que tous les financements engagés pour défendre cette candidature sont pris en charge par le Pays. Nous souhaitons un partenariat en toute transparence avec le COPF et partir du moment où nous finançons les Jeux , le Pays comme l’Etat, nous demandons un peu plus de détails sur toute la partie de l’investissement. Le COPF est d’accord avec nous, il manque toute une partie expliquant le projet sociétal de la Polynésie Française concernant ces Jeux. »
 
Un texte de loi a été évoqué au sujet du développement du haut niveau ?
 
« Il y a eu en fin d’année dernière à l’assemblée une révision des textes qui régissent le sport de haut niveau en Polynésie Française. Le 23 mars, nous réunissons la commission sport de haut niveau qui ne s’était pas réunie depuis plus de deux ans. On a fait un toilettage, on a attribué une aide financière aux sportifs de haut niveau et une bourse. »
 
« On essaye de faire évoluer ces sportifs de haut niveau mais une question a été posée sur tous ces jeunes qui partent pour suivre une formation de haut niveau et qui malheureusement ne sont pas accompagnés financièrement. C’est une réflexion que nous souhaitons mener ensemble avec les fédérations afin d’aider les familles, pour participer à la reconnaissance de ces jeunes talents. »
 
Un dernier mot ?
 
« Je remercie toutes les fédérations présentes aujourd’hui, nous avons eu un débat franc et j’espère leur avoir communiqué tout mon optimisme pour l’avenir du sport en Polynésie. » propos recueillis par SB
 

Rédigé par SB le Dimanche 6 Mars 2016 à 11:20 | Lu 1720 fois