Le sénateur Tuheiava annonce l’intensification de son travail parlementaire


Le sénateur souverainiste Richard Tuheiava a évoqué jeudi 1er mars, les actions clés qu’il mène et souhaite accomplir au cours des deux années que lui réserve encore son mandat électif. Jeudi matin, une présentation à la presse s’est tenue sur la terrasse de l’hôtel Royal Tahitien, à Pirae.
Arrivé aux deux tiers de sa mandature, le jeune parlementaire polynésien annonce qu’il projette d’intensifier sa productivité législative et relationnelle, mettant à profit sa fonction. Il a évoqué des thèmes tels que : l’inscription transnationale du marae Taputapuatea au patrimoine mondial de l’UNESCO  ; un projet de loi sur la mobilité fonctionnelle des magistrats en Outre-mer ; la demande de révision du procès Pouvana a Oopa  ; un projet de loi organique concernant l’exploitation par le Pays de « matières premières stratégiques »   sous-marines (notamment terres rares et nodules polymétalliques) ; la mise en place d’une mission d’information sur la place des Zones économiques exploitables (ZEE) ultramarines françaises ; une mission d’information sur la cherté de la vie outre-mer.
« Tout ce que je souhaite », souligne Richard Tuheiava, «c’est que l’on ne puisse pas dire, concernant mon rôle au Parlement : Ce jeune polynésien, lorsqu’on lui a donné une chance d’œuvrer pour sa collectivité, il n’a rien fait ».
L’élu souverainiste n’a pas manqué d’évoquer souvent l’exemple de Pouvana a Oopa, son illustre prédécesseur au Sénat, de 1971 à sa mort en 1977. Au titre de la demande de révision de son procès, par souci de justice ; mais également au titre du combat politique qu’il a mené pour les polynésiens, en guise d’exemple. « Il faut que ce soit quelque chose qui donne un enseignement à la classe politique locale », a-t-il déclaré.  « De cette affaire d’Etat, il y a une leçon à tirer. Pas simplement pour la Polynésie d’hier ; mais pour celle de demain. Moi j’ai envie de m’inspirer, comme beaucoup d’autres, de cette vie politique. Et je passe d’ailleurs les paroles de sagesse que le Metua avait prononcées à son retour en parlant d’absence de rancune ou de haine ».
Elu le 21 septembre 2008 pour un mandat de six ans, Richard Tuheiava, 38 ans, est avec Gaston Flosse, l’un des deux sénateurs représentant la Polynésie, dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg à Paris.
 


Quelques mots :

Loi concernant la mobilité des magistrats : gage de probité et d’indépendance

« Je travail à partir du rapport de Patrick Karam (ancien délégué interministériel de l'égalité des chances des français de l'outre-mer, NDLR) sur l’égalité des chances qui a été rendu au ministère de la Justice en 2011, et qui avait détecté, sans appel, un dysfonctionnement des conditions d’accès des candidats magistrats ultramarins, dans leur propre outre-mer. On s’est aperçu alors que les chiffres étaient parlants et qu’on était finalement à moins de 1% (0.73%) de retour d’un magistrat ultramarin dans sa propre circonscription. Pourquoi ? Parce que d’abord, il n’y a pas assez de magistrats ultramarins ; mais aussi parce que les postes sont déjà bloqués, occupés par d’autres magistrats qui eux restent pour des durées qui dépassent l’entendement. C’est la raison pour laquelle, le deuxième volet de mon projet de loi consiste à réduire la durée de séjour professionnel de ces magistrats. Non pas pour dénoncer leur probité, mais au contraire pour leur donner plus d’indépendance. Et finalement poser un gage d’indépendance et d’impartialité qui ne souffrira plus de contestation. On l’a vu tout à l’heure, le procès Pouvana a Oopa n’est que le pâle exemple de ce que peut représenter, à une certaine époque, l’interférence entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire. En sachant qu’en Polynésie française nous n’avons pas la compétence judiciaire. Et ça c’est un problème aussi qui sera soulevé à New York. »
 
 
Révision du procès Pouvana a Oopa : l’appel du devoir


 « J’ai accepté la mission de la petite fille de Pouvana. Celle qui était là le jour de son interpellation. Elle m’a missionné par écrit pour me demander d’accepter de porter sa voix au plus haut niveau de l’Etat. C'est-à-dire auprès du chef de l’Etat, qui a annoncé le 3 février 2012 – un peu électoralement – qu’il ouvrirait les archives concernant Pouvana. J’ai accepté, ce sera une lourde responsabilité. J’irai rencontrer le Président de la République. Un rendez-vous a d’ailleurs déjà été demandé, nous attendons que l’on nous précise le jour et l’heure. Ce sera la semaine prochaine. »
 
Exploitation des terres rares : la retraite de nos enfants

Une loi organique, c'est-à-dire modifiant la constitution française, est nécessaire pour donner au Pays la compétence d’exploiter les fonds océaniques dans la ZEE. L'article 14 du statut de 2004 stipule dans un alinéa consacré à la Défense que les autorités de l'Etat « sont seules compétentes dans le champ des matières premières stratégiques telles qu'elles sont définies pour l'ensemble du territoire de la République, à l'exception des hydrocarbures liquides et gazeux »
« Je sais que la France n’acceptera jamais cela », précise Richard Tuheiava. « C’est un problème qui a trait à la raison d’Etat. On a déjà tenté de me dissuader de faire voter la loi concernant Moruroa et Fangataufa. Ce qui m’intéresse c’est la réaction et la réponse qui sera apporté à ma démarche. »
« Concernant la notion de ressources endogènes de la Polynésie française », s’insurge tout de même le sénateur.  « J’en ai assez d’entendre qu’il n’y a pas de ressource en Polynésie : que les ressources viennent d’ailleurs et que l’on ne peut pas vivre sans « ailleurs ».  La question que je me pose c’est : n’a-t-on jamais fait un travail d’inventaire de ces ressources ?  Je me suis aperçu en allant consulter les sources d’information auxquelles me donne accès mes fonctions de membre de la Commission des affaires étrangère du Sénat, vice-président de la Délégation à l’outre-mer du Sénat qu’il y a des pans entiers du corpus polynésien, en terme de ressources, qui n’ont jamais été avoués, jamais exploités, qui n’ont même jamais été dévoilés. Il ne s’agit pas d’aller titiller tel ou tel. Mon premier devoir est d’utiliser le temps qu’il reste de mon mandat parlementaire pour la Polynésie tout entière, au-delà des clivages. Et je ne vois personne, quelque soit sa sensibilité politique, qui soit capable de me dire que cette compétence en matière de d’exploitation des minerais et des fonds marins est inutile à la Polynésie et aux polynésiens.  (…) Ce que je souhaite surtout, c‘est d’envoyer un signal aux polynésiens, utilement : (…) qu’on se le dise, la Polynésie a les moyens de son indépendance. (…) Il s’agit de la retraite de nos enfants et de nos petits enfants. »

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 1 Mars 2012 à 16:09 | Lu 2014 fois